Le 28 juin 2020, au second tour des élections municipales, la liste conduite par Nathalie Appéré (PS) – « Rassemblement de la gauche et des écologistes. Pour Rennes. Avec Nathalie Appéré » – l’avait emporté aisément avec 65,35 % des suffrages exprimés (en réalité, avec 23 000 voix sur 116 000 inscrits, elle ne représente pas la majorité des rennais, loin de là) ; cette liste était issue de la fusion de la liste que conduisait Nathalie Appéré au premier tour (« Pour Rennes avec Nathalie Appéré » – 32,78 %) et de celle dirigée par Matthieu Theurier (EELV) intitulée « Choisir l’écologie pour Rennes » (25,37 %). Grâce à cette victoire, Mme Appéré pouvait démarrer un second mandat de maire. Mais, dès le soir du premier tour, M. Theurier avait annoncé la couleur : « Les Rennaises et les Rennais nous ont donné le poids nécessaire pour pouvoir faire la transformation économique et sociale de notre territoire » (Ouest-France, lundi 16 mars 2020). Entre les deux tours, pour obtenir cette fusion, Mme Appéré avait été contrainte de faire des concessions ; ainsi elle renonçait à la construction d’un Zénith au parc-expo. Quant aux écolos, ils demeuraient hostiles à la proposition d’équiper la police municipale en pistolets à impulsion électrique.
Bien entendu, en cours de route, des divergences sont apparues. La dernière a concerné l’implantation d’une usine Safran à La Janais (Chartres-de-Bretagne) destinée à la fabrication d’aubages de turbines pour les avions civils et militaires. Deux cents emplois prévus. Tout commence mardi 17 février lorsque Mme Appéré, présidente de Rennes Métropole, annonce l’arrivée de Safran Aircraft Engines sur six hectares situés sur les anciens terrains de Stellantis ; l’avionneur construira un premier bâtiment de 10 000 m2. Réaction immédiate des écolos de la Ville et de Rennes Métropole : ils déclarent avoir « découvert mardi le projet d’implantation à la Janais d’une usine Safran pour la fabrication de pièces d’avion » L’acte d’accusation est sévère : « Armés des vieux logiciels productivistes du passé, les socialistes rennais reprennent à leur compte le greenwashing de Safran. Pourtant, les moteurs produits sur ce site fonctionneront bien à l’énergie fossile. Les économies d’énergie attendues seront absorbées par la croissance mondiale du trafic aérien à laquelle il est irresponsable de contribuer »
Le secret-Défense a bon dos
Il est évident que les écologistes ont été tenus à l’écart des négociations avec Safran. D’où une crise : « Cette annonce non concertée est une rupture de confiance et remet en cause une stratégie majoritairement adoptée par le conseil métropolitain », souligne Morvan Le Gentil, co-président du groupe écologiste et conseiller métropolitain. Même son de cloche avec Laurent Hamon, co-président du groupe écologiste et vice-président à la Métropole en charge des déchets : « Nous déplorons ce coup de force alors que d’autres solutions étaient à l’étude (…) Avec l’arrivée de Safran, la présidente de Rennes Métropole renonce à ses promesses et à ses ambitions. » (Ouest-France, Rennes, jeudi 29 février 2024) Un mois plus tard, lors d’une réunion de Rennes Métropole, Nathalie Appéré explique pourquoi elle n’a pas tenu ses alliés écologistes au courant des négociations avec Safran : « Non, toutes les décisions économiques ne peuvent pas se partager ». Quant à Sébastien Séméril, vice-président en charge de l’économie, il utilise un argument peu banal : « Quand vous négociez avec un groupe comme Safran, soumis au secret-Défense, vous êtes soumis à la plus grande confidentialité. » (Ouest-France, Rennes, vendredi 22 mars 2024). Pan sur la gueule des écolos qui réclamaient « un vrai débat de fond ».
Il y a donc de l’ambiance chez les élus rennais ; ça promet pour les élections municipales de 2026. Dès maintenant, Mme Appéré annonce la couleur. Avec Safran, « il y a eu un différend. Il faut l’assumer, le traiter. Mais je le redis clairement : chacun sait que dans le futur, je pourrais être amenée à refaire la même chose. » Afin que nul ne l’ignore, au journaliste qui lui pose la question, elle répond qu’elle a bien l’intention d’engager un troisième mandat : « Nous ne sommes pas encore dans le temps de la précampagne, même si ce temps viendra. Et même si mon envie de continuer à travailler et mon sentiment d’avoir encore beaucoup de choses à faire ne vous a pas échappé. » (Le Mensuel de Rennes, avril 2024). CQFD. Voilà un message clair pour les écologistes lesquels en ont gros sur la patate ; ils évoquent leur « stupeur » et voient même là un motif à « une rupture de confiance ». Pour eux, « cet épisode, c’est sûr, va laisser des traces. Mais dans ce genre d’histoire, c’est comme dans l’aviation : il faut savoir décoller. Mais il faut aussi savoir atterrir » (Ouest-France, Rennes, mercredi 13 mars 2024).
Bernard Morvan
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3 réponses à “Rennes : Nathalie Appéré (PS) sera candidate en 2026”
Alors les bretons toujours contents des gauchiasses?
on a les zélus qu’on mérite, élire des corrompus, etc.
Alors les français, toujours content des droitards ?