Maximilian Krah est député européen allemand de l’AfD depuis 2019, et conduira la liste de son parti lors des prochaines européennes de juin 2024. Auteur d’un ouvrage récemment traduit en français (qui peut être commandé ici), et a récemment donné un entretien à Breizh-Info.com.
Nous publions aujourd’hui la traduction d’un autre entretien avec Maximilian Krah, publié sur le média hongrois Magyar Jelen, dans lequel il évoque des sujets très différents mais complémentaires de ceux de notre entretien.
Magyar Jelen : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Maximilian Krah : Je suis actuellement eurodéputé depuis 2019 et je suis aujourd’hui la tête de liste de l’AfD pour les européennes de juin 2024. J’ai grandi en Allemagne de l’Est, donc d’une part je sais encore ce que signifie le communisme, et d’autre part j’ai été protégé de la société de consommation occidentale. J’ai grandi en tant que catholique dans un État athée. L’Allemagne de l’Est comptait une minorité catholique de 5 %, je sais donc ce que cela signifie de rester ferme dans ses croyances et ses principes lorsque tout le monde vous dit le contraire.
Je suis assez âgé [Maximilian Krah est né en 1977, ndlr] pour me souvenir de la révolution de 1989, et je sais donc qu’une minorité peut gagner très rapidement si les temps changent, et nous nous trouvons à nouveau dans une situation où les temps changent. J’ai vécu la réunification de l’Allemagne avec ma famille, et nous avons réussi, donc je ne suis pas du genre à être toujours dans l’opposition. Je suis dans l’opposition dans les situations qui vont à l’encontre de mes principes fondamentaux, mais je me réjouis des situations positives.
J’ai reçu une formation solide. Je suis titulaire d’un doctorat en droit obtenu en Allemagne, où j’ai exercé la profession d’avocat. J’ai également obtenu un MBA à l’université Columbia de New York et à la London Business School. J’ai donc reçu la meilleure éducation possible à l’époque, et j’apporte ces connaissances en politique. Dans ma vie privée, je suis veuf, et je sais donc ce que cela signifie de subir des pertes. Ma situation personnelle est semblable à celle de nombreuses personnes : il y a du bonheur et des peines.
Je ne suis pas un saint, mais j’aimerais au moins l’être. Je suis le père de huit enfants. Et si je ne suis pas le membre le plus saint du Parlement européen, j’essaie au moins d’assister à la Messe en latin, parce que je pense que c’est un pont vers notre vieille tradition européenne.
Vous voyez, je suis un homme à part entière, et les positions politiques que j’occupe reflètent ma volonté d’être un penseur indépendant basé sur des valeurs, des principes et des idées. Je fais des erreurs, mais je crois au moins que ce sont des erreurs intelligentes.
De façon globale, je pense que le moment est venu pour un nouveau mouvement de droite dans toute l’Europe, et j’en fais partie. Que peut-on attendre d’une droite allemande lors des élections européennes ? La réponse est que nous pensons que seule la droite a les bonnes réponses aux problèmes auxquels tous les Européens sont confrontés aujourd’hui. La politique en Europe aujourd’hui est un débat sans fin entre la gauche et le centre libéral. Le résultat de ce débat est la situation misérable que nous connaissons. Essayons donc la droite!
Lorsqu’on me demande quel est l’évolution la plus significative dans le monde aujourd’hui, je réponds que c’est la montée en puissance du Sud global. Les Européens doivent apprendre qu’ils ne sont plus le centre du monde. D’autres parties du monde se développent. Ce que je dis, c’est que c’est quelque chose d’inévitable. Nous ne devrions pas le traiter comme une menace. Nous ne devrions pas le considérer comme un danger. Nous devrions le voir comme quelque chose qui se produit, aussi naturellement que lorsqu’il fait froid en hiver, et nous devons réagir. Le seul mouvement politique qui souhaite réagir de manière positive est la droite politique.
Nous disons donc qu’au fur et à mesure qu’ils grandissent, nous devons les accepter. Nous devons négocier avec eux. Nous devons cesser de faire la guerre au monde entier. Nous devons commercer avec eux au lieu de leur imposer des sanctions. Si nous sommes prêts à faire cela – si nous ne craignons pas l’avenir, mais l’embrassons – alors nous aurons une bonne chance d’avoir à nouveau une Europe qui est sur un bon pied.
