(Bis repetita placent) Lorsque l’Ankou rôde autour de soi, il est bon de se réfugier dans la bibliothèque… Relire tous les livres ? Leur sacralisation interdit qu’on balance ces agglomérats de papiers aux ordures. Mais par où commencer ? Eh bien par ceux qui ont acquis de l’importance avec le passage du temps, avec l’Histoire…
Poussé par la nostalgie (« qui n’est plus ce qu’elle était »), j’ai réouvert un ouvrage rare de nos jours, édité une première fois aux USA en 1941 et intitulé à l’origine, en anglais : « Out Of The Night ». La guerre rôdait mais n’était pas encore déclarée entre les Yankees et la coalition Nazis-Japonais… Il s’en vendit, la première année, un million d’exemplaires ! Traduit en français, en 1948, par Jean-Claude Henriot sous le titre Sans Patrie ni frontières, ce livre est paru chez Dominique Wapler en 1949, et imprimé chez Bellenand, à Fontenay-aux-Roses… Ses 790 pages, en gros papier de l’époque, racontent par le menu les aventures de Jan Valtin, broyé par le Grand Satan du moment : le bolchevisme. Cet Allemand naquit « en 1904 », aux environs de Mayence, mais, en réalité, le 17 décembre 1905. Il se nommait Richard Julius Hermann Krebs.
Au lieu d’ânonner les sornettes de la théorie, comme on le fait au début, on tirera davantage de profit de Panaït Istrati, de Souvarine, de George Orwell, du remords d’André Gide et de toute une bibliothèque qui achèvera d’ouvrir les yeux de l’impétrant sur la pratique du « communisme réel ». Mais, qu’on soit assez curieux de la théorie pour comprendre ce dont il est question. Finalement, on passera plus de temps sur Jan Valtin, écrivai-je jadis, que sur l’œuvre de Lénine. Certes on aura un peu de mal à faire admettre au populo que ce livre gigantesque (Out of The Night) vous introduit en Allemagne des années 1930 dans les arcanes de la vérité stalinienne.
C’est une autobiographie romancée de Richard Krebs, le vrai nom de Jan Valtin — de sa naissance à 1938. La majeure partie [de ce livre] est une description valable des déformations réelles qui advinrent au mouvement révolutionnaire devenant étranger à son objectif initial et à ses racines dans la lutte de classe, ainsi que l’écrit Karl Korsch, dans « Revolution for what ? » (in Living Marxism, Vol.V, n°4, Spring, 1941, Chicago), lequel est cité par Jacques Baynac, à la fin de quatre pages blanches (elles ont été supprimées) dans sa postface de l’édition de 1974 — une décision de justice démontrant que le service de sécurité communiste ne faiblit jamais.
La vérification de cette autobiographie par les historiens conduit à douter de l’authenticité de certains faits. Il est donc permis de conclure à un roman mais cela ne retire rien au caractère antisoviétique et antinazi des 790 pages du texte.
Plus extravagant est toutefois un maigre ouvrage que je vous propose de lire en l’occurence… si vous le trouvez. C’est le « STALINE, un monde nouveau vu à travers un homme », de ce farceur d’Henri Barbusse. Vous vous régalerez des 87 pages de ce petit chef-d’oeuvre du « genre lèche-cul » qui démolit, après le Goncourt usurpé de 1916… s’il fallait encore le faire… ce grand benêt menteur et toussotant. « Sa soumission au stalinisme en sa pire époque et ses dénonciations mensongères (notamment à l’égard de PanaIt Istrati…lequel n’avait eu que le courage de dire la vérité) » expliquent largement cette appréciation d’un amateur sur Wikipedia. Personnellement nous nous en tenons à « Plutôt Genevoix que Barbusse » pour le récit descriptif de « Ceux de 14 ».
MORASSE
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3 réponses à “Out Of The Nigh. Retour en bibliothèque (3)”
Merci de m’avoir fait découvrir le talent de Panaït Istrati !
Qui lit encore Barbusse, tombé depuis longtemps dans les oubliettes de la littérature ? Il n’y a que dans les anciennes communes cocos que l’on voit encore son nom sur quelques plaques de rue.
Quai Henri Barbusse, Nantes, France…