À peine trentenaire, fraîchement étoilé par le Guide Michelin, et déclaré futur grand chef de demain par le Gault & Millau, Mathieu Pérou a entrepris de faire de son nom une marque. Depuis son navire amiral sur les rives de l’Erdre, Le Manoir de la Régate, excellente table chroniquée par Breizh Info voici deux ans, il essaime vers le centre-ville de Nantes. Il a ouvert le Café des Expos face à la Cité des congrès. Et il signe la carte du Bateau-lavoir rénové qui vient de rouvrir sur le quai Ceineray, au pied du bâtiment herminé de la Chambre des comptes de Bretagne.
Le Café des Expos se veut une « néo-brasserie familiale ». L’appellation confine à l’oxymore, mais l’établissement s’attache à la justifier. Le long de la ligne du busway, à l’angle de l’avenue Carnot et de la rue de Jemmapes, il se signale par une vaste terrasse vitrée qui ne sera pas forcément un atout les jours de canicule. Le décor à dominante gris clair et brique est d’une modernité sans tape-à-l’œil. On s’y sent facilement à l’aise sur des sièges confortables.
Le menu entrée + plat + dessert est à 25 euros. D’emblée, le positionnement est clair : un tarif un peu au-dessus de la moyenne mais sans prétention stratosphérique. À 100 mètres vers l’Ouest, le menu du Café du Marché est à 20 euros. À 150 mètres vers l’Est, celui de la brasserie Félix à 30 euros (Félix, rappelons-le, est le petit frère de La Cigale et de L’Atlantide). L’endroit s’impose pour une échappée amicale entre congressistes ou un dîner léger d’avant-spectacle (servi à partir de 18h30).
Du côté de la carte des vins, la hauteur des prix l’emporte sur la largeur des références, moins d’une quarantaine. Pas de muscadet à moins de 37 euros, ce qui tend hélas à devenir la norme dans la restauration de qualité. Notre choix se porte sur un Comte Leloup Château de Chasseloir 2018 de Chéreau-Carré à 40 euros. Servi pas assez frais ? Les avis sont partagés. Les saveurs restent très typiques, mais on aimerait une pointe de vivacité supplémentaire. À la carte également, un Château de Chasseloir 1987 à 123 euros…
En entrée, les convives se partagent entre salade de moules, crème curry et asperges blanches, espuma burrata. Joliment présentés, les deux plats remportent une adhésion générale. Fraîcheur et saveur vont de pair, le craquant des dés de poivron donne la réplique à celui des moules (sauf pour le poivrophobe condamné à faire le tri dans l’assiette).
Côté plat, entre le poisson du jour – du lieu noir en l’occurrence – et la cuisse de volaille confite (il faudra parlementer pour savoir que cette « volaille » est du poulet), le combat est inégal : le poisson est plébiscité. Généreusement servi et parfaitement cuit, il est accompagné de purée de carotte, de mâche et de sarrasin : classique et efficace.
Rebelote au dessert : la rhubarbe confite l’emporte sans coup férir sur le riz au lait. Tout en fraîcheur et élégamment dressée, elle conclut parfaitement l’ensemble. Le café, quelconque, ne lui ajoute rien.
Le service est plus dans la gentillesse que dans le formalisme. Mais une gentillesse pleine de maturité, soucieuse du bien-être des convives. Ce traitement est pour beaucoup dans la bonne note de satisfaction générale !
Geo Le Ster
Crédit photo : Breizh-info.com
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2 réponses à “Café des Expos à Nantes : l’autre Pérou”
À Nantes,il y avait « La Crêperie jaune » dans les années 70. Très fréquentée par les étudiants car on pouvait outre le fait de pouvoir se restaurer à l’extérieur -les restaurants gastronomiques étant réservés à ceux qui ont la bourse pleine et qui en sortant de ces établissements, ont la bedaine pleine, plus lourde quand leurs bourses s’en trouvent’allégées-…un moyen de s’y sustenter à petit prix,d’un pavé de crêpes consistantes et de qualité…Un moment de convivialité que je ne saurai oublier.
Autre temps, Autre lieu, c’est toujours la même volonté de connaître autrui sans que cela nous soit imposé ; c’est une tolérance, une ouverture d’esprit envers qui en fait preuve aussi.
Ces souvenirs de ma vie estudiantine à Nantes sont quelque peu hors sujet. Je loue toute initiative qui rend abordable une sortie quand on n’a pas trop de moyens, et qui offre des moments de convivialité dont cette société moderne veut nous priver.
La prochaine fois que j’irai à Nantes,je ne manquerai pas d’aller 🕊 sur la péniche de Mathieu Pérou. C’est assez de naviguer par vents contraires sur La Nef des Fous 🎵 « The Ship of fouls » Les Doors