Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 6 janvier, c’est la saint Melaine (Melan)
Saint Melaine (en latin Melanius) fut évêque de Rennes à partir de 505. Sa date de naissance se situe vers 456. Il participe en 511 au concile d’Orléans, convoqué par Clovis. On situe sa mort vers 530. Fête le 6 janvier.
Né probablement à Platz, actuel Brain-sur-Vilaine) ou plus précisément La Chapelle-de-Brain, près de Redon, où une église[1] lui est dédiée. Il aurait été d’origine aristocratique et le fils de riches propriétaires gallo-romains. Très jeune, il aurait décidé de faire de sa maison familiale un monastère.
Sans être le fondateur de l’évêché de Rennes, il est considéré comme son premier grand représentant, alors qu’apparaissent les sept saints fondateurs de l’église bretonne. Désigné par saint Amand comme successeur en 505, il devient par la suite conseiller de Clovis et sa présence au concile d’Orléans en 511 est attestée. Il s’y fait l’avocat des cités de Bretagne occidentale qui, sans avoir été soumises aux Francs, avaient conclu des traités avec eux. Entre 509 et 521, il écrit conjointement avec les évêques de Tours et d’Angers à deux moines bretons, Catihernus et Louocatus, une lettre de remontrances sur la célébration de rites qui semblent propres aux chrétiens celtes.
Selon Salomon Reinach (d’après Procope de Césarée et Grégoire de Tours), il aurait négocié avec saint Patern et Clovis pour établir en 497 un traité entre les Francs, les Gallo-Romains d’Armorique qu’il représentait et les Bretons. Les deux derniers peuples ne payaient pas de tribut, mais reconnaissaient la suprématie des Francs. Selon Léon Fleuriot, la conversion de Clovis et de son peuple était la condition non écrite du traité ce qui leur aurait permis de recevoir en échange un appui décisif, car garanti par l’Église, dans la lutte contre les autres peuples germaniques
Sa vie est émaillée, comme celle de la plupart des saints, de faits extraordinaires qui attestent de son envergure de personnage civilisateur et politique. La date de son décès est aussi vague que celle de sa naissance, peut-être le 6 novembre 535 (ou bien 572 ou plus probablement en 530). Il est enterré sur la colline du Champ du Repos à Rennes. C’est là que fut construite l’abbaye Saint-Melaine[2].
Son nom semble venir du grec melanos (noir), mais on envisage parfois d’autres hypothèses : soit un dérivé du vieux breton mael (prince), soit l’adjectif breton melen (jaune).
Miracles
Sa popularité est en grande partie liée aux miracles qui se seraient produits après sa mort, pendant que son corps était transporté en barque sur la Vilaine jusqu’à Rennes. Le plus spectaculaire d’entre eux est assez étonnant : il libère des voleurs enfermés dans une tour, dans laquelle une brèche se creuse au passage de la barque, pendant que les prisonniers voient leurs chaînes tomber.
Un auteur contemporain écrivit sa vie, puis au XIe siècle Gervais de Belleme, évêque du Mans, et ensuite archevêque de Reims, relata dans une courte notice plusieurs miracles opérés dans le diocèse du Mans, par son intercession. L’un d’eux qui eut pour théâtre Argentré peut avoir donné naissance à la paroisse de Saint-Melaine érigée à deux lieues de là sur la commune actuelle de Laval, ou du moins lui avoir fait donner ce patronage.
Rôle politique
Devenu évêque de Rennes, il exerce un rôle politique en servant d’intermédiaire entre la population gallo-romaine et le nouveau pouvoir franc, que Clovis met en place. En 511, il est présent au concile d’Orléans qui réunit l’épiscopat gaulois autour de la récente monarchie franque.
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3 réponses à “A la découverte des Saints Bretons. Le 6 janvier, c’est la saint Melaine (Melan)”
Jour de l’Épiphanie
St Melaine est le nom d’une ancienne paroisse de Cholet qui a disparu vers 1940. La rue St Melaine existe toujours et mène à l’emplacement de cet ancien quartier.
Saint Melaine est encore le nom de l’église de Miré dans le Main et Loire.