Le constat n’est pas nouveau : la toponymie bretonne et l’administration française ne sont pas les meilleures amies du monde.
À la fin de l’été 2019, une manifestation avait lieu à Telgruc-sur-Mer contre la pression que La Poste aurait exercée sur certains maires bretons pour qu’ils francisent les noms de leurs rues. Admettant alors que son système de traitement automatique du courrier éprouvait des difficultés avec certaines particularités de la langue bretonne, La Poste niait par la suite toute responsabilité dans cette affaire.
À l’époque, la polémique avait connu un certain écho médiatique, notamment après la lettre ouverte du président du Conseil régional de Bretagne (B4) Loïg Chesnais-Girard au PDG de La Poste.
Koun Breizh saisit l’UNESCO
Cinq ans plus tard, cette menace de voir disparaître les noms bretons des voies et autres lieux-dits au nom du formatage des adresses postales imposé par la loi n’a pas disparu.
Pour tenter d’y faire face, l’association Koun Breizh (« Souvenir breton ») a annoncé dans un communiqué publié le 20 avril qu’elle venait de saisir « l’UNESCO aux fins d’inscription de la toponymie en langue bretonne sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, en consultation avec l’Etat français signataire ».
Koun Breizh indique par ailleurs avoir adressé au préalable une lettre ouverte le 2 mars dernier à Loïg Chesnais-Girard. La missive ayant pour objectif « d’obtenir une forte réaction politique de sa part dans ce contexte difficile pour la sauvegarde de notre langue et de notre culture ». Une « forte réaction » qui semble se faire attendre…
toponymie bretonne et loi 3DS : Koun Breizh saisit l\’UNESCO https://t.co/4bDN3FJ8nY l’UNESCO devra instruire la demande et faire des vérif koun breizh demande un moratoire sur l’application de la loi 3DS toujours pas de réponse de @LoigCG à la lettre de koun breizh
— yvon OLLIVIER (@yvon_ollivier) April 20, 2024
Une situation « bien trop grave pour refuser d’agir »
Pour Koun Breizh, cette menace imminente sur la toponymie bretonne serait due à la mise en application de la loi 3DS (« différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification»), adoptée en février 2022.
En vertu de ce texte, les communes de moins de 2000 habitants « doivent dénommer les voies et les lieux-dits, donner un numéro à chaque usager et fournir l’adressage au format Base Adresse Locale dans la Base adresse nationale », précise le « Souvenir breton » dans son communiqué.
Avec l’aide de l’UNESCO, Koun Breizh espère parvenir à la suspension de l’application de la loi 3DS. Face au rouleau compresseur administratif français, l’association ne compte pas se résigner et rappelle que la situation est « bien trop grave pour refuser d’agir au motif que les communes sont en charge la dénomination de leurs rues et qu’elles appliquent la loi ».
Mettre les autorités françaises face à leurs contradictions
Par cette démarche, Koun Breizh souhaite aussi mettre les autorités françaises face à leurs contradictions en leur rappelant « leur engagement de protéger la diversité culturelle et le patrimoine immatériel conformément aux conventions ratifiées ».
Par ailleurs, l’association bretonne réclame la mise en œuvre d’un « moratoire sur l’application de la loi 3DS, le temps que l’on puisse dresser un bilan fiable et précis des atteintes infligés à notre toponymie bretonne millénaire ».
Enfin, comme indiqué au préalable, Koun Breizh a rappelé que le cas de Telgruc-sur-Mer était loin d’être isolé en Bretagne : « Depuis les années 1960, de nombreuses municipalités ont donné à de nouveaux quartiers construits à la campagne des noms en langue française correspondant à des animaux, à des arbres ou à des fleurs alors qu’il aurait été possible de respecter la toponymie en langue bretonne du lieu figurant sur l’ancien cadastre », explique l’association.
Avec des conséquences prévisibles : « Les habitants qui parlent de moins en moins le breton, ou les nouveaux arrivants retiennent naturellement le nom en langue française ».
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4 réponses à “Francisation de la toponymie bretonne : l’association Koun Breizh saisit l’UNESCO”
Le logiciel de la poste est nul car mal adapté: j’habite route de…suit le nom du village existant plus loin. Maintenant j’habite route…suivi immédiatement du nom du village : DE a disparu, c’est du charabia sans doute mis en place pour permettre un tri automatique du courrier plus rapide et plus performant. Bravo le modernisme.
Effectivement un numéro de maison m’a été attribué et cela est une vraie amélioration donc quand on veut (améliorer et simplifier) on peut.
Respect des noms de lieux bretons bien évidemment.
Est-ce que l’administration française peut comprendre que l’informatique française n’est pas le nec-plus ultra de l’organisation ? …et qu’elle doit sérieusement se remettre en question ? Il faut simplement mettre les informaticiens français ‘au pas’ et les obliger à modifier les programmes, codes ou logiçiels pour les rendre capables de comprendre toutes les langues du monde et leurs subtilités. Google ou Qwant sont d’une grande souplesse. Prenons modèle !
Pour prendre un exemple des insuffisances administratives françaises je signale un incident récent : Je cherchais sur internet un formulaire CERFA, annexe de déclaration de revenus. Sous le ‘millésime 2024’ je n’ai pas trouvé le formulaire souhaité, correspondant aux revenus de 2023, mais le formulaire correspondant aux revenus de 2022. J’ai dû aller au Centre des Impôts pour obtenir le bon formulaire papier de l’année. Désespérant !
Autre exemple des ravages de l’informatisation : la disparition des majuscules accentuées…
Elle font normalement partie de la langue française, mais les informaticiens en rendent la saisie impossible dans leurs champs. Mon nom de famille est ainsi systématiquement déformé.
Et je ne vous parle pas seulement du Ÿ, mais déjà tout bêtement du É…
Des noms stupides tels que croissant, croaz hent, ou bourg des comptes, bourg des combes, viennent de la francisation, mais la corruption peut être bretonne, plouneventer vient en fait de plou hent meur, paroisse de la grande route gallo romaine… Et l’aber wrac’h est en fait l’aber arc’h