Les huit premières arrivées de Paris-Nice à Sisteron avaient vu les victoires de coureurs échappés, de Laurent Jalabert en 1999 à Jérôme Cousin en 2018, mais la tradition n’a pas été respectée cette fois-ci. Le peloton a rapidement affiché ses intentions de contrôler les attaquants du jour, et la pression des équipes de sprinteurs s’est encore accentuée lorsque le groupe a été renforcé par deux rouleurs supplémentaires.
Dans le final, la préparation du sprint a été largement orchestrée par les Lidl-Trek et les Groupama-FDJ. Mais c’est finalement Olav Kooij qui s’est montré le plus puissant et agile dans la dernière ligne droite, pour devancer Mads Pedersen exactement comme il l’avait fait en ouverture de la Course au soleil aux Mureaux. Le sprinteur de Visma Lease a bike signe au total son troisième succès sur l’épreuve, tandis que Mads Pedersen doit se consoler avec la conquête du maillot vert que Laurence Pithie, 8e, n’a pas réussi à défendre.
La rumeur courait à la veille de la course que Jonathan Milan était venu à ce Tirreno-Adriatico avec un nœud à dénouer : comprendre et tester son niveau. Après son exploit au Giro d’Italia l’année dernière, avec une victoire d’étape et le Maglia Ciclamino, le coureur de Lidl-Trek était appelé à confirmer ses ambitions de sprinteur. Sa victoire à Giulianova est sa deuxième de la saison, après avoir ouvert son compteur à la Volta a la Comunitat Valenciana le mois dernier.
Si dans cette dernière, la concurrence était plutôt limitée, dans cette Course des Deux Mers, il se confronte à la crème de la crème des roues rapides, le contexte idéal pour mettre à l’épreuve sa progression. Et quel retour remarquable il se donne à lui-même et à l’équipe, non seulement en raison de la magistrale victoire d’étape d’aujourd’hui, devançant Jasper Philipsen sur la ligne d’arrivée à Giulianova, mais aussi pour la façon dont l’Italien a interprété et abordé toutes les étapes précédentes.
Tout comme nous avons loué à juste titre Philipsen comme le meilleur sprinter du monde, nous devrions célébrer avec autant de véhémence Milan comme étant probablement le plus grand talent de sprinteur qui soit. Jonny a pris la roue du Belge et l’a dépassé dans les 50 derniers mètres, le battant d’une demi-longueur de vélo alors qu’il était encore assis sur la selle. Cela nous dit une chose : Jonathan Milan, originaire de Buja, dans la province d’Udine, est l’un des meilleurs sprinteurs au monde.
Le qualifier de simple sprinter serait toutefois réducteur. Les deux derniers sprints, en effet, ont été loin d’être faciles à interpréter en raison d’arrivées quelque peu délicates, la route ne cessant de s’élever. On a vu Tim Merlier, Caleb Ewan et Mark Cavendish, entre autres, se faire lâcher, alors que Milan était invariablement là pour se battre pour la gloire. Hier, il n’a pas réussi à rattraper Phil Bauhaus, aujourd’hui il l’a fait à la perfection et a dépassé Philipsen lui-même. Demain, il profitera d’une journée dans la Maglia Azzurra (qu’il perdra probablement à la fin de l’étape), mais quelle que soit l’issue de ce Tirreno-Adriatico, il rentrera chez lui avec une nouvelle conscience, qu’il ne manquera pas de mettre à profit dans les prochaines épreuves, pour notre plus grand plaisir.
Aujourd’hui, Jonas Abrahamsen (Uno-X Mobility), seul survivant d’une échappée de six coureurs, mérite également une mention spéciale. Après 205 km de course, le Norvégien avait encore assez d’énergie pour tenter un dernier effort dans le dernier kilomètre. Il a été privé de la joie de la victoire par 40 mètres impitoyables, mais pour ce qu’il vaut, remercions-le d’avoir rendu ce final encore plus électrisant.
Photo : DR
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