Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 17 février c’est la Saint Guirec
Albert Le Grand en 1636 dans son livre Les vies des saints de la Bretagne Armorique : ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d’icelle… et le catalogue de la pluspart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches consacre un chapitre à La vie de saint Guevroc ou Kirecq :
Saint Guirec aurait été l’un des 70 « meilleurs et plus vertueux religieux » (il aurait reçu l’habit de religieux dans le monastère de saint Tugdual au Pays de Galles) à avoir accompagné saint Tugdual dans sa traversée de la Manche lorsqu’il vint des îles Britanniques en Armorique. La légende dit qu’il aurait débarqué sur la plage de Saint-Guirec en Ploumanac’h. Il aurait vécu quelque temps au monastère de Tréguier près de saint Tugdual et ce dernier l’aurait envoyé, accompagné de quatorze religieux, fonder un nouveau monastère près de la ville de Kerfeunteun (actuellement Lanmeur). Saint Guirec aurait été bien accueilli par les habitants de Kerfeunteun (Lanmeur), mais « désireux de la retraite et solitude, ne voulut batir dans la ville ni des fauxbourgs, mais plus haut que le port (aujourd’huy le havre de Toullarriki) , à une lieue de la ville sur une longe de terre qui avançoit en la mer, à l’embouchure de la rivière de Menou, où est encore à présent l’église tréviale de Loc-Kirecq, autre fois nommé le monastère de Land-Guevroc ». Saint Guirec se serait servi de débris d’habitations romaines qui se trouvaient là pour construire ce monastère et il serait resté six ans à sa tête, puis aurait fait élire un autre abbé à sa place pour se rendre dans la paroisse de Ploudaniel, « où il s’arresta en une petite vallée fort sombre, située au pied d’une époisse forest, lequel lieu fut depuis de son nom appelé Traoun-Guevroc, c’est-à-dire le « val de Guevroc », où il édifia premièrement une petite chapelle de rameaux d’arbres, et auprès une petite chambrette, et demeura en ce lieu deux ans entiers, vivant dans une admirable abstinence et solitude »1. Il y aurait reçu la visite de saint Pol lequel, après avoir dû insister vivement, aurait réussi à le faire venir près de lui en la ville d’Occismor (Saint-Pol-de-Léon), en le faisant grand vicaire de son diocèse.
Plusieurs miracles lui sont attribués de son vivant, dont la guérison d’une lingère devenue paralysée pour avoir travaillé un dimanche et qui fut, après repentance, guérie par saint Guevroc (saint Guirec) : « elle donna sa maison à saint Guevroc, qui la convertit en une chapelle, laquelle fut dédiée à Notre-Dame et nommée Nostre Dame de Creis-Ker (c’est-à-dire du « milieu de la ville »), laquelle fut rebastie plus magnifique par le duc Jean le Conquéreur ».
Alors qu’il visitait le diocèse de Léon, il tomba malade à Landerneau où il mourut vers 547. Son corps fut inhumé dans le monastère de Lockirecq (ou Land-Guevroc) qu’il avait fondé.
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