Né près de Dinan à l’époque où la Bretagne était encore indépendante, Bertrand du Guesclin est parfois considéré comme un traître en raison de son engagement en tant que commandant de l’armée royale française. Une bande dessinée fait de lui un portrait élogieux.
En l’an 1337, à Rennes. Un tournoi festif est organisé à l’occasion du mariage de Charles de Blois avec Jeanne de Penthièvre. Un jeune homme y participe, de façon anonyme. Enchaînant les victoires, ce n’est qu’au quinzième combat qu’il est désarçonné. Tout le monde découvre alors qu’il s’agit du jeune Bertrand du Guesclin. Son père, Robert du Guesclin, qui jusqu’ici avait honte de son fils aîné au physique disgracieux, exprime alors sa fierté. Bertrand reçoit les félicitations de Jeanne de Penthièvre, devenue de Blois. Il fait serment de lui être toujours dévoué. Mais une guerre éclate entre le roi de France Philippe VI et le roi d’Angleterre Edouard III Plantagenêt, le premier étant le neveu de Philippe IV Le Bel, le second son petit-fils par sa mère Isabelle. L’enjeu est la couronne de France. Pareillement, à la mort du duc Jean III, le duché de Bretagne est disputé entre son demi-frère Jean de Montfort et sa nièce Jeanne de Penthièvre. La Bretagne est divisée entre des partisans des deux camps. Lorsque le roi de France décide de soutenir Jeanne de Penthièvre, épouse de son neveu Charles de Blois, Jean de Montfort se rallie aux Anglais. Charles de Blois assiège les places tenues par les partisans de Jean de Montfort. Sans doute par fidélité à son engagement envers Jeanne de Penthièvre, Bertrand du Guesclin combat dans le camp de Charles de Blois. Il démontre alors sa vaillance, d’abord en 1342 lors du siège de la ville de Rennes. Après la trêve de Malestroit, laissant les Anglais implantés en Bretagne, du Guesclin trouve refuge dans la forêt de Paimpont et s’empare, par la ruse, de la forteresse de Grand-Fougeray. En 1353, il s’engage au service du Royaume de France. Ses exploits se multiplient. Il se bat pour Henri II de Castille, puis pour le Duc d’Anjou, gendre de Jeanne de Penthièvre. En 1370, le Roi le nomme Connétable de France. Il reprend aux Anglais des places fortes du Maine, de l’Anjou, du Poitou et de l’Aquitaine. Il meurt en 1380.
Philippe Glogowski, scénariste et dessinateur belge, est né à Charleroi en 1960. En 1990, il publie son premier album : Le Serment de Prato – Les Lansquenets aux éditions Soleil. En 1992, il fait son entrée au journal Spirou avant de publier des bandes dessinées historiques. A partir de 2002, aux éditions du Triomphe, il dessine L’Histoire de la Légion étrangère (en quatre volumes), Avec Massoud, La Grande Guerre (2 tomes), Les Fantômes de Katyn – 1940, Le Trésor du Puy du Fou (3 tomes), l’Histoire des spahis (2 tomes), les Hussards de Bercheny (2 tomes), Harkis – Fidélité et Abandon, Avec Kœning, Avec le Maréchal Juin, Les Aventures du Colonel Mareuil (t. 3)…
Spécialisé dans la bande dessinée historique, il vient de réaliser un album consacré à du Guesclin. Il met en valeur sa force physique et son aptitude au commandement. On découvre un chef de guerre inventif, droit et courageux. Il a sans doute permis à l’armée royale française, au début de la guerre de Cent Ans, de ne pas s’effondrer face à l’armée anglaise. Mais en Bretagne, il lui a parfois été reproché de s’intéresser davantage à la survie du royaume de France qu’à celle du duché de Bretagne.
Par un dessin réaliste, Philippe Glogowski nous montre la Bretagne au XIVème siècle. On apprécie la reconstitution de la ville de Rennes, avec ses remparts et tours de défense. Il dresse le portrait d’un Du Guesclin particulièrement laid, conformément à la réalité. Pour la même raison d’exactitude, bien que la plupart des représentations qui ont été faites de lui le montrent avec une épée, Du Guesclin dans cette bande dessinée combat avec une grande hache.
Kristol Séhec
Du Guesclin, Connétable de France, 44 pages, 16,90 euros, Editions du Triomphe.
Illustrations : DR
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