Patrick Buisson est mort mardi 26 décembre 2023 à son domicile des Sables-d’Olonne, en Vendée. Il avait 74 ans et une longue carrière politique et d’influence derrière lui, au sein de la droite française notamment. Retour sur sa carrière.
Patrick Buisson, né le à Paris. Son engagement politique débute au lycée (Pasteur) avec notamment le refus de respecter une minute de silence après une action meurtrière menée par l’OAS. Étudiant en histoire à l’université de Nanterre, appréciant notamment Philippe Ariès et Raoul Girardet, il obtient une licence, puis rédige en 1971, sous la direction de René Rémond, un mémoire de maîtrise sur Les Courants idéologiques dans le mouvement de défense de l’Algérie française. En 1976, il prépare sous la direction de Girardet une thèse de doctorat sur Le Mouvement Algérie française, les hommes et les idées, finalement non achevée.
Durant ses études, il devient vice-président de la Fédération nationale des étudiants de France (FNEF), et s’oppose au Mouvement du 22 Mars en 1968 aux côtés d’Alain Renault. À cette époque, il est également rédacteur en chef avec François Duprat des Cahiers européens, publication nationaliste révolutionnaire.
Puis à la fin des années 70, il se tourne pour l’essentiel vers le journalisme au sein de Minute (1981-1987), dont il devient le correspondant à l’Assemblée nationale, puis en dirige la rédaction pendant un an avant d’aller vers Le Crapouillot ou encore Valeurs Actuelles (directeur de la rédaction en 1992). En 1984, il publie avec Pascal Gauchon, le livre OAS, Histoire de la résistance française en Algérie, préfacé par Pierre Sergent, l’un des dirigeants de l’organisation et la compare à la résistance française pendant l’occupation allemande.
Dans la foulée de son expérience de journaliste, il s’oriente vers le conseil aux hommes politiques et devient conseiller de Jimmy Goldsmith et de Philippe de Villiers, dont il dirige la campagne pour les élections européennes de 1994 et l’élection présidentielle de 1995, en axant les discours vers l’aile droite du RPR par l’affirmation du souverainisme. Puis il vend ses services à Alain Madelin et à François Bayrou. Ayant prédit la victoire du « non » à 55 % au référendum français sur le traité constitutionnel européen, il est approché en 2005 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui fait de lui l’un de ses proches conseillers, équilibrant le gaullisme social d’Henri Guaino, rédacteur des principaux discours de sa campagne présidentielle. Il est alors considéré comme un des artisans de la ligne victorieuse de la campagne de 2007 autour d’un discours sur l’autorité, la morale, l’immigration, la délinquance, l’assistanat, mai 68, l’identité nationale, discours que trahira Sarkozy immédiatement au pouvoir, décevant des millions d’électeurs.
La vision de la politique qu’a Patrick Buisson, ancrée dans une compréhension profonde de l’histoire française, a été cruciale dans la formulation de stratégies électorales et de discours politiques. Durant toute sa carrière, il œuvre au rapprochement de toutes les droites déclarant que « Le Pen, le RPR et le PR, c’est la droite. Souvent, c’est une feuille de papier à cigarettes qui sépare les électeurs des uns ou des autres » ou que « les électeurs du FN sont pour l’essentiel d’anciens électeurs du RPR déçus par le recentrage et l’évolution pro-européenne de Chirac, pour le reste d’anciens communistes nostalgiques du temps où le PC était conservateur, autoritaire et nationaliste »
Après la rupture avec Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson s’est rapproché de François Fillon, qu’il a soutenu lors de la primaire LR pour la présidentielle de 2016. Il a en revanche régulièrement critiqué le Rassemblement national pour sa stratégie tournée vers l’électorat de gauche, soutenant le polémiste Eric Zemmour à la dernière présidentielle.
Patrick Buisson fût également créateur et animateur de nombreuses émissions politiques sur LCI dont Le Club de l’opinion (1997-2000), Politoscopie (1999- 2000) puis 100 % Politique (à partir de 2001), en compagnie de David Pujadas. Créateur et animateur de Un livre, un débat en 2003. En 2005, il anime l’émission Questions qui fâchent et coanime, jusqu’en 2007, l’émission hebdomadaire sur LCI intitulée Politiquement Show, et assure également l’émission Questions qui fâchent avec Michel Field. Il dirige la chaîne Histoire (détenue à 100 % par le groupe TF1) depuis .
Ses 4 derniers livres ont particulièrement marqué :
- 2016 : La Cause du peuple, Perrin (ISBN 978-2-262-06936-0).
- 2017 : La Grande Histoire des guerres de Vendée (préf. Philippe de Villiers), Perrin.
- 2021 : La Fin d’un monde, Albin Michel.
- 2023 : Décadanse, Albin Michel.
En somme, la carrière de Patrick Buisson traverse plusieurs décennies de vie politique française. De ses débuts en tant que journaliste à son rôle influent en tant que conseiller politique, en passant par ses contributions en tant qu’intellectuel et auteur, Buisson a laissé une empreinte indélébile sur la politique et la culture françaises. Sa vie reflète les tensions et les transformations de la France contemporaine, faisant de lui une figure à la fois admirée et controversée.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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4 réponses à “Décès de Patrick Buisson. Retour sur le parcours d’un homme qui a influencé la droite française”
Bel article qui nous révèle la présence de Patrick Buisson auprès de François Duprat, dans la rédaction des « Cahiers Européens » qui se terminent avec le mort de celui-ci le 18 mars 1978.
Un Grand Monsieur que j’ai eu la chance de côtoyer et que je salue ici avec Grand Respect.
Indéniablement, il va manquer dans le paysage de l’audio-visuel.
un homme trop intelligent pour des neuneus politicards
Un personnage extrêmement désagréable, arrogant envers ses subordonnés, et imbu de lui-même