Julian Assange, héros et héraut des lanceurs d’alertes, est incarcéré dans une prison de haute sécurité depuis quatre années, sans avoir été condamné. Avant cela, il en avait passé plus de sept confiné dans une chambre de neuf mètres carré à l’intérieur de l’ambassade équatorienne, seul pays alors courageux à lui avoir concédé l’asile politique. Le journaliste est de fait en train de purger une peine… sans avoir été jugé coupable. Et ce, avec le bon vouloir des États dits de droit.
Le fondateur de WikiLeaks tente un dernier recours auprès de la justice britannique, contre son extradition vers les États-Unis, qui l’accusent d’espionnage et où il risque 175 ans de détention. Visiblement affaibli par ces années de privation des libertés les plus élémentaires, il n’a pu se rendre à la dernière audience qui s’est tenue mardi dernier 20 février. La magistrature anglaise rendra son verdict le 5 mars prochain.
Coupable ou non-coupable, qu’on le retienne le fer de lance de la liberté d’expression ou un dangereux hacker menaçant les secrets d’État, au regard du droit, la situation est ubuesque : un Australien, qui publie en Europe, devrait être jugé selon le droit états-unien. Pire, un journaliste ayant reçu de nombreux prix partout dans le monde est détenu dans une prison de haute sécurité d’Angleterre à la demande expresse des États-Unis. Cela en dit long sur l’état de droit qui règne au sein de nos démocraties.
Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs capitales européennes pour contester l’acharnement juridique et politique contre Assange et surtout faire pression sur les différents gouvernements pour que l’un d’entre eux s’engage concrètement dans sa défense, en lui accordant le statut de réfugié politique. Statut qui, rappelons-le, est octroyé par monts et par vaux en Europe à des migrants à qui il aura suffi de détruire leur papier d’identité pour jeter le doute sur leur véritable nationalité. Julian Assange est un prisonnier politique, véritable combattant pour la liberté, et il est indécent qu’aucune des nations se réclamant du droit n’agisse en sa faveur. Continuer à lui décerner des prix et des distinctions, ayant plus ou moins le même effet qu’allumer des bougies et observer des minutes de silence après chaque attentat.
Sans parler de la mollesse des grands médias qui n’ont jamais véritablement pris parti pour le lanceur d’alerte. Et pour cause, la presse n’étant notoirement plus libre depuis longtemps, étant même passée de contre-pouvoir à instrument du pouvoir.
Selon sa femme et avocat, Stella Assange, seule une mobilisation internationale pourrait mettre fin à son supplice. Se positionner du côté du droit n’aurait aucune pertinence, puisque ce dernier est totalement bafoué : le dossier d’accusation est très faible car les charges reconnues contre lui et pour lesquelles il encourt les 175 années de prison sont les mêmes faits qui lui ont valu la reconnaissance internationale pour son travail de journaliste. Loin de tout complotisme, la militante pour les droits humains explique l’inertie des démocraties européennes, par le fait qu’il est plus il est plus aisé pour ces dernières de fermer les yeux plutôt que de corriger une injustice, en espérant que les citoyens oublient ou s’occupent d’autre chose. Elle ajoute que la liberté de la presse est une illusion et que ceux qui se targuent d’en être les plus adents défenseurs, sont ceux qui la pourfendent le mieux.
Difficile de lui donner tort.
Audrey D’Aguanno
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6 réponses à “Julian Assange : le révoltant destin d’un homme libre ou l’hypocrisie des démocraties occidentales”
« En vingt ans de travail auprès de victimes de guerre, de violence et de persécution politique, je n’ai jamais vu un groupe d’Etats démocratiques s’unir pour délibérément isoler, diaboliser et maltraiter un seul individu pendant si longtemps et avec si peu de respect pour la dignité humaine et l’Etat de droit. »
Il faut lire L’affaire Assange Histoire d’une persécution politique de Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de 2016 à 2022.
la honte des soit disants démocraties !!!!!!
Les démocraties me semblent gouvernées par des mafieux en tous genres, il serait temps que notre planète vive l’Apocalypse, pour qu’on soit débarrassé de toutes cette « boue » qui empêche chacun de vivre tranquillement et décemment ! la planète est corrompue à un tel degré qu’on se demande comment va être le futur !…
1OO% d ‘ accord . 9a déprime grave
Quand vous parlez de démocratie,dites moi quel acte que vous pouvez faire sans être emmerdé par une loi .
Si un jour vous vous retrouvez devant un juge qui doit faire respecter les lois et si vous avez le malheur de dire la vérité qui dérange vous recevrez des intimidations et des menaces pour vous faire taire.
Tous les pays occidentaux fonctionnent sur les mêmes principes les politiciens et les dirigeants économiques ont un complexe de supériorité. Et ce monsieur a eut le malheur de faire quelque qui lui semblait honnête.
Mais non ! C’est l’homme a mettre en prison pour l’empêcher de dire la vérité. Oui nous sommes gouverné par des mafieux.
liberté d’expression, droit de l’homme, respect des valeurs de la république etc. mais pas pour ce lanceur d’alerte que les usa veulent mettre en prison pour 150 ans ! vive la france , vive l’europe!