A la suite de l’assassinat d’un ami médecin, un célèbre avocat, grand orateur, va se lancer dans une enquête riche en rebondissements afin de disculper le fils de la victime.
Rome, IIe siècle après J.-C. Lors de la Fête des Lupercales, des prêtres s’aspergent du sang d’un chien et d’une chèvre qui viennent d’être sacrifiés, puis déambulent dans les rues, un fouet à la main, cherchant à purifier les femmes afin d’améliorer leur fertilité. Edilus, médecin le plus respecté de la communauté grecque, assiste à ce spectacle. Il arpente la voie appienne afin de rendre visite à Marcus Cornelius Florens, célèbre avocat et grand orateur. Il a besoin de son assistance car il souhaite déshériter ou même tuer son fils Alexandros, au motif que son refus de devenir médecin dans les Légions empêche cette famille grecque d’accéder à la citoyenneté romaine. Marcus décline cette proposition car elle n’est pas à la hauteur de son talent.
Mais deux jours plus tard, on annonce à Florens qu’Edilus vient d’être sauvagement assassiné. Tout porte à croire qu’Alexandros est l’auteur de ce parricide infâme. Sans témoins ni alibi, Alexandros est promis à un procès expéditif. Selon les lois romaines, il encourt la peine capitale. Mais intéressé par cette mystérieuse affaire, répondant aux supplications d’Hipatia, la veuve d’Edilus, Florens sort de sa retraite pour défendre le jeune homme. Le procès approche. Marcus va déployer tout son talent lors d’une joute oratoire où la vérité compte moins que l’art de discourir…
Cet album, signé par un duo de scénaristes italiens, Luca Blengino et David Goy, offre une enquête criminelle captivante sous Marc Aurèle. Ces deux scénaristes avaient déjà bâti ensemble des scenarios de bandes dessinées sur Mussolini en 2022 (déjà chroniquée sur Breizh-info) et Little Big Horn en 2023. Luca Blengino connait bien l’antiquité romaine puisqu’il a réalisé les sept tomes de la série Les 7 merveilles ainsi que, dans la collection Les reines de sang, les trois tomes intitulés Les trois Julia.
La reconstitution de cette époque est convaincante. Les scénaristes commencent en effet leur récit par Les Lupercales, des fêtes annuelles de purification, en février, près d’une grotte nommée le Lupercal située au pied du mont Palatin, en l’honneur de Faunus, dieu de la forêt et des troupeaux. Puis ils exposent le terrible châtiment prévu en cas de parricide, crime suprême.
On découvre que l’art oratoire occupe à Rome une place importante. Dans cette bande dessinée, l’avocat ne se contente pas de mener une enquête inspirée. Son éloquence nous offre des joutes oratoires croustillantes et même surprenantes.
D’autres thèmes très intéressants sont également évoqués, comme le désir d’intégration des Grecs et l’implantation du christianisme.
Le dessinateur italien Antonio Palma, né en 1984 en Sicile, a reçu une formation aux académies des Beaux-arts de Milan puis de Rome. C’est son intérêt pour le visage humain qui l’incite à se lancer dans la photo, la peinture mais aussi la bande dessinée. Il rencontre Luca Blengino au Festival d’Angoulême, en 2009. Le scénariste lui propose alors de dessiner son diptyque L’Astrolabe de glace, dont le premier tome paraît en 2011. Puis encore avec Blengino, Antonio Palma se consacre à l’antiquité grecque, en dessinant des albums consacrés à Alexandre le Grand (Série Ils ont fait l’Histoire, tome 27) et Le colosse de Rhodes (Collection Les 7 merveilles, tome 7).
Son dessin réaliste présente Rome à l’époque de Marc Aurèle. Il insiste sur l’expressivité des visages pour mieux mettre en évidence les pensées des différents personnages.
Avec toutes ses qualités, on souhaiterait que cet album devienne une série.
Kristol Séhec
L’orateur. 77 pages. 16,95 euros. Editions Glénat.
Illustrations : DR
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