Concarneau. Erwan Balanant (MoDem) prend des risques pour 2027

Au soir du second tour des élections législatives de 2022, Erwan Balanant (MoDem), député sortant de la circonscription de Concarneau, ne cachait pas son stress : il était devancé à Quimperlé par le candidat Nupes Youenn Le Flao, mais fut sauvé par Concarneau. Au total 23 292 voix (52,43 %) pour le premier et 21 135 voix (47,57 %) pour le challenger. Soit une avance de 2 157 voix pour Balanant. Or, au premier tour, la candidate LR Claire Gourlaouen avait obtenu 3 104 suffrages (6,65 %) et celle de Debout la France Manon Cuciniello 655 suffrages (1,40 %) ; soit un matelas de 3 700 voix pour la droite. On constate que « Bala » passe de 16 270 voix (34,87 %) au premier tour à 23 292 (52,43 %) au second ; à coup sûr, les électeurs de Claire Gourlaouen lui ont donné un sérieux coup de main…

Mais, le soir même, plutôt que de remercier ces précieux renforts, Balanant a préféré blablater sur ce qui semble constituer son obsession : « Il faut reconstruire une force humaniste de progrès face aux extrêmes » car il est inquiet de voir le RN « si haut » et l’expression grandissante d’un vote de colère (Le Télégramme, Quimperlé-Concarneau,  lundi  20 juin 2022). Et de poursuivre : « Je suis profondément inquiet. On se focalise sur la Nupes, mais le RN est désormais le premier groupe d’opposition à l’Assemblée. Ce sont les extrêmes qui ont gagné ce soir. Il va falloir que les modérés prennent leurs responsabilités » (Ouest-France, Finistère, lundi  20 juin 2022). Si, dans sa circonscription, au premier tour des législatives, les électeurs du RN sont passés de 4 481 voix (9,69 %) en 2017 à 7 522 voix (16,12 %) en 2022, c’est qu’il n’a pas fait son boulot ! Il a oublié de s’occuper de ses électeurs !

Arrive le vote de la loi sur l’immigration (mardi 19 décembre 2022). Erwan Balanant en remet une couche. Bien qu’il appartienne à la majorité, il vote contre : «  Voir les élus du RN crier sur tous les toits que ce texte est une victoire idéologique, c’est suffisant pour ne pas la voter » (Le Monde, jeudi 21 décembre 2023). Dans Le Télégramme (jeudi 21 décembre 2023), il est plus précis : « J’ai hésité entre l’abstention et le vote contre. Mais après avoir relu le texte et avoir vu des éléments qui me crispaient dans mes valeurs, j’ai souhaité voter contre. Il y a une instrumentalisation très dérangeante du RN. Il y a le texte et le contexte : mon vote ne pouvait qu’être contre. Les enjeux de la montée du RN m’obligeaient à envoyer un signal fort pour montrer qu’il ne gagnait pas sur ces sujets ».

Evidemment, Balanant oublie de considérer qu’il a été réélu grâce aux électeurs appartenant au bloc libéral-centriste (les macronistes), mais aussi grâce aux électeurs de droite soucieux de faire barrage au candidat de la Nupes. Donc des citoyennes et des citoyens qui se reconnaissent  dans les résultats d’une enquête réalisée dans la semaine du 11 au 16 décembre. « Faut-il accueillir plus de migrants en France ? » Réponse : non 80 % et oui 19 %. « Les étrangers non européens doivent-ils avoir les mêmes droits sociaux que les citoyens français ? » Réponse : non 73 % et oui 27 %. « Faut-il un référendum sur l’immigration ? » Réponse : oui 66 % et non 33 % (CSA, Le Journal du dimanche, 17 décembre 2023). Conclusion : Balanant n’est pas hostile à l’immigration, mais ses électeurs le sont. Voilà qui pourrait des conséquences fâcheuses pour un homme qui a des « valeurs » lors des élections législatives de 2027 ; parfois les électeurs se souviennent.  La « montée du RN » devrait le rendre tout à la fois « inquiet »…et prudent.

Bernard Morvan

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