Berlin Est, au moment de l’édification du « mur de la honte ». Une intrépide aventurière va déjouer les plans de la Stasi.
Septembre 1961, Gérard, pilote de ligne et Kathleen, hôtesse de l’air, reviennent en train de leur séjour en amoureux sur la Côte d’Azur. Déambulant dans le wagon, Kathleen rencontre Annelore, une jeune musicienne allemande. Particulièrement tendue, celle-ci va passer une audition à Bruxelles. Kathleen éprouve le besoin d’aider l’inconnue. Mais le signal d’alarme fait brutalement freiner le train… La jeune femme a disparu. Kathleen récupère son violon, oublié dans sa cabine. A partir de cet instant, c’est comme si les réseaux d’espionnage de l’Est et de l’Ouest la suivaient en toute discrétion. A Bruxelles, un homme fouille dans le sac de Kathleen, prend son portefeuille qu’un autre lui rend quelques minutes plus tard, comme si elle l’avait perdu. Le lendemain, un micro est placé dans son logement. N’hésitant pas à prendre des risques, son enquête va la mener jusqu’à Berlin Est. Kathleen comprend qu’Annelore mène une double vie : violon et espionnage…
Le journaliste belge Patrick Weber a déjà signé de nombreux scenarios de bandes dessinées ayant pour cadre l’Histoire (Novikov, Alix 26, 27 et 28, La dernière reine, Loïs 3, 4 et 5, 1066 et Sparte) ou les îles bretonnes (Ouessantines, Belle-île en père, Cache-cache mortel à Bréhat et Sang de Sein).
Dans cet album, il créé un récit d’espionnage en pleine guerre froide. L’action se déroule en 1961, entre la Belgique et l’Allemagne, au moment de l’édification du mur de Berlin. Berlin 61 constitue ainsi le cinquième épisode de la série Les Aventures de Kathleen. On apprécie cette série d’albums articulée autour d’un même personnage à divers moments de sa vie. Après avoir connu dans sa jeunesse Bruxelles sous l’Occupation (Bruxelles 43), été au cœur de l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958 en tant qu’hôtesse d’accueil (Sourire 58), assisté à l’avènement d’un Congo indépendant (Léopoldville 60) et avant d’avoir survécu à l’incendie du grand magasin L’Innovation (Innovation 67), elle a ainsi déjoué les services secrets est-allemands. Comme d’habitude, rien n’effraie cette belle aventurière belge, qui résout les énigmes grâce davantage à son intelligence qu’à son charme.
Dans ce nouveau tome, Patrick Weber ménage l’intrigue en maintenant le mystère autour de la violoniste. Il parvient à restituer l’atmosphère de la guerre froide et les conditions de vie des Allemands piégés par ce mur en plein Berlin. Evitant tout manichéisme, il révèle les méthodes utilisées par chaque camp afin de manipuler l’autre. On regrette seulement parfois que, dans ce nouveau périple de Kathleen, des coïncidences improbables créent un défaut de vraisemblance.
Le trait de Baudouin Deville, dessinateur belge adepte de la ligne claire, est particulièrement académique. Son respect des tenues vestimentaires, trains auto-couchettes et décors nous plonge dans le début des années 1960. Les couleurs douces de Bérengère Marquebreucq conviennent parfaitement à la ligne claire.
En fin d’album, un dossier de huit pages retrace l’histoire de ce célèbre mur détruit en 1989 et dévoile l’Opération Roméo, par laquelle de jeunes et beaux agents de la Stasi étaient formés afin de séduire des femmes de l’ouest occupant des postes importants…
Après la série Jylland, les éditions Anspach nous gâtent une fois de plus.
Kristol Séhec
Berlin 61, 52 pages, 15,50 euros, Editions Anspach.
Illustrations : DR
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2 réponses à “Berlin 61, Kathleen contre les communistes”
Cette BD a l’air super, je vais ma l’offrir pour mas étrennes !
Kathleen n’est pas vraiment un prénom belge. Prénom anglo-américain, issu du gaélique Caitlin. Heureusement que Hergé n’a pas appelé Tintin « Johnny » ou « Winston », Haddock était bien suffisant !