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A la découverte des Saints Bretons. Le 21 décembre, c’est la saint Tomaz

Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.

Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».

En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.

 Le 21 décembre, c’est la saint Tomaz

Saint Thomas de Cantorbéry, (Londres, 21 décembre 1117 – Cantorbéry, 29 décembre 1170) fut archevêque de Cantorbéry de 1162 à 1170. Il engagea un conflit avec le roi Henri II d’Angleterre sur les droits et privilèges de l’Église catholique romaine et fut assassiné par les partisans du roi. Il fut canonisé en 1173.

Vie avant l’accession à l’épiscopat

Il naquit à Londres en 1117, de parents marchands originaires de Mondeville[1] en Normandie. Il reçut une excellente éducation à l’école cathédrale de Cantorbéry, complétée par des études à Bologne, alors le centre majeur en Occident pour la science juridique. Retournant en Angleterre, il attira l’attention de Théobald, archevêque de Cantorbéry, qui lui confia plusieurs missions importantes à Rome et le fit nommer archidiacre de Cantorbéry et prévôt de Beverley. Il se distingua par son zèle et son efficacité, aussi Théobald le recommanda au roi Henri II quand le haut poste de chancelier fut vacant.

Henri, comme tous les rois normands, désirait être le maître absolu, tant de son royaume que de l’Église, et pouvait pour ce faire s’appuyer sur les traditions de sa maison. Ce qu’il fit quand il voulut se débarrasser des privilèges du clergé anglais qu’il voyait comme autant d’entraves à son autorité. Becket lui parut comme l’instrument adapté pour accomplir ses desseins ; le jeune homme se montra dévoué aux intérêts de son maître et un agréable compagnon de plaisirs tout en maintenant avec diplomatie une certaine fermeté, de sorte que personne, sauf peut être Jean de Salisbury aurait pu douter qu’il ne fût pas totalement dévoué à la cause royale. Le roi Henri envoya son fils Henri, plus tard le jeune roi, vivre au domicile de Becket comme c’était la coutume pour les enfants nobles d’être accueillis dans une autre maison (voir : Éducation dans la catégorie Moyen Âge). Plus tard ce sera une des raisons pour lesquelles « le jeune roi » se retournera contre son père, s’étant affectivement attaché à son tuteur Becket.

L’archevêque Théobald mourut le 18 avril 1161 et le chapitre apprit avec quelque indignation que le roi espérait qu’il choisirait Thomas pour successeur. Il se rallia cependant à l’avis royal, l’élection eut lieu en mai 1162 et Thomas fut consacré le 3 juin 1162.

Archevêque

Dès qu’il fut nommé, une transformation radicale du caractère du nouveau primat s’opéra à la stupéfaction générale, du roi et de tout le royaume. Le courtisan gai et amant des plaisirs fit place à un prélat ascétique en robe de moine, prêt à soutenir jusqu’au bout la cause de la hiérarchie. Dans la Légende dorée, Jacques de Voragine raconte qu’il se mortifiait en portant le cilice caché sous ses habits et que, chaque soir, il lavait les pieds de treize pauvres, les nourrissait et les renvoyait avec quatre pièces d’argent.

Devant le schisme qui divisait l’Église, il se déclara pour le pape Alexandre III, fidèle à un homme voué aux mêmes principes hiérarchiques, et il reçut le pallium d’Alexandre au concile de Tours.

À son retour en Angleterre, Becket mit immédiatement à exécution le projet qu’il avait préparé de libérer l’Église d’Angleterre des limitations mêmes qu’il avait contribué à faire appliquer. Son but était double: l’exemption complète de l’Église de toute juridiction civile, avec un contrôle exclusif de sa propre juridiction par le clergé, liberté d’appel, etc. et l’acquisition et la sécurité de la propriété comme un fond indépendant.

