Il devient de plus en plus difficile d’être un Britannique au Royaume-Uni à en croire les informations qui nous proviennent régulièrement d’outre-Manche.
Dernière affaire en date, l’enquête publiée le 28 janvier dernier par le journal britannique Sunday Times, version dominicale du quotidien The Times. Selon le titre de presse, une vingtaine d’universités britanniques parmi lesquelles les célèbres Cambridge et Oxford auraient favorisé l’admission d’étudiants étrangers au détriment des nationaux, et ce, pour des raisons financières.
En effet, les frais de scolarité pour les étudiants étrangers sont plus onéreux (et pouvant atteindre jusqu’à 40 000 livres sterling par an) que pour les Britanniques (plafonnés à 9 250 livres sterling par an). Une différence qui aurait ainsi incité certaines universités du Royaume-Uni à accepter des étudiants internationaux dont les dossiers scolaires sont beaucoup moins bons que ceux des Anglais. « Les étudiants étrangers peuvent acheter leur place dans des cursus universitaires avec seulement quelques notes C. Ces mêmes formations exigent des étudiants britanniques des notes A », explique la publication du Sunday Times.
Les étudiants britanniques « ne l’accepteraient pas »
Ces assertions ne proviennent toutefois pas de nulle part et se fondent sur une série d’enregistrements audio réalisés par les journalistes. Parmi les preuves compromettantes évoquées dans l’enquête, la voix d’un individu présenté comme l’un des responsables d’une université britannique serait alors reconnaissable.
Le responsable en question aurait confirmé cette volonté de recruter davantage d’étudiants internationaux tout en reconnaissant que cette préférence étrangère se devait de rester secrète car les étudiants britanniques « ne l’accepteraient pas » s’ils avaient écho d’un tel scandale.
Mais les accusations que fait peser l’enquête du journal britannique sur certaines universités vont même plus loin : plusieurs d’entre elles n’hésiteraient pas à recourir à des « voies secrètes » et même à des agents de recrutement pour identifier et démarcher les étudiants internationaux fortunés et donc susceptibles de payer d’importants frais d’inscription.
« Des dizaines de millions de livres par an »
Attention, il ne serait pas ici question de simples services rendus contre quelques rétributions : « Les voies détournées sont si lucratives que les meilleures universités paient des dizaines de millions de livres par an à des agents et à des sociétés privées pour chasser les étudiants fortunés », affirme le Sunday Times. Selon ce dernier, ces agents prélèveraient environ 20% des frais payés par un étudiant en première année.
En l’espace de quelques jours, ces révélations ont défrayé la chronique outre-Manche. Au point de faire réagir Robert Halfon, ministre britannique de l’Enseignement supérieur, qui a déclaré être « très gêné » par cette situation.
Auprès du quotidien britannique The Guardian, Robert Halfon a annoncé qu’une enquête allait être menée concernant ces « mauvaises pratiques » visant à favoriser le recrutement des étudiants étrangers. « Bien que je sois un fervent défenseur des étudiants étrangers, je veux que tous les étudiants britanniques bénéficient également de conditions équitables», a fait savoir le ministre britannique.
Voici donc une embûche de plus sur le chemin du gouvernement conservateur de Rishi Sunak.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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3 réponses à “Royaume-Uni. De grandes universités accusées de pratiquer la préférence étrangère pour des raisons financières”
Pour la bonne compréhension du système de recrutement anglais des étudiants dans les universités il convient de préciser que les lettres A, C etc… sont un peu les équivalents de ce qu’on appelle « mentions » en France.
En France on peut entrer dans les Universités avec la mention passable au baccalauréat et même parfois sans le baccalauréat par des examens particuliers. Autrefois (il y a quarante ans) le baccalauréat français était contrôlé par les professeurs de l’enseignement supérieur, présidents des jurys, bien que les correcteurs fussent déjà en majorité des professeurs de l’enseignement secondaire. Progressivement sous la pression des services administratifs de l' »Education Nationale » et le harcèlement des politiciens socialistes désireux d’amener une forte proportion de la population scolaire à obtenir le fameux diplôme, le contrôle du baccalauréat a totalement échappé aux Universités. Il en a résulté un baisse notable du niveau moyen d’admission dans les Universités, dont souffrent les professeurs des Universités mais aussi les meilleurs étudiants car le niveau moyen à la baisse déteint évidemment sur le niveau des cours enseignés.
En Angleterre une des lettres A,… C indiquées dans l’article ( = mentions) correspond à un niveau de réussite dans une matière donnée. Il n’est théoriquement pas possible d’entrer dans l’Université si on n’a que des notes « passables » dans toutes les matières. Ce système se poursuit au fil des années universitaires. Si on reste « passable » dans une matière donnée, on acquière une « unité de valeur » pour le diplôme final, mais on ne peut pas poursuivre dans l’approfondissement de cette matière pendant les années suivantes. Au contraire si on a de bonnes mentions dans une ou plusieurs matières on peut poursuivre l’étude de ces matières, ce que les Anglais appellent « majorer ». C’est un auto-sélectif puisque les candidats savent à quoi s’en tenir sur l’orientation de leurs études futures et les professeurs n’ont pas à se « tête la tête » dans les jurys chargés de l’orientation des étudiants.
Il serait souhaitable qu’un système équivalent soit mis en place en France, tant dans les Universités, que dans l’enseignement secondaire. Il résoudrait le problème des classes de niveaux, si nécessaires pour remonter la pente de l’inculture. Encore faut-il accepter de noter les épreuves et devoirs tout au long des études et cesser de considérer le système de l’instruction comme une garderie pour enfants rétifs et désobéissants dont les parents se débarrassent le matin pour la journée en attendant de les coller le soir devant la télé.
En France c’est gratuit pour les enfants des dignitaires d’Afrique et des Émirats.Par contre ils ont du mal de ne plus avoir du personnel à leur service.
ceci dit, former des étudiants étrangers est un très bonne chose, si et seulement si ils repartent dans leur pays avec d’excellents souvenirs