Ci-dessous une tribune libre publiée par, Xavier Brunschvicg, Porte-parole du Collectif des Professionnels de la Vape pour la santé publique. L’idée générale développée dans cette tribune consiste à dire que toutes les dernières mesures annoncées dans le Programme National de Lutte contre le Tabagisme (PNLT) n’auront qu’un effet marginal sur la prévalence tabagique et qu’il est temps de changer à la fois d’approche et d’échelle en utilisant la cigarette électronique, véritable « game changer » dans la lutte contre le tabac.
Le Gouvernement a publié son Plan National de Lutte contre le Tabagisme (PNLT). Pour le Collectif des Professionnels de la Vape pour la santé publique (CPV), ce plan n’est ni assez ambitieux, ni assez audacieux. Son impact sera donc marginal. En se privant du recours à la cigarette électronique, véritable « game changer » dans la lutte contre le tabac, il se prive d’un outil efficace pour faire régresser le nombre de morts en France qui s’élève à 75 000 par an.
La lutte contre les méfaits du tabagisme a presque 50 ans. C’est en effet la loi Veil du 9 juillet 1976 qui a initié une mobilisation résolue et constante des pouvoirs publics contre un fléau qui tue 75 000 personnes chaque année en France. Loi après loi, le tabagisme a été combattu, circonscrit, endigué et stigmatisé. Campagnes de prévention, mentions sanitaires, interdictions de faire de la publicité et de fumer dans certains lieux, paquets neutres, augmentation des prix, aides à l’arrêt… Tous les leviers ont été actionnés. Pour quels résultats ?
Le principal succès de cette politique est à notre sens d’avoir réussi à « dénormaliser » le tabac. Tout le monde sait désormais que le tabac tue et pollue. La cigarette pâtit d’une image très négative, voire carrément ringarde.
D’un point de vue quantitatif, les résultats sont bien plus mitigés. Si l’on s’en tient aux chiffres de Santé Publique France, la prévalence tabagique (usage occasionnel ou régulier) en France est passée de 42% en 1974 à 32% en 2022. C’est incontestablement un progrès. Pour autant, cette baisse s’est essentiellement produite dans les années 70, 80 et 90. Depuis 5 ans, la prévalence tabagique a même légèrement augmenté. Les Français sont encore plus de 12 millions à fumer et la part des femmes a considérablement augmenté. La France est le second pire pays de l’Union Européenne en matière de tabagisme. A égalité avec la Bulgarie et juste derrière la Grèce…
Si l’on ne peut pas dire que cette politique a été un échec, force est de constater qu’elle n’a pas fonctionné.
Les raisons sont multiples. L’augmentation des prix par exemple, a fait exploser le marché parallèle. 25% des cigarettes consommées en France ne sont pas achetées chez les buralistes qui en ont pourtant le monopole. Commerce transfrontalier, contrebande, contrefaçons… les moyens de se procurer du tabac à prix réduit se sont multipliés. Les mineurs quant à eux continuent à pouvoir acheter des cigarettes sans aucun contrôle efficace alors que c’est strictement interdit. La France se distingue une nouvelle fois par son incapacité à faire appliquer les lois dont elle se dote.
On le voit bien, toutes les mesures prises contre le tabagisme, y compris dans la énième version du nouveau Plan National de Lutte contre le Tabagisme (PNLT) sont condamnées à n’avoir qu’un effet marginal sur la consommation globale. Alors que faire pour véritablement changer la donne ? Comment franchir un cap ? Comment réduire drastiquement la prévalence tabagique en France ? Y a-t-il une mesure miracle à laquelle personne n’aurait encore jamais pensé ? Un changement de paradigme ?
Loin de nous la prétention d’apporter LA réponse. Il nous semble néanmoins qu’un levier essentiel n’a jusqu’à présent jamais été mobilisé. Il s’agit de privilégier une stratégie de santé publique pragmatique et efficace fondée sur la réduction des risques et mobilisant l’instrument le plus efficace jamais inventé pour réduire le nombre de fumeurs : la cigarette électronique.
Sans combustion donc sans fumée, la vapeur de la cigarette électronique contient 99% de substances toxiques en moins que la cigarette traditionnelle. Elle permet au fumeur de se sevrer sans douleur grâce à la nicotine qu’elle lui délivre. Elle permet de conserver un geste dont le fumeur a tant de mal à se départir. Ses arômes permettent d’éloigner le fumeur de l’odeur du tabac. Et en plus elle est beaucoup moins onéreuse !
Certains pays l’ont bien compris. En Grande-Bretagne, où les autorités de santé encouragent massivement le recours à la cigarette électronique, la prévalence tabagique est passée de 20% à 13% en moins de 20 ans.
On nous opposera le principe de précaution. Mais le principe de précaution ne devrait-il pas au contraire nous amener à privilégier la cigarette électronique ? Certes il est à ce jour impossible de dire qu’elle est absolument inoffensive. Mais quand on sait que l’Institut National du Cancer (INCA) déclare que les substances cancérigènes des cigarettes classiques « n’existent pas à des taux significatifs » dans les cigarettes électroniques et que, à notre connaissance, personne n’en est jamais mort, on peut raisonnablement s’interroger quant aux raisons d’une telle méfiance. Entre la certitude de 75 000 morts par an à cause du tabac et la possibilité de sauver 75 000 vies grâce à la cigarette électronique, le principe de précaution ne devrait-il pas nous amener à encourager cette dernière ?
On nous dit que la cigarette électronique est devenue une véritable « épidémie » chez les jeunes et qu’un « effet passerelle » les amènerait à vapoter pour ensuite devenir des fumeurs. Absolument aucune étude n’en atteste. Au contraire. Toutes les études disponibles démontrent que la vape éloigne les jeunes du tabac. Il n’y a pas d’effet passerelle mais au contraire un effet ombrelle ! Selon une étude de la FDA américaine, 73% des jeunes vapoteurs étaient auparavant des fumeurs. C’est le tabac qui les a amenés à la vape et non l’inverse. Selon la dernière enquête ESCAPAD de l’OFDT, qui va même jusqu’à se demander si la cigarette électronique pourrait constituer une alternative au tabac chez les jeunes, il n’y a jamais eu aussi peu de fumeurs de tabac dans cette classe d’âge. Une étude universitaire française financée par l’INCA et publiée en octobre 2023 a démontré qu’il y avait une stabilité, et même une légère baisse, du vapotage chez les jeunes et qu’il n’y avait par conséquent ni épidémie de vapotage ni effet passerelle avéré.
Que dire en conclusion ? Bien évidemment qu’il faut interdire les cigarettes électroniques jetables qui sont une hérésie écologique. Bien sûr qu’il faut faire appliquer la loi actuelle qui dispose que les produits du vapotage sont interdits à la vente aux mineurs. Évidemment qu’il faut continuer à lutter ardemment contre le tabagisme. Mais si nous voulons véritablement réussir dans cette entreprise, si nous voulons avoir un véritable impact dans la lutte contre le tabac, alors il est temps de changer de paradigme et d’avoir recours l’instrument qui peut véritablement changer la donne : la cigarette électronique.
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