Le roi comprit rapidement le résultat inévitable de l’attitude de l’archevêque et convoqua le clergé à Westminster le 11 octobre 1163, demandant l’abrogation de toute demande d’exemption des juridictions civiles et que soit reconnue l’égalité de tous les sujets devant la loi. Le haut clergé tendait à consentir à la demande du roi, ce que refusa l’archevêque. Henri n’était pas prêt pour une lutte ouverte et proposa un accord plus vague relevant de la coutume de ses ancêtres. Thomas accepta ce compromis en maintenant cependant des réserves sur la sauvegarde des droits de l’Église. Rien ne fut résolu et la question restait ouverte. Henri quitta donc Londres mécontent.

Les constitutions de Clarendon

Henri convoqua une autre assemblée à Clarendon le 30 janvier 1164 où il présenta ses demandes en seize points. Ce qu’il demandait impliquait un relatif recul par rapport aux concessions faites aux églises par Henri Ier lors du concordat de Londres en 1107 puis par le roi Étienne d’Angleterre en 1136 mais se situait dans la droite ligne d’une monarchie qui, depuis l’époque de Guillaume le conquérant, entendait gouverner sans partage toutes les affaires du royaume. Les Constitutions de Clarendon représentaient cependant une codification écrite, plus contraignante que la coutume qui prévalait jusque-là, et surtout entendaient placer tous les sujets du roi, y compris les clercs, de plus en plus nombreux, sur un pied d’égalité judiciaire (ce qui signifiait aussi percevoir les amendes afférentes aux condamnations), tous ne relevant que des tribunaux royaux. Le roi s’employa à obtenir l’accord du clergé et apparemment l’obtint, sauf celui du Primat.

Becket chercha encore à parvenir à ses fins par la discussion, puis il refusa définitivement de signer. Cela signifiait la guerre entre les deux pouvoirs en place. Henri essaya de se débarrasser de Becket par voie judiciaire et le convoqua devant un grand conseil à Northampton le 8 octobre 1164 pour répondre de l’accusation de contestation de l’autorité royale et malfaisance dans son emploi de chancelier.

Becket quitte l’Angleterre

Becket dénia le droit de l’assemblée de le juger. Il fit appel au pape et sentant que sa vie était trop précieuse pour l’église pour être risquée, partit en exil volontaire. Le 2 novembre 1164, il embarqua sur un bateau de pêcheurs qui le débarqua en France. Dans une lettre célèbre alors adressée au pape, il exalte le principe de la supériorité pontificale, notamment en matière judiciaire. Il s’en prend surtout à l’attitude des autres évêques anglais qui sont ralliés au roi et qui selon lui, méconnaissent le principe de hiérarchie ecclésiastique. Il alla à Sens, où était réfugié le pape Alexandre III. Ce dernier venait de recevoir des ambassadeurs envoyés par le roi d’Angleterre qui demandait au pape de prendre des sanctions contre Becket et réclamait qu’un légat soit envoyé en Angleterre avec autorité plénière pour résoudre la dispute. Le pape Alexandre y opposa son refus, et quand le quelques jours plus tard Becket arriva et lui fit le récit complet de la procédure, le pape lui accorda son soutien.

Henri II poursuivit l’archevêque fugitif avec une série de décrets applicables à tous ses amis et partisans aussi bien qu’à Becket lui-même ; mais Louis VII de France le reçut avec respect et lui offrit sa protection, d’autant qu’il s’agissait là d’un moyen d’affaiblir son royal vassal Plantagenêt. Thomas Becket resta presque deux ans dans l’abbaye cistercienne de Pontigny (voir Cîteaux, Ordre Cistercien) (fin 1164-1166), jusqu’à ce que les menaces d’Henri l’obligent à se rendre de nouveau à Sens. Louis VII comme Alexandre III organisent diverses missions de conciliation auxquelles prennent part des religieux de divers ordres, notamment chartreux et grandmontains.

