À Pâques, de nombreuses traditions venant du fond des âges entourent l’équinoxe de printemps et sa promesse : la renaissance de la nature. Les œufs – emblème de fertilité – y sont donc naturellement à l’honneur, symbolisant ce renouveau… cyclique comme une sphère.
En France, nous connaissons bien la très attendue chasse aux œufs de Pâques, durant laquelle les plus petits, – mais les grands aussi ! – partent à la recherche des œufs en chocolat nichés dans les fougères ou dans l’herbe haute. De jolis petits œufs souvent décorés par leurs mains. Cette coutume d’offrir des œufs peints ou décorés, est très vivace dans les pays slaves, où ils sont magnifiquement représentatifs de la culture populaire, dite khokholoma, avec ses motifs floraux et géométriques.
Mais quand on est un des hommes les plus riches de la planète et que l’on veut faire plaisir à sa femme, il en faut peut-être plus. C’est ainsi que pour le jour de Pâques de l’année 1885, le tsar de toutes les Russies, Alexandre III commande à un joaillier, un œuf fait de métaux et de pierres précieuses, pour l’impératrice Marie Ferodovna. Ce faisant, il veut respecter la coutume populaire, tout en célébrant une date spéciale : vingt ans plus tôt, il se fiançait officiellement avec celle qui deviendra son épouse et qu’il aimait affectueusement.
Ce premier œuf se présente très simplement : une coquille émaillée de blanc mat, tel un œuf dur. Mais quand on l’ouvre, il révèle sa première surprise, un jaune d’œuf en or qui contient à son tour une petite figurine de poule en or. Cette dernière s’ouvre à son tour pour faire découvrir une minuscule réplique en diamants de la Couronne Impériale à l’intérieur de laquelle se trouve un petit pendentif, un œuf en rubis (ces deux éléments ont été perdu). Une imbrication qui reprend le jouet traditionnel russe des matriochkas, ces poupées en bois contenants plusieurs versions plus petites d’elles-mêmes.
L’impératrice est tellement enthousiaste de son cadeau que le tsar en commandera un nouveau chaque année, Pierre-Karl Fabergé est nommé « orfèvre à la couronne impériale ». Une tradition familiale est née, leur fils Nicolas II en offrira quant à lui deux chaque année : un pour sa mère et un pour sa femme. Elle perdurera jusqu’à la sombre année 1917.
Nés d’une histoire d’amour, les œufs viendront célébrer des événements familiaux ou historiques. Ils deviennent peu à peu de véritables joyaux, représentatifs de tout le savoir-faire et l’ingéniosité de son créateur. Fils d’un joaillier allemand de Saint-Pétersbourg d’ascendance française, Pierre-Karl Fabergé est un pur produit de l’excellence artistique de son époque : à l’âge de dix-huit ans, il réalise un Grand Tour d’Europe, dans le but de visiter les principales bijouteries d’Allemagne, de France et d’Angleterre ; il prend des cours dans plusieurs villes de renom, visite les musées du continent pour voir ce qu’il se fait de mieux. Et ceci est visible sur chacun de ses œufs, tous très différents les uns des autres, s’inspirant de courant artistiques divers : baroque, art nouveau, renaissance…
Réalisé en or, diamant et cristal de roche, l’œuf du tsarévitch, sûrement un des plus touchants et le plus cher au cœur de l’impératrice, représente l’état du ciel au moment de la naissance de leur fils. D’autres contiennent de complexes mécanismes. Tous sont des merveilles d’orfévrerie.
En tout, 54 œufs ont été fabriqués pour la famille impériale de Russie, six manquent à l’appel et sont ardemment cherchés et recherchés par des marchands d’œuvres d’art du monde entier, leur valeur étant inestimable. (17 autres ont été commandés par des clients privés.) Mais certains refont surfance, de façon inatendue, tel l’Œuf impérial, le troisième de la collection, dont on avait perdu la trace en 1964 et qui fut acheté par hasard pour son poids en or par un ferrailleur du Mid-West des États-Unis avant que ce dernier ne soit identifié sur une ancienne photo en 2012.
Ce qui fait le charme de ces objets de luxe, ce n’est donc pas seulement leur conception, mais aussi la chasse dont ils font, aujourd’hui encore, l’objet… Une belle et luxueuse chasse aux oeufs !
Audrey D’Aguanno
2 réponses à “Les œufs de Fabergé : une histoire d’amour pour Pâques”
Bonjour,
Attention, les oeufs ukrainiens sont peut-être piégés !
Cdt.
M.D
normal un tzar a les moyens ce qui est a noter c’est de faire un cadeau et tout a fait naturel que le créateur soit recompensé !!!
quand au fils QUOI DE PLUS NATUREL DE REPRENDRE LES IDEES GENEREUSES !!!
amities