Le 3 décembre dernier, Le Monde publiait un article « Quelles précautions pour donner de l’argent aux enfants et aux petits-enfants à Noël ? » Et le 17 du même mois, de surenchérir : « Peut-on faire un prêt sans intérêt à l’un de ses enfants ? » Une bien noble intention, celle d’informer les lecteurs, mais qui interroge : est-il normal de se poser ces questions ?
Quand un titre normal, naturel, sain aurait dû être « quel genre de personne prêterait-il de l’argent avec intérêts à son propre enfant ? » Or, puisque l’individualisme est la philosophie sous-jacente des sociétés occidentales modernes, il faut bien admettre que c’est cohérent. Désormais, « tout a un prix », rien ne doit donc plus être gratuit. Rappelons que l’eau, ce don de la planète, a été de fait privatisée (puisque la majorité des infrastructures hydriques sont privées), cessant d’être une ressource naturelle gratuite pour tous, et qu’avec la taxe carbone, on avait essayé de nous faire payer l’air !
Bref, il serait dommage de se passer du profit extirpable de l’aide d’un parent à son enfant. On ne sait jamais que les relations familiales échappent à la logique marchande… Mais on fait ça bien, en nous expliquant que c’est pour lutter contre la fraude fiscale. Ben voyons.
Pendant que vous, braves gens, vous êtes dans la lorgnette du Fisc pour un cadeau ou un prêt à vos proches, des milliards d’euros sont tranquillement détournés des caisses de l’État chaque année. Ce tranquillement portant le sobriquet d’ « optimisation fiscale », c’est-à-dire les manœuvres visant à échapper à l’impôt par tous les moyens légaux possibles. Pendant que les travailleurs des classes moyennes et les retraités ayant cotisés toute leur vie se retrouvent dans la situation ubuesque de devoir justifier l’injustifiable, (à savoir un prêt ou un cadeau à son propre rejeton !), alors que l’étau se resserre toujours plus entre ce qu’il est autorisé de faire et ce qui ne l’est pas, alors que l’État s’immisce toujours plus – et de façon toujours plus aberrante – dans la vie privée des citoyens ; les riches, les grosses entreprises, les multinationales, bref, ceux qui ne sont jamais inquiétés d’arriver à la fin du mois, eux, ont tous les moyens de se payer l’avis d’experts pour faire de l’optimisation fiscale et détourner légalement des milliards.
Quant à vous, lorsque vous prêterez quelques oboles à votre fils qui s’est mis en ménage, ou à votre fille qui a un soucis de santé, ou que sais-je encore – parce que cela ne devrait regarder que vous – n’oubliez pas de l’informer que :
« L’emprunteur doit mentionner les prêts supérieurs à 5 000 euros dans sa déclaration annuelle d’impôt sur le revenu (formulaire n° 2062, « déclaration de contrat de prêt »). En outre, l’enregistrement du contrat de prêt – à effectuer auprès du service de l’enregistrement de l’administration fiscale du lieu de résidence – est fortement recommandé. Il permet de prouver la date et l’existence du contrat en cas de contestation, notamment au décès du prêteur. Coût : 125 euros. »
Rien n’échappe plus à la bureaucratie, au droit, au Fisc, et l’immixtion de l’État dans la vie privée de ses citoyens semble ne plus avoir de limites. Un État qui vient espionner, contrôler, imposer chaque action des personnes, même la plus infime ou la plus personnelle, abattant petit à petit un des murs portants de notre civilisation, à savoir la distinction entre la sphère privée et la sphère publique.
Et à Noël, vu que cette année Saint-État vous autorise à le passer en famille (pas de risque de tuer mamie), rappelez bien à papi que :
« Si le don ne peut être qualifié de modeste, il peut devenir taxable, ou du moins diminuer les abattements applicables entre parent et enfant, ou entre grand-parent et petit-enfant. Sur le plan civil, les dons qui ne sont pas des présents d’usage seront pris en compte à la succession du donateur. Ceux réalisés au profit des enfants seront considérés comme des avances dans cette future succession. »
Papi et mamie provenant d’un monde où la liberté des individus était acquise et où la bureaucratie n’était pas encore devenue cette pieuvre omniprésente aussi redoutée qu’insoutenable, il n’est pas sûr qu’ils soient au fait de ces démarches dignes d’un récit d’anticipation dystopique !
Audrey D’Aguanno
Crédit photo : Capture d’écran X – Le Monde
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7 réponses à “« Peut-on faire un prêt sans intérêt à l’un de ses enfants ? » Une question qui se double d’une autre : mais dans quel monde vit-on ?”
Honte à cette ripoublik socialiste soviétique, honte à ces politiques qui trichent à tour de bras et qui nous puniraient pour prêter de l’argent à nos enfants . Mais où va-t-on?
Et ceux qui se permettraient de réclamer quoi que ce soit, qu’ont-ils à la place du cerveau et à la place du coeur: il n’y a qu’une réponse la pourriture de la ripoublik
Le cash c’est la liberté.
Si le contrôle totalitaire se resserre, il y aura toujours la possibilité de faire une dépense en lieu et place du bénéficiaire, ce qui ne laissera aucune trace
Mme d’Aguanno,
Vous dénoncez l’optimisation fiscale des grandes entreprises. Mais le prêt entre enfants et parents pouvaient servir d’optimisation fiscale justement, pour échapper aux droits de succession. Les entreprises et les particuliers utilisent les mêmes principes pour échapper à l’impôt. Il n’est pas possible de le reprocher aux entreprises pour l’autoriser aux particuliers. Le problème n’est donc pas l’optimisation fiscale que tout à chacun pratique, et devrait même pratiquer assidûment. Le problème, c’est le socialisme, qui prive les pauvres de leurs revenus par l’impôt.
Cdt.
M.D
Dans un autre ordre fiscal proche du précédent il m’est arrivé antan de m’être fait reprocher par le fisc de faire grâce à un locataire d’un mois de loyer ou deux, car il ne pouvait pas payer. Le fisc appelle ça une libéralité (c’est-à-dire un cadeau) et considère que le bailleur doit être imposé comme s’il avait touché le loyer !
Et pour ses enfants encore étudiants ? On ne peut leur louer un appartement, leur payer la nourriture, les vacances… suivant son propre budget ? Leur acheter une machine a laver, un frigo ? Leur offrir une voiture, même neuve ? Obligés de l’acheter en son nom quitte à la revendre à son enfant dans un an à 10% du prix, 10% qu’on lui aura versé mois par mois auparavant ?
Sale pays qu’est devenu ma France des clochers.
La France « en faillite » dixit Fillon, a apporté comme caution auprès des banques internationales tous vos biens personnels (env 15 000 Mds €) pour abonder ses emprunts sans cesse croissants.
Des macs (francs) qui nous considèrent comme leurs tapineuses.