Voici la première chose que vous devez savoir sur moi : je suis un homme de droite optimiste. Je suis un homme de droite qui se tourne vers l’avenir. Ma droite n’est pas une droite nostalgique du passé et tournée vers le passé. J’essaie d’anticiper les évolutions qui se présentent à nous et d’en tirer le meilleur parti. Cette approche consiste à regarder l’avenir avec optimisme, à aimer nos concitoyens et à vouloir ce qu’il y a de mieux pour eux, et ce sur la base solide de la tradition européenne et de l’éducation classique. Je pense que cette combinaison est unique à la droite. C’est ce que je veux apporter au Parlement européen. Et je suis suffisamment sûr de moi pour dire que c’est exactement ce dont l’Europe a besoin, et que j’ai un argument de vente unique à cet égard.
Magyar Jelen : Vous avez dit que vous n’avez pas toujours fait partie de l’opposition. Si je me souviens bien de votre livre, vous mentionnez que vous avez été membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU).
Maximilian Krah: Oui, j’étais un chrétien-démocrate. Lorsque la réunification a eu lieu, les chrétiens-démocrates ont été le parti qui l’a apportée. Tout mon entourage, à Dresde, a rejoint les chrétiens-démocrates. Aujourd’hui, quand je regarde en arrière, je me demande si nous n’avions pas mal compris ce que les chrétiens-démocrates ont toujours été.
Je me souviens d’une anecdote qui remonte à l’époque où j’étais étudiant en droit. J’ai rencontré un professeur de droit – Il était de gauche – qui m’a dit : « M. Krah, je ne voterai jamais pour les chrétiens-démocrates. Mais savez-vous pourquoi je les aime ? ». J’ai dit non, et il m’a répondu : « Parce qu’ils neutralisent les gens comme vous. »
Cette déclaration m’a mis en colère, mais malheureusement, il avait tout à fait raison. Les centristes, les chrétiens-démocrates, ont toujours neutralisé les vrais conservateurs, les Européens de droite. Les personnes qui les ont rejoints voulaient ce qu’il y avait de mieux pour leur pays, mais en fin de compte, elles ont participé au processus qui nous a amenés à la situation misérable dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Les chrétiens-démocrates neutralisent tant de passion, tant de patriotisme, tant de bonne volonté. Il est temps de le reconnaître et de quitter les chrétiens-démocrates, et de participer à de véritables mouvements réformistes communs qui viennent de la droite.
Magyar Jelen : Vous avez parlé d’erreurs. Je ne veux pas être impoli, mais vous avez été suspendu une ou deux fois du groupe Identité et Démocratie (ID), où vous siégez pour l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), et vous avez tout de même réussi à devenir tête de liste de l’AfD. Votre premier mandat de cinq ans au Parlement européen s’achève. Vous en aurez évidemment un second. Quel bilan tirez-vous de ces cinq années en termes d’échecs, de réussites, d’erreurs, de leçons ?
Maximilian Krah: Tout d’abord, il y a eu une lutte de pouvoir au sein de la délégation allemande dans le groupe ID, que j’ai finalement remportée, et ceux qui se sont battus contre moi ne figurent même pas sur la liste. Cette suspension à deux reprises pour une durée limitée est due à cette lutte. Ce n’est jamais agréable d’être suspendu, mais c’était probablement le prix à payer pour gagner. En fait, je ne dirais pas que j’ai fait des erreurs en ce qui concerne mes suspensions. Il y a eu un combat, mais c’est toujours le résultat qui compte, et le résultat a été assez clair [Maximilian Krah a été désigné comme tête de liste avec 65 % des voix lors du congrès de l’AfD à l’été 2023, ndlr].
Bien sûr, nous commettons des erreurs, que ce soit dans la vie privée ou dans la vie politique. En ce qui concerne la vie politique, nous sommes tous des enfants de notre époque et de l’environnement dans lequel nous nous trouvons. Parfois, nous ne voyons pas clairement ce qui se cache derrière une évolution politique actuelle. Parfois, nous sommes peut-être trop sévères dans nos déclarations. Seuls ceux qui ne font rien ne commettent jamais d’erreur, mais une fois de plus, j’espère au moins que mes erreurs sont intelligentes. Il y a des gens qui ne m’aiment pas – pour le dire même de manière très polie – mais même mes pires ennemis ne semblent pas douter de mon intelligence.
