La situation ne s’arrange pas pour la macronie. Les sondages se suivent et l’écart de dix points entre la liste de Jordan Bardella (RN) et celle de la majorité présidentielle (Valérie Hayer) se maintient ; les intentions de vote ne bougent pas malgré les opérations menées par Emmanuel Macron : 30 % pour le premier, 19 % pour la liste Renaissance-MoDem-Horizons, 11 % pour Raphaël Glucksmann (PS), 8,5 % pour Marie Toussaint (écologistes) et 6 % pour Manon Aubry (LFI). C’est ce que montre le sondage Odoxa-Mascaret (Presse Océan, mardi 27 février 2024).
Cette situation a donc amené Emmanuel Macron à chercher la « perle rare » capable de remontrer ce courant défavorable. Il a évidemment pensé à Jean-Yves Le Drian. « Ces dernières semaines, l’ancien ministre des Affaires étrangères représentait à ses yeux la meilleure option pour mener la bataille du 9 juin. Face à des têtes de liste issues de la nouvelle génération (Jordan Bardella, Raphaël Glucksmann, François-Xavier Bellamy, Marion Maréchal), Jean-Yves Le Drian incarnait l’expérience. C’était aussi un Breton. Or la Bretagne sera l’une des clés du scrutin. Dans ce qui était jusqu’à présent une zone de force, la Macronie est menacée de pertes sur son flanc gauche. Depuis des semaines, le chef de l’Etat porte sur elle une attention particulière. Avant Noël, lors d’un Conseil des ministres, il avait alerté ses troupes : « En Bretagne et dans les Hauts-de-France, on joue gros. Il y a eu de très gros sinistres dus aux intempéries ces dernières semaines. Si nous sommes nuls sur les réparations et les indemnisations, on le paiera cash aux européennes. »
Un marchand d’armes qui connaît tout le monde
« Comme le Président, François Bayrou était également convaincu que Jean-Yves Le Drian était la meilleure carte dont disposait dans son jeu la majorité. « Dans un temps où l’on parle de paix ou de guerre, il faut une parole lourde, estimait-il. C’est une personne indiquée pour faire cela. » . Le patron du Modem a rencontré l’ancien ministre des Affaires étrangères pour essayer de le persuader de s’engager. Richard Ferrand l’a également vu. Cet autre Breton était un des émissaires du Président. Mais face à eux, Jean-Yves Le Drian n’a rien voulu entendre. Lundi [19 février], c’est à Emmanuel Macron qu’il a dit non. A 76 ans, il lui a expliqué qu’il était trop âgé pour un tel combat. Retiré de la vie politique depuis deux ans, il lui a également assuré craindre de ne plus être suffisamment affûté sur tous les sujets. L’ancien locataire du Quai d’Orsay a néanmoins accepté de jouer un rôle de premier plan dans la campagne. » (La Tribune Dimanche, 25 février 2024
Certes, la notoriété et la popularité de Le Drian demeurent, mais son poids politique en 2024 n’est plus ce qu’il était. Pendant le mandat de François Hollande (2012-2017), il était à la fois ministre de la Défense nationale et président de la Région Bretagne. Il faisait alors la pluie et le beau temps aussi bien à Rennes qu’à Paris. Changement de programme avec l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée : on oblige Le Drian à quitter la Défense nationale pour les Affaires étrangères – « A prendre ou à laisser », lui dit-on. Il est également contraint d’abandonner la présidence du conseil régional. En 2022, avec le second mandat de Macron, il n’est pas certain que le Président lui ait proposé de conserver son maroquin. Pour toutes ces raisons, Le Drian peut considérer ne pas avoir à faire de cadeau au Président. « Ne plus être suffisamment affûté sur tous les sujets » relève évidemment du prétexte. En tant qu’ancien ministre de la Défense nationale et des Affaires étrangères, il est celui qui connaît le mieux les dossiers. Tous les gouvernements d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe l’ont fréquenté. Il leur a forcément vendu quelque chose : armes, avions, bateaux… Verrons-nous Le Drian en meeting à Brest, Nantes ou Rennes ? Prière de ne pas oublier Lorient.
B. Morvan
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3 réponses à “Européennes. Le Drian va jouer un rôle de premier plan dans la campagne”
Et Macron qui promettait de faire oublier la vieille politique, et les politiciens comme le drian qui représentent les figures de proues de celle-ci. Ben voyons !
le panier de crabe est en marche, la gamelle trop bonne
LREM et RN : les deux faces de la même médaille : que ce soit sur l’Ukraine, l’UE, les « mesures » contre-sanitaires expérimentées pendant le Covid, ils sont tous alignés. Ne comptez ni sur les uns, ni sur les autres pour changer quoi que ce soit à la situation chaotique actuelle. Voyez les vignerons espagnols vidanger les camions important notre vin et les agriculteurs français vider les camions espagnols de fruits et légumes : voilà où nous en sommes rendus, en application des dogmes européens de « libre circulation des biens, des personnes et des capitaux » et de « concurrence libre et non faussée ». C’est très beau sur le papier, mais le réel nous rattrape pour démontrer que ça ne marche pas, sauf à instituer une dictature qui mette tout le monde au pas … ce vers quoi nous tendons peut-être. En attendant, des gogos vont vous chanter la ritournelle, maintenant bien connue : « changer l’Europe » ; « si l’Europe ne marche pas, c’est qu’il faut plus d’Europe » …… On connaît la chanson, comme dit l’autre !