Grâce à un accord électoral favorable avec les Verts, l’UDB était riche d’une députée européenne : Lydie Massard. Mais, en 2024, il faudra se contenter du Parti radical de gauche.
Aux élections européennes de mai 2019, Europe Ecologie les Verts avait fait alliance avec Régions et peuples solidaires (regroupement de plusieurs partis régionalistes dont l’UDB). C’est ainsi que Lydie Massard (UDB) s’était retrouvée à la quatorzième place de la « liste Europe écologie » conduite par Yannick Jadot. Et, en septembre 2023, à l’occasion des élections sénatoriales, Jadot, jouant la sécurité, s’était réfugié au Palais du Luxembourg. De ce fait, il abandonnait son mandat de « représentant au Parlement européen », ce qui permit à Lydie Massard de devenir député européen. Notons que sur les 34 listes de 2019, seules six obtinrent des sièges : Rassemblement national (23,3 %), LRM (22,4 %), EELV (13,5 % – 13 élus), LR (8,5 %), LFI (6,3 %), PS (6,2 %). En effet l’article 3 de la loi n°77-729 du 7 juillet 1977 stipule que « l’élection a lieu au scrutin de liste à la représentation proportionnelle, sans panachage ni vote préférentiel. Les sièges sont répartis entre les listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne (…) Les sièges sont attribués aux candidats d’après l’ordre de présentation sur chaque liste. »
On notera que, si la liste « Europe écologie » obtient 13,5 % des suffrages exprimés à l’échelon national, elle grimpe à 16,96 % en Bretagne (5) ; il y a donc eu un coup de pouce « régionaliste » que pouvait apporter l’image de l’UDB. Mais l’alliance Les Ecologistes-Régions et peuples solidaires n’a pas été reconduite cette année. Les dirigeants écologistes et Marie Toussaint ont sans doute estimé qu’avec des intentions de vote à 8,5 % (Ipsos, Le Monde, mardi 12 mars 2024), il n’était pas utile de partager en donnant des places – éligibles ou pas – à des alliés. Exit les régionalistes. De ce fait, il fallait chercher ailleurs le gîte et le couvert. Les orphelins de l’UDB ont trouvé un autre orphelin en la personne de Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche, qui ambitionnait de présenter une liste « centre-gauche » (0,5 % des intentions de vote, Elabe, La Tribune Dimanche 10 mars 2024). D’où la constitution d’une liste « Europe Territoires Ecologie » dirigée par Guillaume Lacroix qui regroupe le PRG et quatre petites formations politiques ; en deuxième position, on trouve Lydie Massard (UDB) qui représente Régions et peuples solidaires (Le Télégramme, Bretagne, lundi 18 mars 2024).
La politique c’est d’abord une affaire d’argent
Cette alliance de circonstance mérite quelques observations. En effet l’affaire ressemble au mariage de la carpe et du lapin. D’abord le PRG possède la réputation d’être composé de jacobins furieux (en général des francs-maçons ++ tendance Grand Orient) ; alors que l’UDB rassemble des régionalistes. Ensuite une campagne européenne entraîne des frais dont le remboursement est précisé par l’article 18 de la loi n°77-729 du 7 juillet 1977 : « Il est remboursé aux listes de candidats ayant obtenu au moins 3 % des suffrages exprimés le coût du papier, l’impression des bulletins de vote, affiches, circulaires ainsi que les frais d’affichage ». Dans ces conditions qui paiera les factures d’une liste qui n’obtiendra pas ces fameux 3 % ? La question se pose dès maintenant car les sondages portant sur les intentions de vote ne sont pas encourageants : 0,5 % pour la liste du PRG (Ipsos avec un échantillon représentatif de 11 770 personnes, Le Monde, mardi 12 mars 2024). Or les militants de l’UDB ne sont pas millionnaires… A coup sûr, Lacroix n’est pas homme à s’embarquer sans biscuits ; il possède évidemment des « réseaux» qui lui permettront de faire face.
On peut regretter que Lydie Massard ne puisse pas poursuivre son action au Parlement européen ; il est en effet rare de voir une femme appartenant aux classes populaires devenir parlementaire. Mme Massard était en effet cuisinière au lycée Le Blavet de Pontivy. « Mon engagement politique a commencé comme bénévole active au sein d’associations, notamment Skol Diwan Pondi et Skol Gouren Pondi. J’ai rapidement constaté que les enjeux associatifs auxquels je m’intéressais se heurtaient souvent à des décisions et blocages politiques. Cela a coïncidé avec ma rencontre avec Françoise Ramel, responsable de la section Pondi Pourlet de l’UDB. Elle m’a persuadé de rejoindre le parti », raconte-t-elle (Le Peuple breton, octobre 2023)
Des députés qui appartiennent aux milieux populaires, c’est rare. On l’a vu avec ceux qui représentaient le tiers état lors des Etats généraux de 1789. La Bretagne envoie quarante-quatre députés du tiers à Versailles. Trente et un sont des bourgeois urbains, essentiellement des juristes (avocats, juges ou procureurs). « Les autres professions représentées étant armateurs ou négociants (sept), propriétaires terriens (deux), médecin et officier (un seul chacun). » Deux qui se déclarent paysans exploitent de grands domaines agricoles (Guillaume Le Lay de Guingamp et Corentin Le Floc’h d’Hennebont). « Reste donc le seul “vrai“ paysan breton qui participera aux débats du tiers état : le célèbre “père Gérard“ ». Ce dernier est cultivateur à Montgermont (près de Rennes) ; comme il est le seul Breton à être habillé en paysan, il est moqué par ses “collègues“ (d’après Maiwenn Raynaudon-Kerzerho et Didier Le Corre, La Bretagne contre la Révolution ?, Editions blanc et noir).
Bernard Morvan
Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
2 réponses à “UDB : Impossible d’avoir un député européen en 2024…”
Lydie Massard est-elle venue siéger habillée en Bécassine à Bruxelles ? Au moins au aurait citer son nom sur les grands medias nationaux…
UDB/PRG, alliance improbable de la carpe et du lapin !