Le fait est qu’il faut toujours réfléchir sur soi-même. Si vous n’êtes entouré que d’amis et de groupies, vous êtes perdu. Je veille à ce que dans mon environnement, il y ait des gens très intelligents qui ont des mots durs pour moi et qui me remettent en cause. Je ne suis donc pas un one-man-show. Je fais partie d’une équipe. Je fais partie d’un mouvement. Ainsi, tous les membres de l’équipe qui travaillent avec moi sont encouragés à être des critiques francs. Je pense que tant que je continuerai dans ce style, mes erreurs ne deviendront jamais chroniques.
Cela dit, les hommes politiques sont des êtres humains, avec des qualités et des défauts, mais l’important est qu’ils aient des principes solides, qu’ils reconnaissent leurs erreurs, qu’ils soient ouverts aux conseils et qu’ils n’abandonnent jamais. C’est le défi auquel nous sommes tous confrontés, et il en va de même pour moi – et ce n’est pas à moi de juger si j’ai relevé ces défis ou non.
Magyar Jelen : Si je me souviens bien, lorsque l’AfD a été créée il y a une dizaine d’années, il s’agissait avant tout d’un mouvement qui critiquait l’euro en tant que monnaie, et l’Union européenne en général. Puis, il y a quelques années, votre parti a abandonné l’idée de quitter l’Union européenne. Il me semble donc un peu étrange que ces dernières années, l’UE n’ait jamais été autant un échec qu’aujourd’hui, et qu’en même temps, presque tous les partis de droite qui critiquent l’UE aient abandonné l’idée de la quitter. Pourquoi en est-il ainsi en général, et au sein de l’AfD en particulier ?
Maximilian Krah: Je pense qu’il y a deux façons d’être de droite aujourd’hui en Europe. La première est ce que nous appelons la voie libérale, les conservateurs-libéraux. L’AfD est née d’un parti libéral. Les libéraux-conservateurs veulent généralement revenir aux années 1980, sans les immigrés, sans les impôts et sans l’Union européenne. Leur rêve est de revenir à un système complet d’États-nations sans aucun niveau européen, avec tout ce que nous avions dans les années 1970 en termes de richesse personnelle. Ils ne comprennent pas que la richesse et la situation des années 1970 dépendaient de la guerre froide. Lorsque vous avez grandi en Europe occidentale dans les années 1970, il n’y avait pas d’alternative au système politique. Il n’y avait pas d’alternative à l’alliance avec les États-Unis. Tout était déterminé par la situation de la guerre froide.
En outre, les États-Unis des années 1970 et 1980 étaient un pays complètement différent de celui d’aujourd’hui. Les États-Unis étaient un pays majoritairement européen. Tous les responsables avaient des racines européennes. Dans les dix prochaines années, la majorité des Américains auront des racines non européennes. L’Amérique s’éloigne donc de l’Europe à grande vitesse sur le plan culturel, démographique et ethnique.
On ne peut donc pas revenir aux années 1970 – redevenir le petit vassal allié des États-Unis, revenir à l’ancien mode de vie libéral – et croire que cela fonctionnera. Mais comme les années 1970 et 1980 ont été une période tellement merveilleuse et riche, en particulier pour la génération du baby-boom, ces personnes pensent que c’était la vie parfaite. Elles veulent donc revenir à cette époque et pensent qu’en renvoyant tous les immigrés, en détruisant l’Union européenne et en rétablissant une sorte de modèle économique libéral, elles y parviendront. Cette idée ne pourrait être plus fausse, car elle ne correspond tout simplement pas à notre réalité actuelle.
L’autre façon d’être de droite est ce que nous essayons de faire, c’est-à-dire simplement de créer une nouvelle architecture politique à partir de la réalité, de ce que nous voyons autour de nous et même de l’avenir tel que nous l’anticipons. Nous essayons d’emprunter la voie difficile qui consiste à examiner ce que nous voyons aujourd’hui, ces changements fondamentaux, et à élaborer une réponse universelle à partir de là, une réponse qui prenne en compte tous les domaines de la politique : la démographie, l’économie, une politique étrangère et culturelle réformées, etc. Donc une approche beaucoup plus large.
