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Communisme. L’héritage de Lénine…

Bien que le monde soit de plus en plus distrait par les élections de cette année, plusieurs événements ne devraient pas passer inaperçus. Ce mois-ci marque le centième anniversaire de la mort d’un homme qui a laissé une empreinte indélébile sur le monde moderne et, en fait, sur toute l’histoire de l’humanité. Le 21 janvier est l’anniversaire de la mort de Vladimir Ilitch Oulianov, plus connu sous le nom de camarade Lénine.

Bien qu’un siècle se soit écoulé depuis sa mort, son héritage fait encore l’objet de nombreux débats. Mais ces discussions ne se limitent pas à l’ex-Union soviétique. Lénine a imprimé son nom et ses idées si profondément dans notre conscience politique moderne qu’il n’est que juste de reconnaître que le monde aurait été totalement différent s’il n’avait pas existé. Il est probable que l’histoire aurait été bien meilleure sans lui, mais, comme c’est souvent le cas dans l’histoire de l’humanité, elle aurait également pu être bien pire.

Pour rendre au diable ce qui lui appartient, Lénine était et reste un héros pour beaucoup, présenté comme le grand révolutionnaire qui, avec peu de choses mais une volonté infatigable, a incité ses compatriotes à renverser l’ordre tsariste, l’une des règles les plus oppressives et les plus arbitraires de l’histoire moderne. En effet, Lénine était un individu remarquable, doté d’une intelligence féroce et d’une grande habileté politique. Comme les autres grands hommes du début du XXe siècle qui ont su tirer le meilleur parti des nouveaux moyens de communication, Lénine était un orateur dévorant : captivant, éloquent et percutant. Mieux encore pour son âge, il possédait le don beaucoup plus rare de rassembler des idées ésotériques et de les condenser en doctrines compréhensibles, capables d’être comprises et adoptées par les travailleurs.

Mais l’adulation doit s’arrêter là, car son intelligence féroce a encore des limites. Lorsqu’il l’a rencontré, Bertrand Russell a noté que « [Lénine] semblait … une réincarnation de Cromwell : l’orthodoxie absolue. Il pensait qu’une proposition pouvait être prouvée en citant un texte de Marx, et il était tout à fait incapable de supposer qu’il puisse y avoir quoi que ce soit dans Marx qui ne soit pas juste ». Lénine n’est jamais allé beaucoup plus loin que les doctrines de Marx et de ses disciples. Tout au long de sa vie, il a beaucoup écrit sur Marx et la révolution, mais il est rarement allé au-delà de ces sujets. C’était donc un idéaliste obstiné qui, contrairement à ce que croient nombre de ses admirateurs d’hier et d’aujourd’hui, a sans aucun doute été à l’origine de l’un des régimes totalitaires les plus brutaux, les plus destructeurs et les plus barbares qui aient jamais existé, si ce n’est le seul. Il a jeté les bases idéologiques dans ses écrits en exil pendant des décennies et a pris la liberté de les construire une fois qu’il a pris le contrôle total de l’État russe.

Lénine a été un despote en consolidant son emprise sur le pouvoir et celle des bolcheviks. Il a instauré un ordre révolutionnaire strict, exigeant, selon ses propres termes, la « répression impitoyable des tentatives d’anarchie de la part des ivrognes, des hooligans, des contre-révolutionnaires et d’autres personnes ». Cela se traduisait par une simple balle dans la tempe ou dans les yeux sans procès ou, comme il l’a écrit dans Sobrannye Sochineniya, par « une punition dans des [camps] de travaux forcés du type le plus dur ». Il n’hésitait pas à recourir à la force brute ou aux coups de feu des pistolets pour paralyser les travailleurs qu’il avait soi-disant consacré sa vie à libérer. Il a atteint ces objectifs en abolissant le droit à un procès équitable en Russie, un droit qui existait dans la Russie tsariste. Tout comme l’abolition du droit à un procès équitable, c’est à Lénine, et non à Staline, que l’on doit la création et la mise en œuvre du goulag.

Le rétablissement de la peine de mort est également dû à Lénine. La peine capitale avait été abolie en 1917 avec l’effondrement et l’abdication des Romanov. Toutefois, cette décision a été rapidement annulée en 1918 pour des raisons de commodité politique. Lénine savait « qu’en l’absence de peine capitale, il n’y aurait aucun mouvement dans la direction de la nouvelle société », comme l’a fait remarquer Alexandre Soljenitsyne dans L’Archipel du Goulag. C’est ainsi que la peine capitale est réapparue avec une certaine vengeance, se manifestant dans la Terreur rouge, qui a vu environ 100 000 personnes de tous horizons exécutées par un peloton d’exécution (et pas seulement les forces d’opposition pendant les guerres civiles, comme certains universitaires malhonnêtes ont osé le prétendre). Lénine affirmait qu’il était « nécessaire, secrètement et de toute urgence, de préparer la terreur ». Il la soutenait et poussait à son déploiement impitoyable avant même la révolution, affirmant qu' »aucun gouvernement révolutionnaire ne peut se passer de la peine de mort, et l’essentiel de la question est seulement de savoir contre quelle classe l’arme de la peine de mort sera dirigée ».

