Elections Européennes 2024. RN, AfD….Assimilation versus Remigration

Ces dernières semaines, une confrontation entre le RN et l’AfD a secoué la sphère politique de la droite européenne sur fond de politique migratoire. Pour rappel, le RN et l’AfD sont alliés dans le même groupe européen, Identité et Démocratie (ID). Cette controverse trouve ses racines dans la politique allemande : en effet, plusieurs dirigeants de l’AfD et de l’aile droite de la CDU se sont réunis à Potsdam avec le militant identitaire Martin Sellner pour discuter d’un projet de « Remigration ». Marine Le pen s’est opposée publiquement à cette idée, demandant des clarifications à l’AfD. Le parti allemand a donné une réponse, d’abord par l’intermédiaire de Maximilian Krah, tête de liste pour les élections européennes, puis par l’intermédiaire d’Alice Weidel, codirigeante du parti. Au cœur de ce débat, deux lignes qui s’affrontent : Une ligne « assimilationniste », incarnée par le RN, et une ligne identitaire, incarnée par l’AfD. La réalité derrière les étiquettes « assimilationniste » et « remigrationiste » est complexe. C’est ce que nous allons développer.« 

Tout d’abord, Maximilian Krah écrit que « l’immigration doit être massivement limitée et surtout différenciée selon les régions d’origine ». Krah ne nie donc pas la réalité de l’intégration des étrangers dans un peuple. Néanmoins, selon lui, « l’expérience montre qu’il est difficile, voire pratiquement impossible, pour certains groupes d’immigrés de s’adapter à un environnement allemand et européen ». C’est donc dans ce contexte d’échec de l’intégration que s’inscrit la remigration. De plus, il s’agit d’un concept démocratique et non violent, selon les termes de Krah : « Ce ne sont pas les mesures policières qui conduisent à la remigration. « La remigration de ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas s’intégrer nécessite leur coopération », « pour cela, il faut mettre en place les bonnes incitations ». Pour lui, c’est d’abord l’acte d’un « peuple conscient de son identité », qui « impose avec confiance son ordre sur son propre territoire ». Deuxièmement, il s’agit aussi d’une transformation de l’Etat providence. Le député européen de l’AfD note que « l’État-providence actuel favorise l’immigration et entrave la remigration. Cela doit être fondamentalement corrigé ». Enfin, il s’agit aussi de collaborer avec des « investissements ciblés dans les pays d’origine ». Il s’agit de créer des accords financiers et diplomatiques avec les différents pays de retour.

Ensuite, pour Martin Sellner, les politiques d’identité et de migration doivent être liées. En effet, la part qu’un pays peut prendre dépend à la fois de sa vitalité identitaire et à la fois des paramètres socio-économiques. Aujourd’hui, l’Europe a perdu une grande partie de cette vitalité, rongé par l’ethnomasochisme. Alors, Sellner propose un système de quotas, comme les Etats-Unis avant le Hart-Celler Act. En effet, si l’on considère notre faiblesse identitaire et la force identitaires des autres, il faut évaluer la capacité des pays européens à accueillir des immigrés. De plus, la remigration s’inscrit dans un contexte juridique, économique, logistique et moral. Dans le contexte actuel, l’assimilation est impossible car la capacité d’intégration, tant socio-économique qu’ethnoculturelle, a été dépassée : les peuples d’Europe, surtout à l’Ouest, sont en train d’être remplacés. C’est mathématique. Pour Sellner, il faut trouver des moyens démocratiques pour maintenir la majorité autochtone.

Face à la remigration, Marine Le pen s’est donc opposée publiquement à cette idée. Bien que le RN s’oppose au droit du sol et souhaite expulser les étrangers délinquants, le RN refuse la rémigration par exemple, des citoyens non assimilés. Marine Le Pen trouve ce concept « totalement antirépublicain ». En effet, pour le RN, l’assimilation est une valeur fondamentale pour la préservation de l’identité nationale qui incarnerait, par le sens de l’acceuil, une constante d’acceptation des autres. Ici, il y a l’idée que la France a ce devoir d’accueil car elle incarnerait un idéal à la face du monde. L’assimilation favoriserait également l’égalité des chances, en offrant à tous les citoyens, peu importe l’origine, les mêmes opportunités pour réussir dans notre société. En définitive, l’assimilation est vu comme un pilier essentiel du vivre-ensemble et de l’unité nationale. Le Rassemblement National représente bien cette idée là, nous retrouvons en son sein à la fois des français de souche, à la fois des immigrés européens, et aussi des extra-européens, comme des noirs et des arabes, issus soit des anciennes colonies, soit des anciennes immigrations, et aussi des immigrations d’aujourd’hui et bientôt des immigrations de demain. Ainsi, la critique de l’immigration se fait en raison de sa masse, de son illégalité mais aussi sur la faiblesse actuelle de la France à assimiler. En effet, la France ne parvient pas à les intégrer, c’est à dire de faire en sorte que ces masses admirent et aiment la France. Partant de ce principe, le Rassemblement National souhaite diminuer l’immigration et engager une forte politique identitaire afin de pouvoir assimiler de nouveau.