C’est ce que nous faisons. Comme le professeur Dumbledore le dit à Harry Potter, « Il y a toujours deux voies dans la vie, Harry, la bonne voie et la voie facile ». L’AfD est passée de la voie facile à la bonne voie. C’est la raison pour laquelle nous sommes aujourd’hui au-dessus de 20 % dans les sondages en Allemagne, malgré toutes les attaques que nous subissons de la part de l’establishment. C’est notre promesse et notre proposition à tous nos collègues de droite dans toute l’Europe : ne restez pas dans la nostalgie du beau passé que nous avons connu dans les années 1970 et 1980. Cette époque est révolue. Regardez vers l’avenir. L’avenir sera complètement différent de cette époque, mais cet avenir présente de nombreuses opportunités et possibilités pour une Europe forte et solide. Nous devons saisir ces opportunités et être ouverts à l’avenir, et c’est la raison pour laquelle nous avons changé notre position concernant l’Union européenne.
L’Union européenne est un monstre bureaucratique. L’UE est le siège d’idéologies de gauche. C’est une institution anti-européenne. Mais dans un monde qui n’est plus façonné uniquement par le monde occidental, mais qui est véritablement global – où l’Inde, la Chine, la Russie, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite auront leur influence – les États-nations européens sont tout simplement trop petits pour survivre seuls.
Nous devons donc choisir entre être de minuscules États-nations qui deviendront les vassaux des États-Unis – des États-Unis qui s’éloignent de l’Europe – ou trouver un moyen de travailler ensemble et de constituer notre propre pôle dans le monde multipolaire de l’avenir. L’Europe ne peut survivre et profiter des opportunités de l’avenir que si elle coopère avec le monde extérieur.
C’est donc une approche très gaullienne que je défends. L’Allemagne seule est trop petite. La France seule est trop petite. Et même si l’Allemagne faisait cavalier seul, les autres pays formeraient immédiatement une alliance anti-allemande. Mais si nous coopérons en matière de relations extérieures et de politique commerciale – si nous coopérons en matière de relations avec la Chine, l’Inde, les États-Unis, la Russie, etc. – si nous trouvons un moyen d’avancer ensemble dans le monde de demain, nous préserverons notre identité et notre européanité. La formule que nous avons est donc d’être aussi unis qu’il le faut vers l’extérieur, et d’être aussi indépendants et libres qu’il le faut à l’intérieur.
Il s’agit d’une autre approche de l’Europe, bien sûr. Elle n’a rien à voir avec l’Union européenne d’aujourd’hui, mais elle est différente de l’idée de revenir aux États-nations comme incarnation de la politique.
Magyar Jelen : Je comprends votre point de vue, mais comment pourrions-nous parvenir à une nouvelle réalité dans les années à venir ? Vous dites que les États-Unis s’éloignent de l’Europe, mais ce que nous voyons aujourd’hui au niveau de l’UE, c’est qu’ils sont extrêmement influents, puisqu’un certain nombre de décisions prises ces deux dernières années détruisent littéralement l’économie européenne dans le seul intérêt des États-Unis. Alors comment peuvent-ils à la fois s’éloigner de l’UE et en même temps paraître aussi puissants ?
Maximilian Krah: Oui, mais c’est un problème d’élites politiques. Lorsque Donald Trump était président, tout le monde à Bruxelles parlait d’autonomie stratégique. Puis Biden est arrivé et a déclaré que l’Amérique était de retour pour diriger le monde, et plus personne n’a parlé d’autonomie stratégique. Tout le monde était heureux que Biden dirige désormais le monde.
Nous avons deux problèmes. Le premier est que la majorité des hommes politiques européens sont incapables de diriger leur propre pays. Ils sont donc heureux qu’il y ait un Joe Biden qui dise : « Nous dirigeons le monde », parce qu’ils peuvent alors dire : « D’accord, nous n’avons pas besoin de le faire ».
