Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 21 février c’est la Sainte Gwenn
Gwenn (sainte Blanche en français) ou Gwen, Guen ou Gwendoline est surnommée en breton Teir Bronn (« aux trois seins ») parce qu’elle a enfanté au moins trois saints, les jumeaux Guéthenoc et Jacut, puis saint Guénolé. Elle est l’épouse de saint Fragan, et ils vivaient au ve siècle.
Les époux et leurs deux premiers fils sont nés au Pays de Galles, leur pays d’origine. Le troisième fils serait né peu de temps après le débarquement de la famille en Bretagne armoricaine, à l’embouchure de la rivière Brahec, au fond de la baie de Saint-Brieuc. Selon la légende, Dieu lui accorde un troisième sein pour pouvoir allaiter ses triplés, d’où son surnom breton « santez Gwenn Teir Bronn », littéralement « la sainte aux trois seins ». Il s’agit, pour Joseph Chardronnet, d’une mauvaise interprétation de l’expression latine trimammis signifiant « trois fois mère » (épithète formée de deux mots bretons, tri « trois », et mamm « mère ») car la tradition rapporte que seuls Guethenoc et Jacut étaient jumeaux.
Gwenn (Blanche), femme de saint Fragan, est la mère d’une sainte famille nombreuse. En plus de ses trois saints fils déjà mentionnés, elle a également une fille, sainte Clervie.
La dévotion populaire a plaisamment interprété l’exceptionnelle fécondité naturelle et spirituelle de sainte Gwenn en affirmant que Dieu lui avait fait don d’une troisième mamelle. Il s’ensuit une iconographie un peu naïve et on appelle depuis la sainte « Santez Gwenn he zeir mammen » (littéralement « sainte Gwenn aux trois mamelles »).
Sainte Gwenn est la protectrice des enfants, est invoquée par les mères manquant de lait et la patronne des nourrices.
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