C’est Lénine qui a entamé le cruel processus de collectivisation dès 1918. En février de la même année, chaque pouce de terre russe a été nationalisé, ce qui représente le vol systématique et institutionnalisé de toutes les possessions privées de la quasi-totalité de la paysannerie et du prolétariat. En décembre 1920, la famine était si omniprésente que les bolcheviks ont décrété un prélèvement forcé sur les denrées alimentaires, en vertu duquel tous les excédents de céréales ont été confisqués sous la menace de la mort. Cette mesure a alimenté la rébellion de Tambov, au cours de laquelle des paysans à moitié affamés ont courageusement résisté aux confiscations de céréales. Environ 100 000 soldats ont été déployés dans la ville de Tambov, dans le sud de la Russie. Les soldats avaient pour instruction de tuer tous ceux qu’ils soupçonnaient de se rebeller contre le gouvernement. Selon des recherches récentes menées par Ian Johnson, membre du Clements Centre for National Security de l’université du Texas (Austin), plus de 240 000 hommes, femmes et enfants ont été massacrés sans discernement. Les soldats sont même allés jusqu’à déployer des gaz toxiques afin d’attraper les rebelles potentiels qui tenteraient de fuir une mort certaine.

La cruauté de Lénine et du gouvernement soviétique ne s’est pas seulement manifestée à Tambov. D’autres révoltes contre les bolcheviks ont été menées par les masses décharnées qui avaient été laissées à la famine pendant que les Soviétiques poursuivaient leurs objectifs idéologiques. La rébellion de Kronstadt est l’une des plus remarquables. Survenue dans une ville qui, dès 1917, s’était majoritairement prononcée en faveur du régime bolchevique, elle a été marquée par la répression violente de milliers de soldats et de marins, dont beaucoup allaient y laisser leur vie.

N’oublions pas non plus la fameuse « Nouvelle politique économique » de 1921, souvent présentée comme une réussite par de nombreux admirateurs de Lénine. Cette politique permettait d’échapper à l’implacable collectivisation mise en œuvre par le gouvernement soviétique. Elle permettait également aux paysans de bénéficier des profits et de l’excédent de leur travail après l’imposition initiale de 20 %. Que l’on puisse ou non considérer cela comme un progrès pour Lénine n’a guère d’importance, car cette politique n’était pas du tout l’œuvre de Lénine. Elle avait été suggérée par Léon Trotski en 1920. Lénine l’a d’abord rejetée pour des raisons idéologiques, avant de décider de la mettre en œuvre l’année suivante.

Il est à noter que Lénine est devenu dépressif et découragé vers la fin de sa vie. Peut-être était-ce parce qu’il avait l’intelligence de reconnaître la calamité de sa révolution. Même si c’est le cas, cette reconnaissance ne l’exonère pas de sa culpabilité. En fait, le pire était encore à venir lorsqu’il a été remplacé par la catastrophe encore plus sanglante, plus suspecte et plus meurtrière qu’était Josef Staline. Et quoi qu’on en pense, la responsabilité du lâchage de Staline sur les peuples d’Europe de l’Est ne peut être que celle de Lénine.

D’aucuns diront que j’ai été sélectif dans le choix de mes exemples. C’est vrai, de la même manière que nous nous souvenons d’Hitler pour l’Holocauste plutôt que pour la construction des autobahn à travers l’Allemagne. Cependant, lorsque nous atteindrons le centième anniversaire de la mort d’Hitler, il n’y aura plus grand monde pour célébrer et vénérer sa mémoire. Nous sommes aujourd’hui au seuil du même anniversaire pour Lénine, et notre attitude ne devrait pas être différente.

Lénine a créé l’Union soviétique, un empire fondé sur l’oppression de centaines de millions de personnes pendant plus de sept décennies, garantissant la misère et la souffrance intergénérationnelles de la majeure partie de l’Europe de l’Est. Pour cela, il ne mérite pas d’être célébré. Au contraire, il mérite d’être condamné à entrer dans l’histoire comme un dictateur violent et meurtrier qui a mis son propre peuple à genoux. Que ce soit là son héritage.

Jake Welch (The European conservative, traduction breizh-info.com)

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2 réponses à “Communisme. L’héritage de Lénine…”

  1. jeando dit :

    Quand allons nous juger le communisme? Pour les souffrances, les assassinats et les déportations en camp de concentration? Qui existent encore en Chine, Corée du Nord et Russie?

  2. Toto dit :

    Surtout que, comme Sophie Binet, il n’a jamais travaillé de sa vie: ça c’est fort!!!

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