La deuxième est que, même parmi les gens de droite, trop de gens s’en tiennent à l’idée que l’Amérique est toujours l’Amérique des années 1980. Soyons francs : le parti Droit et Justice (PiS) de Pologne a suivi à 150 % la politique étrangère américaine et n’a pas été en mesure de voir que cette politique étrangère pro-américaine détruisait tout ce qu’il faisait sur le plan intérieur. Mais beaucoup de ces gens de droite ne sont pas capables de comprendre les liens entre la politique étrangère et la politique intérieure. Si vous suivez les États-Unis actuels et leur approche de la politique mondiale, vous suivez le drapeau arc-en-ciel. Vous aurez alors le mois des fiertés. Vous aurez des frontières ouvertes. Vous aurez l’immigration. Puis vous aurez le vaudou climatique. Tout cela fait partie de cette approche politique occidentale universelle qui découle de ce que nous appelons aujourd’hui les « valeurs occidentales ». Les valeurs occidentales en 2024, c’est le drapeau arc-en-ciel. Ce n’est rien d’autre. Ne croyez pas que vous pouvez remplacer les valeurs occidentales de 2024 par les valeurs occidentales de 1978. Vous ne pouvez pas revenir au passé.
Magyar Jelen : Pourquoi pas ?
Maximilian Krah: Imaginez un film dont vous n’aimez pas la fin. Il n’est pas très intelligent de revenir en arrière, de rejouer le film et d’espérer que la fin sera différente. L’histoire moderne est une sorte de processus. Les principes libéraux eux-mêmes orientent la société vers un certain résultat. Au début du XXe siècle, le philosophe politique allemand Arthur Moeller van den Bruck disait déjà qu’après trois générations de libéralisme, une société arriverait à sa fin, parce que le libéralisme ne connaît que l’individu et n’a aucune compréhension de la société.
Magyar Jelen : Personnellement, j’adore la culture pop des années 1980.
Maximilian Krah: Vous ne pouvez pas aimer la culture pop des années 1980 !
Magyar Jelen : Laissez-moi terminer et vous comprendrez où je veux en venir. J’aime ça parce que quand on voit la musique, les films…
Maximilian Krah: J’aime le rock punk, c’est un excellent genre musical.
… ils étaient insouciants, ils semblaient heureux. Je sais donc qu’il s’agit de la dernière décennie occidentale insouciante, mais je sais aussi que si beaucoup de gens de ma génération sont aujourd’hui dans une situation difficile, c’est aussi en partie à cause de ceux qui ont vécu une ou deux décennies insouciantes dans les années 1970 et 1980.
Magyar Jelen : Pour prendre un exemple, nous sommes ici à Berlin. Au milieu des années 1990, il y a eu la Love Parade à Berlin. Plus d’un million de jeunes – allemands pour la plupart, mais aussi du monde entier – ont participé à une grande fête techno où même les filles étaient presque nues et où tout le monde dansait dans les rues. Aujourd’hui, beaucoup de gens s’en souviennent et disent : « Quelle belle époque, quelle belle fête ! Quelle belle fête nous avons eue ! » Et puis ils disent qu’il est impossible d’organiser une telle fête aujourd’hui parce qu’il y aurait tellement de viols, d’agressions et de problèmes. Il est désormais impossible d’organiser une telle fête.
Ce qu’ils doivent comprendre, c’est que la façon dont ils ont fait la fête explique en partie pourquoi nous n’avons plus de telles fêtes aujourd’hui. C’est comme lorsque vous vous rappelez que vous avez bu beaucoup de bons verres dans la soirée, mais que vous devez comprendre que le mal de tête que vous avez le lendemain matin est lié à ces verres. L’idée que nous devrions continuer à boire est donc probablement la mauvaise voie à suivre.
Telle est la situation en ce qui concerne la culture pop. Mais lorsqu’il s’agit de politique, n’oubliez jamais que lorsque l’Amérique était encore dominée par les Blancs et les personnes d’origine européenne, les élites de l’époque ressentaient encore une certaine responsabilité et une certaine sympathie. Elles étaient prêtes à soutenir l’Europe, même si ce n’était pas économiquement rentable, parce qu’elles se reconnaissaient en nous. Mais l’avenir de l’Amérique n’est pas Donald Trump, malheureusement. L’avenir de l’Amérique, c’est Kamala Harris, et elle ne considère pas l’Europe comme faisant partie de la famille ou des racines de l’Amérique. Ainsi, lorsque l’Amérique s’éloignera définitivement de nous d’un point de vue ethnique, l’Europe devra trouver sa propre voie dans l’avenir. Mais nos élites libérales – et c’est là le problème – adorent perdre leurs racines parce qu’elles les détestent, et trop de gens de droite sont incapables de voir et d’analyser ces évolutions en Amérique.
