Relire tous les livres ? Hic decies repetita placebit.*
La Vendée, précisément… Vous souvenez-vous des quelque 750 titres qui sont cités et étudiés par Jean-Joël Brégeon dans Nouvelle histoire des guerres de Vendée qu’il fit paraître avec Gérard Guicheteau chez Perrin en avril 2017 ? Non, bien sûr… Tout le monde ne sait pas lire. Et préfère les à peu-près d’une histoire fantasmée où les « Chouans » prennent la place d’un vrai peuple — les Vendéens du Bocage — qui, dans son ensemble, marcha contre la Révolution jacobine… Evidemment, vous me direz, ceux-ci ne pouvaient plus parler puisqu’ils avaient été massacrés, jusqu’au presque dernier, dans la plaine de Savenay, après avoir traîné leurs sabots outre-Loire dans cet automne pluvieux et frisquet de 1793… Et que le général Turreau fit la chasse aux rares survivants avec ses « colonnes infernales » sur le territoire qui n’avait pas encore connu les « Chouans »… Il y a des jours comme ça, la rogne me prend. Et que, si je suis « Vendéen » en même temps que « Français », c’est que mon ancêtre a quitté la côte atlantique où l’on était plus « républicain » que dans le bocage, et lâché le métier de marin et de charpentier de marine aux Sables pour celui de charron et de reconstructeur de moulins… C’était pour gagner sa vie et celle de sa famille — très nombreuse (mon arrière, mon « archi », avait sept fils et une floppée de filles). Avec la bénédiction des curés. Comme dans Les Mouchoirs rouges de Cholet, un roman de l’inoubliable Michel Ragon, un authentique Vendéen de Fontenay-le-Comte celui-là, même s’il émigra à Nantes puis à Paris.
Soyons sérieux, vous souvenez-vous de Louis Chevalier qui naquit à L’Aiguillon-sur-Mer en 1911, et en Vendée ? Il est mort en 2001, à Paris… Tout de suite un titre : Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe (19e) siècle. Là, ça va mieux. Ce fut « une importante source d’informations pour nombre de romanciers et cinéastes » nous prévient le bon Wikipédia. Qui n’a pas lu Classes laborieuses ne peut pas aimer le grandissime chef-d’oeuvre de Jacques Becker, Casque d’or, bien que ce film soit antérieur de sept ans au texte historique. J’en connais au moins un (un « critique » de cinéma) qui est agacé par le très attachant duo de la grande Signoret et de son Manda… Minable ! Louis Chevalier a aussi de remarquable qu’il avait prévu, bien longtemps avant, la catastrophe du 27 au 28 février 2010 à La Faute et à l’Aiguillon — et au bord de la Sèvre niortaise, à Charron. Il alertait sur les constructions… qui furent détruites avec leurs occupants par la mer déchaînée, lors de la tempête Xinthia. Encore une lecture instructive…
Que nous dit Louis Chevalier dans Classes laborieuses, paru en 1958 ? Tout d’abord que la multiplication des crimes s’explique surtout par l’arrivée massive de migrants (des provinciaux et des étrangers… tss !) qui vinrent s’entasser dans Paris — laquelle cité passa, en cinquante ans, de 600 000 habitants à un million sans que ses structures urbaines fussent modifiées… Mais l’auteur ne se contente pas de seriner cette vérité, il l’appuie sur des statistiques — phénomène moderne et nouveau. Le crime devient l’un des aspects de la violence qui « déferle » sur la capitale nous couinerait un contemporain. Louis Chevalier décrit l’état pathologique dans lequel sombrent les conditions de vie des laborieux : maladies épidémiques, infanticides, folies, crimes de sang… etc. Autant de thèmes historiques négligés sinon réfutés, hier et aujourd’hui. à relire d’urgence avant de répéter des âneries… En même temps, pensez à jeter un oeil sur Montmartre du plaisir et du crime, paru chez Robert Laffont en 1980.
Puisque nous parlons des laborieux, est-ce que quelqu’un a remarqué que la Vendée est l’un des moteurs de la région Pays de la Loire ?
La région Pays de la Loire affiche le taux de chômage (5,8%) le plus bas de l’ensemble des régions françaises derrière la Bretagne (qui « fait » 6%), nous disent les statistiques de l’INSEE. La France entière « fait » dans les 7,5 % — « Hors Mayotte »… hin hin hin. L’évolution trimestrielle du taux de chômage est de + 0,1 point pour la région. Elle est légèrement plus élevée au national : + 0,2 point. Sur un an, la région est à la baisse (- 0,1 point) quand l’évolution nationale est à la hausse (+ 0,2 point). Le département de la Vendée (5,2 %) est dépassé seulement par celui de la Mayenne (4,8 %) mais en regardant tous les petits pays… « Montaigu-Les Herbiers », au cœur de la « Vendée » historique… on découvre que celui-ci est celui où les laborieux peuvent se féliciter de leurs 3,5 % de chômeurs. Comme autrefois, c’est le maritime qui est le plus « misérable »…
Faut-il chercher dans le passé l’explication d’une telle ténacité ? Voilà qui feraient rugir les molosses jacobins… hin hin hin !
MORASSE
* « Ce, dix fois recommencé, plaira », d’après Horace, approximativement.
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Une réponse à “La Vendée, souvenez-vous…”
Il est convenu d’appeler « chouans » au nord de la Loire .
Au sud de la Loire ce sont les vendéens ,dénommés « brigands « .
Bien à vous .