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L’or des marées, fin de la série sur les goémoniers bretons (bande dessinée)

La série L’or des marées révèle la rudesse des métiers liés à la mer, au début du 20e siècle, sur les côtes bretonnes.

Yves Kerléo, gardien de phare depuis de nombreuses années, quitte son métier après avoir failli perdre la vie au milieu d’une mer déchaînée. Anne, sa fiancée, l’attend à terre. Il choisit alors de devenir paysan goémonier et de l’épouser. Il achète ainsi une ferme pour récolter le meilleur des goémons sur la petite île sauvage de Béniguet, au large du Conquet. Un riche industriel du Conquet, Eugène Lemarchand, va accélérer son projet afin d’améliorer le commerce de l’iode. Mais la nouvelle vie d’Yves Kerléo risque de s’effondrer s’il se laisse guider par ses sentiments. En effet, avant d’épouser Yves, Anne était fiancée à un officier de Marine, François, lequel devient le mari d’Estelle, propre fille d’Eugène Lemarchand. Mais celle-ci se sent attirée, à son tour, par Yves.

Dans le tome 2, avec le soutien d’Eugène Lemarchand, Yves négocie le rachat de la ferme de son voisin pour étendre son activité. Il cherche même à rallier les goémoniers de la côte nord. Son épouse Anne lui annonce qu’elle est enceinte. Le destin semble alors sourire à Yves. Mais la bonne nouvelle est ternie par la querelle qui oppose les deux frères de son épouse, les géants Yann et Cheun, amoureux de la même femme, la propre sœur d’Yves. Yves rencontre de nouveau la belle Estelle, fille d’Eugène Lemarchand, dont il a déjà repoussé les avances. Celle-ci va bientôt se marier avec François, qui dirige l’usine familiale. Mais, un soir, Yves cède aux avances d’Estelle…

Le tome 3 se déroule en 1899. Yves et Yann s’installent sur l’île de Quéménès, à 9 kilomètres des terres, pour poursuivre leur exploitation du goémon, qu’ils revendent pour fabriquer des pains de soude. Mais leurs méthodes de travail sont obsolètes. Sur le continent, les nouvelles ne sont pas bonnes : des insurrections voient le jour. Yves commence à douter de la fidélité de sa femme, pourtant éprise de lui.

Le quatrième et dernier tome se déroule en mai 1903. Des alchimistes transforment maintenant le goémon en iode pour l’utiliser en médecine comme agent antiseptique ou bien dans la photographie. Au bord de la ruine, Yves pense que le salut financier peut résulter de l’acquisition par adjudication puis du renflouement du Vesper, un cargo récemment échoué sur les récifs au large de Bannalec, dont les cales sont pleines de grands crus et de porto. Mais Félix, le fils d’Eugène Lemarchand, compte récupérer l’entreprise familiale par tous les moyens…

Après l’adaptation de plusieurs textes d’Anatole Le Braz et d’un roman historique du nantais Jean-Claude Boulard pour réaliser les Chasseurs d’Écume, le scénariste François Debois s’inspire du roman de Joël Raguénès, Le Pain de la mer. Les romans de cet écrivain régionaliste né au Conquet se situent souvent dans la Bretagne du début du 20e siècle. Il connaît bien le sujet, puisqu’il est issu d’une famille qui exploitait le goémon à Quéménès.

François Debois décrit ainsi fidèlement les conditions de vie des goémoniers au début du 20e siècle. On découvre la culture du goémon. Ces algues, une fois cueillies, séchées et brûlées dans des fours en pierre, se transformaient en soude. En effet, à cette époque, l’algue devient une matière première fort prisée, utilisée en médecine et dans la photographie. Recherchant la véracité, François Debois choisit de faire parler en breton les goémoniers de Béniguet. Le scenario insiste également sur le poids des barrières sociales. Certes, même si les personnages sont attachants, son histoire multipliant les relations amoureuses semble un peu trop romancée. Mais c’est sans doute nécessaire pour développer une intrigue sur plusieurs tomes.

Le dessinateur Serge Fino, connu pour Quand souffle le vent des îles (Ed. Soleil) et Le finistère une histoire entre terre et mer (Ed. du Signe), ainsi que ses séries Chasseurs d’Écume (Ed. Glénat) et Seul au Monde (Ed. Glénat), consacrée au Vendée Globe, devient ainsi l’un des spécialistes de la bande dessinée maritime et bretonne. Il croque avec réalisme, par un trait fin et élégant, la mer et les côtes bretonnes. Il peaufine chaque détail, les costumes, les bateaux, l’architecture des maisons… Ses scènes marines de tempête, autour du phare, sont sublimes. Il nous fait prendre conscience que ses personnages souffrent de la rudesse de la vie en Bretagne au début du siècle dernier.

Les planches en couleur directe retranscrivent avec finesse les paysages bretons.

Ainsi s’achève L’or des marées, bande dessinée ethnographique sur les goémoniers bretons.

Kristol Séhec

L’or des marées, 4 tomes, 48 pages et 14,50 euros chacun. Editions Glénat.

Illustrations : DR
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