Magyar Jelen : Vous attendez-vous à arriver en tête le 9 juin, ou vous contenterez-vous de la deuxième place, puisque vous avez déjà fait un bond de 10 à 20 % par rapport aux élections de 2019 ? Quelles sont vos attentes ?
Maximilian Krah: En fin de compte, nous gagnerons, ou l’Europe sera perdue. Je pense que nous augmenterons notre représentation le 9 juin, mais il n’y aura pas de majorité composée uniquement d’ID et du groupe des Conservateurs et Réformistes européens (CRE). Aujourd’hui, la majorité au Parlement est composée de Renew, des Verts, des Socialistes et de la Gauche, et à partir du 9 juin, la majorité sera constituée du Parti populaire européen (PPE), du groupe CRE et du groupe ID. C’est ce que je prévois. Le PPE fera donc la différence. Si le PPE vote avec ID et CRE, nous aurons une majorité, et si le PPE vote avec les libéraux, les socialistes et les verts, ils auront une majorité.
Vous savez ce que je pense du PPE. Je ne leur fais pas confiance. Mais certains collègues du PPE, en particulier des pays d’Europe de l’Est, sont au moins raisonnables. Nous verrons bien.
Mais lorsqu’il s’agit de l’UE à long terme, nous devons l’aborder des deux côtés. Tout d’abord, ce dont nous avons besoin en 2029, c’est d’une majorité de droite, mais aussi d’une majorité au Conseil. Si l’Allemagne a un gouvernement AfD, cela ne changera pas seulement l’Allemagne, mais aussi l’Union européenne. En effet, l’Allemagne paie aujourd’hui des pays comme la Hongrie, la Slovaquie, etc. pour qu’ils suivent le programme libéral désastreux qui est le nôtre. Si l’Allemagne et le Conseil incitaient des pays comme l’Italie à bloquer leurs propres ports contre les immigrants illégaux, s’ils soutenaient la Hongrie et son approche des familles et de l’augmentation du taux de fertilité, s’ils arrêtaient ces sanctions folles contre la Russie, la Chine et tous les autres pays, s’ils poussaient à une solution diplomatique concernant l’Ukraine, alors l’UE agirait complètement différemment.
Nous avons maintenant une majorité de gauche au Parlement européen, et le pays le plus grand et le plus influent, l’Allemagne, est entre les mains d’horribles fous wokistes de gauche. Si nous changeons ces deux choses, la majorité parlementaire d’une part, et surtout le Conseil – le gouvernement allemand – l’Union européenne serait complètement différente.
2 réponses à “Maximilian Krah (AfD) : « Les Européens doivent apprendre qu’ils ne sont plus le centre du monde »”
Demat je partage complètement cette analyse qui me semble être la même que Reconquête ! le brexit serait une aventure risquée il n’y a qu’à observer nos voisins britanniques et les points de vues différents entre les différentes nations les composant Irlande du Nord, Ecosse, Ile de Man, Cornouaille, car l’Europe est un ensemble de vieux peuples voisins de culture chrétienne datant des débuts de la christianisation au temps de l’empire romain (avec trois axes Rome, Constantinople et Irlande d’où des différences de culture et de pratique confessionnelle)qui se sont fait souvent la guerre avec des alliances souvent contradictoires mais liées aux nécessités des droits de succession monarchique ; par contre la richesse de l’Europe c’est sa diversité qui s’est construite sur la base du commerce et des universités et la Bretagne n’a jamais été aussi riche que lorsqu’elle a été indépendante de la domination du royaume de France qui lui a interdit alors de commercer librement par la mer, son domaine privilégié, avec tous ses voisins maritime du nord de l’Europe jusqu’en miditerranée et le monde a changé en France nous ne sommes plus que 1% du peuple mondial mais nous sommes présents sur tous les océans et notre langue le français pas encore le brezhoneg est parlée dans le monde entier et c’était jadis la langue diplomatique international c’est à partir de cela qu’il nous faut reconstruire nos esprits et une nouvelle pensée politique européenne nationale et régionale BZH 5/5 Yannig Louis MAHE
surtout depuis que les occidentaux se sont convertis au wokisme, envoyer un ambassadeur de l’homosexualité en afrique, ou vouloir guerroyer contre la russie, qui peut dans le monde nous suivre?