Il faut soutenir les paysans bretons

En Bretagne, il n’y a pas que la FNSEA et ses annexes ! Depuis une vingtaine d’années se développe un autre modèle ; des jeunes s’installent dans des fermes de taille raisonnable  et appliquent une recette simple : production, transformation et commercialisation (souvent vente directe). C’est-à-dire que le cours du blé fixé à Chicago leur importe peu, tandis que le prix du porc établi à Plérin (près de Saint-Brieuc) ne les concerne pas. Même si la PAC les ignore, ils existent. On peut même remarquer qu’ils créent des emplois… Un tour d’horizon s’impose.

La tempête Ciaran – Sandrine Gawron, maraîchère bio, deux hectares, Plougastel-Daoulas : « Je ne soutiens pas un mouvement violent… Mais je pourrais aller à Paris, devant les grilles de l’Elysée, demander à Macron de tenir sa parole. Et lui dire que, sinon, il ne faut pas s’étonner que le pays se soulève ! La tempête Ciaran a détruit les tunnels sous lesquels je fais pousser mes tomates, mes poireaux. L’Etat nous a promis de financer la reconstruction, il y en a pour 250 000 euros. Sauf qu’on est fin janvier et qu’on a toujours rien. On en est encore à faire des pré-dossiers. Bientôt, il sera trop tard pour espérer avoir une récolte cet été. Ce qui veut dire : pas de salaire. L’Etat nous oublie, nous, les micro-exploitants. » (Marianne, 1er février 2024)

Haies et talus – Nathalie Bertho et Gildas Le Fresne exploitant une ferme  à Carmoise, sur les hauteurs de Guerlédan : 70 vaches y donnent 350 000 litres de lait bio par an. « Elles passent plus de dix mois sur douze à l’air libre, dans des paddocks herbagers sur 70 hectares. Haies talutées, doubles haies en rideau plantées de chênes, châtaigniers, noisetiers, merisiers houx ou fruitiers… » Depuis 2017, ils plantent au rythme de 500 à 800 mètres par an. « Cela préserve les vaches du soleil. Les haies forment un écran thermique. Et, lors de fortes chaleurs, l’herbe reste verte dans une bande ombragée de 50 mètres » explique Gildas Le Fresne. « Les talus et les haies retiennent la terre, évitent les lessivages, abritent ces auxiliaires qui contribuent au travail du sol et à défendre nos cultures, favorisent la biodiversité », ajoute-t-il. Grâce aux aides de la Région, un mètre linéaire ne coûte qu’un euro pour un coût de revient d’environ 7-8 euros (Le Télégramme, samedi 3 février 2024)

Précisons que depuis 2008, 6 500 kilomètres de haies ont été replantés en Bretagne dans le cadre des plans Breizh Bocage impulsés par la Région. Coût : 50 millions d’euros jusqu’à la fin 2022. Objectif : passer au rythme d’au moins 500 km linéaires de haies par an sur la période 2024-2027 (Le Télégramme, jeudi 8 février 2024).

Des amendes pour les distributeursLa centrale d’achats des magasins Leclerc située à Saint-Etienne-de-Montluc (près de Nantes) a été bloquée pendant plusieurs jours par les militants de la Confédération paysanne. « On a appris qu’une procédure d’amende de 15 millions d’euros était en cours contre Intermarché et de 6,3 millions d’euros contre Leclerc pour non respect d’Egalim. En 2020, cette même enseigne avait écopé d’une amende de 117 millions d’euros contestée devant le droit européen. Elle a pu contourner la loi en installant une centrale d’achat en Belgique », explique Jean-François Guitton, le responsable de la Confédération de Loire-Atlantique (Presse-Océan, samedi 3 février 2024)

Mercosur –  Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, désigne les autorités françaises et européennes : « Ils tergiversent sur les négociations du Mercosur, mais il suffit de se pencher sur les plans de développement agricole du Brésil pour comprendre que la trajectoire est déjà tracée. Cette production se retrouvera bien quelque part… Nous voulons faire sortir l’agriculture des traités de l’OMC, mais nous savons que c’est un bras de fer terrible, long et compliqué qui nous attend. »(Le Journal du dimanche, 4 février 2024).

Le juste prix – Une trentaine de paysans a fait le tour de l’hypermarché de l’Immaculée à Saint-Nazaire afin de repérer les produits importés et de relever les prix pratiqués dans ce magasin Leclerc.  Hugo Niccolai, du gaec de la Pâture à Guérande, et Sylvain Raimbault, maraîcher à Guérande, s’intéressent particulièrement au rayon bio. Là, le poireau est à 3,49 euros la botte de 750 grammes, soit 4,65 euros le kilo. « A  la ferme, je les vends 3,50 euros le kilo. Le potimarron, c’est 5,20 euros le kilo, moi je suis à 3,50 euros », constate le premier (Ouest-France, Saint-Nazaire, mercredi 31 janvier 2024)

