Importations de tomates marocaines : Les producteurs français dénoncent la concurrence déloyale

En 2023, les importations de tomates marocaines vers la France ont encore largement augmenté en volume comme en valeur constatent les producteurs de l’Association d’organisations de producteurs nationale Tomates et Concombres de France. Une situation clairement favorisée par l’accord de libre-échange UE-Maroc et par l’absence d’étiquetage consommateur clair de l’origine des produits marocains.

Les importations de tomates marocaines en très forte croissance

Sur la saison 2022-2023, 424 690 tonnes de tomates marocaines ont été importées en France, pour 394 740 tonnes en 2021-2022, soit une augmentation de 7,6 %*. En valeur, cette augmentation est de plus de 168 millions d’euros, soit 27, 5% !

Les importations de tomates marocaines sont très clairement tirées vers le haut par des enseignes de la grande distribution qui favorisent les offres « petits prix » au détriment de l’offre française et par des circuits de restauration hors foyer non soumis aux obligations d’affichage de l’origine.

Accord agricole UE -Maroc : des barrières douanières inexistantes

Selon l’accord UE/Maroc (2012), les exportations marocaines sont soumises à :

  • Un contingent tarifaire à droit nul de 285 000 tonnes réparties mensuellement du 1er octobre au 31 mai ; au lieu de 185 000 tonnes par an que permettait le précédent accord ;
  • Une réduction de tarif droits de douane ad valorem de 60 % de juin à septembre sans limitation ;
  • Un prix d’entrée conventionnel de 0,461 euros/ kg du 1er octobre au 31 mai (ce prix d’entrée date de 2000 et n’est même pas indexé sur l’inflation).

Depuis 2014, la méthode de calcul du prix d’entrée se fait sur la base de la valeur forfaitaire à l’importation (VFI). Cette méthode ne prend pas en compte l’évolution variétale des importations de tomates marocaines et de l’offre désormais très importante en tomates cerises, ces productions ayant une forte valeur ajoutée.

De fait, la méthode de calcul de la VFI, l’absence de révision du prix d’entrée conventionnel, les réductions ou l’absence de droits de douanes sur des volumes importants, équivalent à l’absence presque totale de barrières douanières entre le Maroc et l’Europe et à l’absence de protection du marché européen.

Des aberrations environnementales

Malgré des conditions météorologiques favorables qui lui permettent d’alimenter le marché français même l’hiver, le Maroc est classé parmi les pays à « stress hydrique élevé ». Le pays devrait atteindre sa sixième année de sécheresse consécutive en 2024. Le développement de l’irrigation dans le cadre du Plan Maroc vert a largement contribué à la surexploitation de la plupart des ressources en eaux souterraines et à la baisse alarmante des niveaux de plusieurs nappes, ainsi qu’à la dégradation de la qualité de l’eau.

Des avantages concurrentiels impossibles à suivre pour les producteurs français

Sans surprise, c’est grâce au coût extrêmement bas de la main d’œuvre que les producteurs marocains parviennent à présenter sur les étals français des prix défiant toute concurrence. Au Maroc, le salaire minimal brut horaire est de 0,81€, soit un coût employeur de 0,98€. L’écart avec la France est de 12,79 € !

Une origine Maroc illisible pour les consommateurs

Aujourd’hui, les consommateurs sont attentifs à la qualité ainsi qu’à l’origine des produits qui composent leur alimentation. Selon une enquête « terrain » commanditée par l’AOPn Tomates et Concombres de France en 2022 : 79 % des acheteurs jugent l’origine importante dans leurs achats de tomates cerises après l’aspect et le prix.

Les revendications principales des producteurs français auprès des pouvoirs publics sont les suivantes :

      Impression du drapeau du pays producteur avec une hauteur de 15 mm minimum. Et à proximité immédiate du drapeau : conserver la mention écrite d’origine selon la hauteur de corps de caractère spécifiée dans l’actuel règlement Information consommateurs

      Mention du marquage d’origine du produit apposée sur la face supérieure de l’emballage du produit (face la plus visible en rayon).

      La mention du lieu et du pays d’emballage doit être écrite en taille de caractère inférieure à celle du pays d’origine.

Il y a plus simple néanmoins : la détaxation de la proximité. Plus les produits sont produits localement, moins il y a de taxe. A l’inverse, plus ça vient de loin, plus les taxes incitent à ne pas acheter ni consommer ses produits.

Crédit photo : DR

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4 réponses à “Importations de tomates marocaines : Les producteurs français dénoncent la concurrence déloyale”

  1. Mouchet dit :

    Et encore si vous pouviez analyser et constater en laboratoire les plusieurs pesticides, engrais chimiques plus la pollution du transport sur les tomates marocaines, vous n’oseriez même plus les regarder. Notre système de consommation est complètement ubuesque et imbécile.

  2. kaélig dit :

    Ces distorsions de concurrence entre les pays à bas coûts de main-d’oeuvre et de surcroit non soumis aux règles sanitaires et environnementales imposées aux producteurs agricoles français sont inadmissibles.
    Importateurs et distributeurs y trouvent largement leur compte et réalisent des profits indécents.
    On pourrait espérer qu’à minima de fortes taxes d’importation soient appliquées pour réduire les écarts de prix et accessoirement abonder au budget de l’Etat.
    En fait, et depuis longtemps, l’agriculture est l’otage des négociations commerciales entre pays riches et pays pauvres: « Achetez nos produits manufacturés (dont des armes) et nous achèterons vos produits alimentaires. »

  3. patphil dit :

    boycottez les produits importés en concurrence avec des produits français

  4. Christophe Fourcade dit :

    L’OFB (Office Français de la Biodiversité) surveille est espionne régulièrement les agriculteurs et leur font des tracasseries sans plus finir pour voir s’ils appliquent les règles, notamment écologiques.
    Cet Office qui vient d’être doté d’un budget de 620 milliards d’euros ne sert qu’à faire chier les agriculteurs, les éleveurs, les chasseurs, les pêcheurs etc.. Ce sont des cow-boys et des pistoleros qui arpentent les campagnes, les bois, les forêts, les champs, investissent les fermes agricoles pour dresser des PV à tout va. Ils ne sont pas là pour conseiller et prévenir mais pour foutre des coups de matraque derrière les oreilles des citoyens honnêtes.
    Sous couvert d’écologie, voilà un autre racket de l’état applaudi par les écolos et la gauche, au même titre que les radars routiers et autres interdits qui rendent la vie impossible.
    Le 09 Juin, il faudra aller aux urnes, pour signifier à Macron, à ses copains écolos et à toute la gauche qu’ils sont indésirables et hautement nuisibles.
    Maintenant, ça suffit, il y en a ras la casquette de ces normes absurdes qui foutent sur la paille l’agriculture française.

    Le Gascon, Agriculteur, Eleveur, Chasseur, Pêcheur

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