La ligne assimilationniste est donc une vision étatiste de la nation. Un « stato-nationalisme ». Le RN incarne la défense du mythe national républicain et ne reconnaît que le peuple français, qui correspond simplement à un ensemble de personnes vivant sous une même administration. Par exemple, le RN nie la réalité de la Bretagne, de la Corse, de l’Alsace et de la Flandre en refusant la reconnaissance de leur peuple et en refusant une décentralisation. En effet, l’autonomie est perçue comme une atteinte à l’unité de la république. La ligne du « stato-nationalisme », teintée de mythe national, est une conception dépassée. Le parti est encore dans une position de soumission et d’excuse à l’égard de la gauche. Manifestement, en raison de son euro- et germanophobie, le parti français n’a jamais entendu parler de l’une des principales phrases de la droite allemande : « Wer sich distanziert, der hat schon verloren ». Cette phrase a de l’avenir tant que les Français s’accrocheront au mythe national universaliste, mais face à la réalité, les opinions changent.

Aujourd’hui, le débat politique est trop limité et il n’y a pas de réponse politique à ce problème majeur, sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Il faut prendre conscience des limites de l’immigration. La remigration n’est pas le rejet de la réalité humaine de l’assimilation, elle se fait dans un contexte individuel et non politique. Face à l’invasion migratoire actuelle, et le pire est à venir, le temps presse pour éviter notre disparition. L’assimilation qui tend à confondre citoyenneté et peuple, administration et nation, n’est pas la bonne. L’Europe ne peut pas intégrer les masses d’hier, d’aujourd’hui et de demain d’Afrique et du Moyen-Orient. Nous ne voulons pas être confondus avec les extrémistes, nous ne faisons que constater ce que nous voyons tous, et nous nous prononçons simplement pour une Europe européenne pour les 1000 ans à venir.

Matisse Royer

Crédit photo : DR
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7 réponses à “Elections Européennes 2024. RN, AfD….Assimilation versus Remigration”

  1. gautier dit :

    Pour moi, la première chose à faire est de ne plus donner d’aide aux nouveaux arrivants, au Portugal ils ne sont pas envahi ! ils ne donnent aucune aide aux migrants ! pas besoin de police aux frontières, ça se régule tout seul ! en plus les finance public retrouverons une embellie, tout confondu une dizaine de milliards par an ! plus d’insécurité, et enfin ! des logements libre pour les ménages Français! mais la Hyène de Bruxelles est là avec Davos, pour nous faire mordre les derniers croutons de pains ! dormez brave gens !!

  2. yeti59 dit :

    Cet article fait la confusion (soigneusement entretenue par E Zemmour) entre intégration et assimilation. L’assimilation, c’est le résultat du melting pot: mariages intercommunautaires, avec la condition sine qua non d’adopter la religion du pays d’accueil, ou a minima perdre la sienne. C’est ce qui a permis aux francs, aux normands de se fusionner en un seul peuple avec les gaulois et les romains. Les juifs, les musulmans, ne veulent pas s’assimiler. Si les juifs s’assimilaient ils disparaitraient en tant que peuple. La religion n’est pas le seul paramètre, il y a des paramètres culturels comme le nomadisme.(les roms les gitans sont chrétiens)

  3. voronine dit :

    lE PROBLEME de la droite française c’est marine LE PEN , qui tant sur le plan national qu’européen bouzille résolument et avec constance toutes les gens de la France. C EST UNE GAUCHISTE et son second , bardella ,est un clone de macron,

  4. françois THEOBALD dit :

    Je propose une règle toute simple pour réguler l’immigration : un principe d’équilibre des populations étrangères. La règle de balance serait la suivante : les populations étrangères doivent être équilibrées dans les pays d’accueil et dans les pays de départ. Par exemple pour chaque Sénégalais arrivant et restant en France, on doit trouver un Français arrivant et restant au Sénégal. Ceci oblige à des statistiques ethniques et un suivi des populations étrangères sur le long terme, le contraire de l’assimilation immédiate et de l’oubli. De plus il faudrait limiter le bénéfice des accords de Schengen aux Européens de souche.
    Il m’est arrivé de travailler dans des laboratoires de haute valeur stratégique en France et aux USA. L’espionnage technique et industriel était un souci légitime des autorités. Pour entrer dans ces laboratoires les conditions étaient nombreuses, connaissances (études) et compétence mais pas seulement. Questionnaire sur la race et sur les ancêtres (avec preuves à l’appui) parents et grands-parents; pays d’origine de ces ancêtres. Mais aussi parrainage (identité des parrains, fonctions de ces personnes etc…) Ces règles rappelaient la condition de quatre-quartiers de noblesse en vigueur sous l’ancien régime pour accéder à certaines fonctions.
    L’Ancien Régime était beaucoup plus soucieux du bien-être des populations vivant dans les provinces. Par exemple en période de disette alimentaire, les gouverneurs des provinces prenaient des dispositions interdisant les exportations de certains produits s d’une province à une autre. Ceci évitait la spéculation sur les vivres et freinait les conséquences de la disette (famines). Mais ceci nécessitait un contrôle aux frontières des provinces. Le contraire du globalisme !

  5. patphil dit :

    la pauvre petite samara qui s’assimilait a été sauvagement agressée par des voyous, la remigration est donc indispensable pour cette partie des immigrés qui ne connaissent que la caf

  6. François BLANC dit :

    pour ma part je me sens plus proche de l’Afd que de des gamelards sans convictions du RN

  7. vert dit :

    Une immigration temporaire de travail.
    Plus de contrat de travail ou des actes de délinquance…..ils repartent.
    Comme font la majorité des pays

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