Les traités de libre-échangeMathilde Hignet (LFI), député de Redon, ancienne ouvrière agricole dans la ferme familiale, constate que l’on « détricote l’agriculture en la mettant en concurrence avec l’international par les traités de libre-échange. » Selon elle, cela produit « un cercle vicieux ». « Si on ne revalorise pas le métier de paysan – à travers un revenu digne, des prix plancher, la fin des traités de libre-échange -, cela va contribuer à vider les campagnes. » (Le Monde, dimanche 4-lundi 5 février 2024)

La paperasse« Il fallait que le monde paysan tape du point sur la table (…) On a de la paperasse très forte, ça nous fait tous trembler. Je remplis moi-même mes déclarations. Il y a vraiment la pression, la peur de mal faire… », souligne Sandrine Le Feur (Renaissance), député de Morlaix, (Le Figaro, samedi 3 février 2024) ; elle travaille le week-end dans sa ferme (élevage de highlands et céréales).

Les charges« Cela fait un an que je dis qu’on va droit dans le mur », insiste Jean-Luc Bourgeaux (LR), député de Saint-Malo et agriculteur. Il observe les chiffres bondir sur son tableau excel. « Sur mon exploitation, c’est 20 %  de charges supplémentaires en un an pour les mêmes prix de vente. », indique le céréalier. « Aujourd’hui, on a l’impression que tout le monde est en train de sauver l’agriculture. Mais il y a quelques semaines, pendant les débats à l’Assemblée, je me sentais bien seul » (Le Figaro, samedi 3 février 2024)

Trois fromages et le Gwell – A la ferme du Bois-Joubert (Donges), Nicolas Guérin possède un troupeau de 90 vaches de la race bretonne Pie noire. Avec leur lait bio – texture douce et soyeuse qui se rapproche du fromage blanc en plus crémeux -, il fabrique trois fromages : le Brière (gruyère), la Ronde des marais (Abondance) et un proche de la tomme. Il fabrique également une sorte de yaourt dénommé Gwell. « Pour fabriquer le Gwell, il faut utiliser une bactérie indigène contrairement aux yaourts dans lesquels sont ensemencés deux bactéries d’origine industrielle. La différence entre le yaourt et le Gwell est la même différence qu’entre le pain à la levure et le pain au levain. La levure est industrielle quand le levain c’est celui qu’on cultive. » (Presse Océan, dimanche 28 janvier 2024) Notons qu’ils sont cinq à travailler sur l’exploitation.

Où étaient les militants de la FNSEA ? – Privilège de la Bretagne, le siège du groupe Avril – géant de l’agroalimentaire –  se trouve à Bruz (près de Rennes). Le PDG d’Avril s’appelle Arnaud Rousseau et le président de la FNSEA s’appelle également Arnaud Rousseau ; c’est le même personnage qui cumule deux casquettes qui créent un incontestable conflit d’intérêts. Vendredi 9 février, une centaine de militants de la Confédération paysanne sont venus avec des tracteurs manifester devant le siège de Bruz. « Nous avons décidé de poursuivre la lutte car nous ne sommes pas du tout satisfaits. Il n’y a toujours rien pour notre revenu quand d’autres se font un pognon de dingue sur notre dos. On en a marre d’être la variable d’ajustement », lance Charlotte Kerglonou, porte-parole de la Confédération en Ille-et-Vilaine.  Mickaël Romé, le secrétaire départemental, est catégorique : « Avril, c’est l’exemple type de ce qu’on ne veut pas ».  Tous demandent la suspension de  toutes les négociations d’accord de libre-échange, dont celui avec le Mercosur, qui impliquent une concurrence déloyale. « On veut en finir avec la connivence entre le ministère de l’Agriculture, qu’il soit de droite ou de gauche, et la FNSEA. Le monde agricole a besoin d’un vrai leader, qui défend vraiment les paysans », poursuit Charlotte Kerglonou (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, 10-11 février 2024). A cette manifestation, l’absence de Loïc Guines, président de la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine, et des leaders de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs du département  (Rohan Pinault, Laetitia Depoix, Jérémie Pellé, Jérôme Citré, etc.) a été constatée… et regrettée.

Bernard Morvan

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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4 réponses à “Il faut soutenir les paysans bretons”

  1. gautier dit :

    reprenons notre vie en mains !

  2. NOEL dit :

    Tout ce beau monde a très certainement voté le mondialiste macron et aux européennes , il ne risque pas de voter RN où R! , c’est bien beau de venir chouiner ensuite .

  3. gaudete dit :

    Le syndicat pourri qui a bradé l’agriculture bet surtout les agriculteurs . Ils font semblant de gueuler en fait ils enfoncent le monde paysan, il n’est pas besoin de sortir de St Cyr pour voir leur double jeu

  4. patphil dit :

    achetez local, mangez sainement refusez les poulets ukrainien, le boeuf brésilien etc. avec des hormones, des ogm, des antibiotiques,

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