A la découverte des Saints Bretons. Le 17 janvier c’est la Saint Anton

Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.

Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».

En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.

Le 17 janvier c’est la Saint Anton

Ermite né en Haute-Egypte au 3e siècle, mort à 105 ans, patron des charcutiers et de la Légion étrangère.

Antoine le Grand, Antoine d’Égypte ou Antoine l’Ermite est considéré comme le fondateur de l’érémitisme chrétien. Sa vie nous est connue par le récit qu’en a fait saint Athanase vers 360. Il serait né vers 251 et mort vers 356 à l’âge de 105 ans, entre les bras de ses deux disciples bien-aimés, Macaire l’Ancien ou Macaire d’Égypte et Amathas.

Né en Égypte à Qeman (Fayyoum) dans une famille copte assez riche et fervent chrétien, dès l’âge de vingt ans il prend l’Évangile à la lettre et distribue tous ses biens aux pauvres, puis part vivre dans le désert en ermite dans un fortin à Pispir, près de Qeman. Là, à la manière du Christ, il subit les tentations du Diable; mais si pour le Christ cela ne dure que quarante jours, pour Antoine c’est beaucoup plus long et plus difficile, les démons n’hésitant pas à s’attaquer à sa vie. Mais Antoine résiste à tout et ne se laisse pas abuser par les visions tentatrices qui se multiplient.

En 312 il change de désert et va en Thébaïde, sur le mont Qolzum (où se trouve aujourd’hui le monastère Saint-Antoine). Le Diable lui apparaît encore de temps en temps, mais ne le tourmente plus comme autrefois. Vénéré par de nombreux visiteurs, Antoine leur donne à chaque fois des conseils de sagesse, les invitant à la prière plutôt qu’à la violence.

Les religieux ayant adopté le mode de vie solitaire de saint Antoine sont appelés anachorètes, s’opposant aux cénobites qui choisissent la vie en communautés monastiques.

Ses représentations

La vie de saint Antoine et ses tentations ont inspiré de nombreux artistes, notamment Jérôme Bosch, Pieter Bruegel, Dali, Max Ernst, Matthias Grünewald, Diego Vélasquez. Gustave Flaubert lui a également consacré un récit (La Tentation de saint Antoine). Les artistes ont aussi souvent représenté sa rencontre avec saint Paul de Thèbes, peu de temps avant la mort des deux ermites (cathédrale de Chartres).

De nombreuses représentations du saint nous le montrent accompagné d’un cochon portant une clochette. Selon Émile Mâle[1] qui signale que cette tradition date de la fin du XIVe siècle, le cochon n’a rien à voir avec la vie du saint mais avec un ordre religieux fondé en Dauphiné en 1095 (les Antonins) : les porcs n’avaient pas le droit d’errer librement dans les rues, à l’exception de ceux des Antonins, reconnaissables à leur clochette.

Ses reliques

Une légende veut que les reliques de Saint Antoine-l’Égyptien aient été ramenées de Terre Sainte par un seigneur du Dauphiné, au XIe siècle. Elles sont déposées dans le village de La Motte aux Bois, qui devient Saint-Antoine-l’Abbaye. Les Bénédictins commencent alors la construction d’une église et d’un hôpital destiné à soigner les victimes du Mal des Ardents. Au XIIIe siècle, le Pape confie les lieux aux chanoines de l’Ordre de Saint-Antoine. De grands travaux d’extension sont menés du XIVe au XVIe siècles, période faste pour l’Ordre en général et l’abbaye en particulier.

En janvier 2006, les reliques d’Antoine le Grand ont été déplacées de la France (Arles) vers l’étranger, en Italie sur l’île d’Ischia.

Crédit photo : DR

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Une réponse à “A la découverte des Saints Bretons. Le 17 janvier c’est la Saint Anton”

  1. Le Merle Moqueur dit :

    Patron des Charcutiers de la légion étrangère… On ne fait pas d’quartier disent-ils !

    Blague à part, lire « La tentation de Saint Antoine » de Flaubert.

    L’auteur de Madame Bovary sous l’emprise du tableau de Breughel qu’il vit à Gènes au Palais Balbi le décrit dans un de ses carnets de voyage. 1849 il présente le manuscrit du roman à des amis. Leurs avis, défavorable. 1856 il a réduit de moitié le texte. Pas plus de chance, l’ouvrage va dormir dans un carton. 1869 troisième tentative de rapprochement avec le moine du désert. Finalement après bien des problèmes personnels vers les années 1872, il met une touche quasi final à La Tentation qui paraitra en 1874.

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