Nous vous proposons de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 2 Mai c’est la Sainte Ave
Eponyme de Sainte-Avoye en Pluneret (56), cette sainte aurait été l’une des compagnes de sainte Ursule. Jetée en prison par un chef barbare, elle aurait été décapitée à cause de sa vertu. Un ordre de religieuses placé sous son patronage s’était établi à Paris, dans le quartier du Temple, vers 1288. Il sera supprimé en 1790. Le diocèse de Vannes honorait la sainte le 2 mai.
Sainte Avoye :Un hameau qui invite à la balade
A vélo ou à pied, Sainte-Avoye est un vrai plaisir pour les amoureux de la nature et des vieilles pierres.
Sainte-Avoye, c’est d’abord une chapelle. Voire un chef d’œuvre sauvé de la foudre, in extremis ! Batie au cœur d’un village de longères et de chaumières en pierre, se trouve cet édifice religieux du XVIe siècle. La foudre tombée un jour de l’année 1937 n’a pas eu raison du chœur de la chapelle, restaurée par les artisans du pays d’Auray.
La chapelle seigneuriale fut construite par le comte de Lestrelin (ou Lesterlin) dès 1554. Haute et profonde, elle est divisée en deux parties, séparée par un Jubé d’époque. Le Jubé est une galerie portée par une clôture monumentale, qui sépare le chœur de la nef. Et également le Seigneur et sa famille de ses fidèles sujets. Celui de Sainte-Avoye est en bois de chêne polychrome. Il a été restauré en 1983 dans le respect des couleurs originelles. De leur côté, les fidèles voient les douze apôtres. Le Seigneur, lui, contemple Saint Fiacre, Saint Laurent et Saint Yves, ainsi que les sept vertus (foi, charité, espérance, tempérance, justice, prudence et force).
Témoin de cette période de privilèges, le banc seigneurial est toujours dans le chœur, portant les armoiries du comte : quatre canards dégradés lors de la Révolution. Près de l’autel se trouve aussi la chaise en bois du prêtre célébrant. Autre atout de cette chapelle morbihannaise : sa charpente du XVIe siècle en forme de carène de bateau retournée, et construite par des charpentiers de marins brestois.
En 1937, la foudre s’est abattue sur la chapelle. Celle-ci porte toujours les séquelles de ce triste jour, où le portail fut détruit. Raccourci, l’édifice montre au grand jour son plancher et le vide qui jadis constituait l’entrée de la chapelle. La charpente a partiellement été sauvée des flammes, ce qui explique la nudité des deux premières poutres transversales de la charpente. Les autres sont ornées de têtes de dragon sculptées dans le chêne. La date de ce désastre est inscrite dans la pierre, près de fissures stigmates de 1937.
Photo : DR
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