Becket, en pleine possession de ses prérogatives, désirait voir sa position soutenue par les armes de l’excommunication et de l’interdit. Mais le pape Alexandre III, bien que sympathisant des idées de Becket, préférait temporiser, car sa propre lutte avec Frédéric Ier requérait au moins la neutralité du roi d’Angleterre. Les divergences se creusèrent entre le pape et l’archevêque, et les relations devinrent même plus amères quand les légats furent envoyés en 1167 avec autorité d’arbitre. Négligeant cette limitation de sa propre juridiction et persistant sur ses principes, Thomas palabra avec les légats, conditionnant toujours son obéissance au roi par les droits de son ordre.

Sa fermeté sembla être récompensée quand, enfin en 1170, le pape fut sur le point d’appliquer ses menaces d’excommunication du roi Henri qui, inquiet de cette éventualité, mit ses espoirs dans un accord qui permettrait à Thomas de retourner en Angleterre et de continuer son ministère. Finalement, le 22 juillet 1170, la paix qui fut conclue à Fréteval entre Henri et Thomas permit à l’archevêque anglais de rentrer en Angleterre. Thomas débarqua à Sandwich le 3 décembre 1170 et deux jours plus tard il entrait à Cantorbéry. Mais, les deux parties restèrent cependant inconciliables et Henri, incité par ses partisans, refusa de rendre les propriétés ecclésiastiques qu’il avait saisies. Thomas avait déjà préparé la sanction contre ceux qui avait privé l’Église de ses biens et contre les évêques qui avaient inspiré la saisie.

La tension était désormais trop grande pour trouver une issue autre que la catastrophe qui ne fut pas longue à venir. Une phrase du roi exaspéré : « n’y aura-t-il personne pour me débarrasser de ce prêtre turbulent ? » (bien qu’il puisse s’agir d’une phrase apocryphe) fut interprétée comme ordre par quatre chevaliers anglo-normands — Reginald Fitzurse, Hugh de Morville, William Tracy et Richard Brito. Ces quatre chevaliers projetèrent donc immédiatement le meurtre de l’archevêque et le perpétrèrent près de l’autel de la cathédrale de Cantorbéry le 29 décembre.

Henri II se résolut alors à faire pénitence publique à Avranches en 1172 et à revenir sur les décisions entérinées dans les Constitutions de Clarendon.

Becket fut ensuite révéré par les fidèles dans toute l’Europe comme martyr et canonisé par Alexandre en 1173. Le 12 janvier de l’année suivante, Henri II dut faire pénitence publiquement sur la tombe de son ennemi, qui resta un des lieux de pèlerinage les plus populaires en Angleterre, jusqu’à sa destruction lors de l’anéantissement des monastères. Un reliquaire fut cependant conservé, et ce site est visité par de nombreux touristes de nos jours.

Les Contes de Cantorbéry de Geoffrey Chaucer se passent en compagnie de pélerins sur leur route vers le sanctuaire de Thomas. Le mot canter dans la langue anglaise indique le pas des chevaux, un galop.

W. J. Williams a suggéré que l’histoire du meurtre de Thomas a pu inspirer la légende maçonnique de la mort de Hiram Abiff. Cette théorie comprend la référence à un groupe de maçons dans la ville de Londres faisant une procession à la chapelle de Thomas le jour du saint. Il suggère qu’il pouvait y avoir une pièce emblématique. Il y avait aussi un ordre militaire dit des chevaliers de St. Thomas qui fut actif pendant les croisades et proche des Templiers.

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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2 réponses à “A la découverte des Saints Bretons. Le 21 décembre, c’est la saint Tomaz”

  1. René Le Honzec dit :

    Ne ouian ket ma en-des un den bennage aveid lenn en dra-sé, mais netra zo ged Breizh. Je ne sais pas si quelqu’un lit les commentaires, mais, encore une fois, aucun rapport avec la Bretagne.

    • Herri abYann / Henry Jones / Henrik Johanssen etc dit :

      Absolument d’accord : trop souvent ces « saints bretons » n’ont rien à voir avec la Bretagne. Ce n’est pas parce qu’on orthographie son nom « Tomaz » que Thomas devient Breton !

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