C’est un très beau cadeau que viennent de nous faire les éditions Yoran Embanner : un récit dont le texte, en breton et en français, nous mène dans un univers à la fois familier et fabuleux. C’est l’histoire de trois petites filles dont les trois oiseaux ont des propriétés merveilleuses. Ces propriétés quasi magiques leur seront expliquées et leur seront bien utiles pour conjurer les fléaux qui menacent le pays. Quelle en est l’origine ? Il faut la chercher dans une époque où les trois couleurs de ces oiseaux rythmaient le monde de nos ancêtres.
Ce ne sont pas les seuls êtres qui jouent un rôle dans nos traditions, la fin du livre en donne des exemples botaniques et zoologiques : la fougère qui éloigne les serpents, la pomme associée au paradis insulaire ; le papillon attaché aux âmes, le hibou à la connaisssance, et tant d’autres. On apprend ainsi beaucoup de choses.
L’illustration nous fait bien sentir la prégnance de cette atmosphère : la ligne est nette, le contour affirmé, le détail précis et plein de vie, les couleurs adaptées au climat souhaité. La dessinatrice, qui fait preuve d’un grand talent et que l’on devine attentive aux différentes écoles de l’art graphique, a délibérément puisé dans le style breton, notamment celui du costume, et dans la symbolique celtique, hors de tout anachronisme.
Rien à voir ici avec de la muséographie : en l’occurrence, maintenant que la Bretagne a perdu une bonne partie de son patrimoine, l’essence lui en est restituée sous une forme simple et onirique mais jamais simpliste, comme une invitation. C’est assez rare pour être relevé. Les jeunes lecteurs ne s’y tromperont pas, séduits par le jeu des couleurs et des formes, toujours très lisible pour eux, et les plus âgés y verront une possibilité de ressourcement. Un bref rappel historique, très bien venu, clôt l’ouvrage.
Source : capture yoran-embanner.com
J’aimerais citer ici les vers bretons si harmonieux qui composent la formule bénéfique, le charme, révélée par le chant des trois oiseaux. Mais autant laisser au lecteur le soin de le découvrir et de l’apprendre, et de le transmettre à ses enfants. À mon avis, il doit être très efficace…
Pour en savoir plus sur ces mystères, certainement il faut aller voir dans les autres titres de l’éditeur Yoran, qui proposent d’excellents livres consacrés au monde celtique. Mais ceci est une autre affaire…
Avec An tri evnig, entraîné par la magie évocatoire de l’illustration, le lecteur sera emporté dans un monde d’autant plus vrai qu’il atteint au rêve, et à des croyances qui sont effectivement l’âme de nos peuples.
Gwendal Le Goff
AN TRI EVNIG – LES TROIS OISELETS
par Valérie Coïc et Philippe Jouët,
Éditions Yoran embanner, 71 Hent Mespiolet, 29170 Fouesnant.
Ouvrage relié, 64 pages, 21 x 23.5 cm, illustrations en couleurs.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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