Secrétaire de la fédération d’Ille-et-Vilaine des Républicains depuis dix-huit mois, Thomas Rousseau caresse de grandes ambitions ; il se mobilise déjà pour les élections municipales de 2026 à Rennes car, selon lui, « pour la respiration démocratique, l’alternance est nécessaire en mettant fin à cinquante ans de socialisme » (Ouest-France, Rennes, vendredi 1er décembre 2023). Pour cela, il entend rassembler, bien au-delà de LR, « des partisans d’Emmanuel Macron à ceux de Marine Le Pen en passant par Eric Zemmour ou Valérie Pécresse ». Pour lui, si la droite a perdu la ville de Rennes depuis 1977 – victoire d’Edmond Hervé (PS) -, « c’est parce qu’il manque un leadership, une figure qui s’inscrit dans le temps et qui ne se cache pas derrière une fausse étiquette société civile ». Aujourd’hui, il veut incarner « une alternative claire, le clivage gauche droite est sain pour la démocratie ». Bref, « il faut une droite assumée, décomplexée » (Ouest-France, Rennes, vendredi 1er décembre 2023).
Voyons d’abord les résultats obtenus au second tour des élections municipales de 2020 (28 juin). La liste « « Pour Rennes » (Nathalie Appéré, PS) arrive en tête (23 532 voix, 65,35 % des suffrages exprimés, 51 élus). La liste « Révéler Rennes » (Carole Gandon, LREM) se classe deuxième (6251 voix, 17,49 %, 5 élus). La liste « Charles Compagnon 2020 – Libres d’agir pour Rennes » (droite) ferme la marche (6 130 voix, 17,16 %, 5 élus). Voilà qui n’est pas encourageant pour Rousseau, sauf s’il relève qu’au premier tour, l’abstention atteignait 60,36 % (70 294) des inscrits (116 461) et au second 68,32 % (79 670) des inscrits (116 610). Il y a donc de la « réserve » pour quelqu’un qui serait capable de créer une dynamique ; pour cela, il faut un leader à la forte notoriété et à la popularité indiscutable. Jusqu’ici, la droite rennaise n’a eu que des petits chefs.
Pour autant, il faut tenir compte – comme à Nantes – des « nouvelles classes moyennes urbaines » qui constituent le socle électoral (gauche progressiste) de Nathalie Appéré. Jean-Claude Michéa souligne que « le système capitaliste ne peut continuer à se développer de façon exponentielle sans le concours actif et quotidien de ces nouvelles classes moyennes urbaines qui sont chargées de l’encadrer sur le plan économique, technique et culturel. Classes qui représentent entre 20 et 30 % de la population globale, tout en étant devenues largement majoritaires, de nos jours, dans la plupart des grandes métropoles mondialisées » (Extension du domaine du capital, Albin Michel, août 2023). En 2014, à Rennes Métropole, les ouvriers représentaient 16,4 % de la population, les employés 26,5 %, les professions intermédiaires 28,3 % et les cadres et professions intellectuelles supérieures 24 % ; ces deux dernières catégories socioprofessionnelles représentent 52,3 % de la population. En bas du tableau, on trouve les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (4,3 %), puis les agriculteurs (0,5 %). Voilà des chiffres et quelques autres que Thomas Rousseau peut retrouver dans « Sociologie de Rennes » (Romain Pasquier et Thibault Tellier, La Découverte, janvier 2020)
Pour prétendre l’emporter, il faudrait que Rousseau parvienne à modifier la composition de la population rennaise : « virer » (!!) les « nouvelles classes moyennes urbaines » et les remplacer par une bourgeoisie traditionnelle (artisans, petits cadres, commerçants) qui vote volontiers à droite. Quant aux électeurs du Rassemblement national (1 904 voix, 4,21 %, au premier tour des municipales de mars 2020), il ne faut pas trop compter sur eux, ils voteront pour la liste que leur parti présentera, d’autant plus qu’ils n’apprécient guère les partis du Système (PS, LR). Toutes les conditions sont donc remplies pour que Thomas Rousseau, s’il conduit son aventure jusqu’en 2026, reçoive une déculottée. Naïveté et amateurisme se paient…
B. Morvan
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5 réponses à “Rennes : Thomas Rousseau (LR) va prendre une gamelle en 2026”
Annoncer en décembre 2023 le résultat d’une élection qui aura lieu au printemps 2026 serait imprudent. Les assertions stéréotypée de Michéa ont au minimum une génération de retard — et une rationalisation rétrospective n’est pas prédictive.
Les données sociologiques sont tétues. La métropole rennaise est à gauche car elle gère/contrôle la culture, la santé (hôpitaux), l’administration (ville et communauté), etc., et subventionne abondamment les associations (on appelle cela le clientélisme). Et le personnel du Wokistan universitaire – enseignants et personnels techniques – lui est acquise. Tant que la gauche restera unie, elle continuera à gérer sans concurrence Nantes, Rennes, Brest, etc. Comme le disait la mairesse de Rennes à l’occasion des dernières présidentielles : « Il y a des nuances et mêmes des divergences. Mais à gauche, cette pluralité d’expression sait s’unir sur l’essentiel. » Autrement dit, conserver les postes et la possibilité de distribuer la manne aux copains. Contre cela, y’a rien à faire mon bon monsieur !
c’est encore pire a st brieuc il ne restait en lice que deux candidats …. socialistes , pour la prochaine election peut etre juste un seul , pas de doute les bretons assurent severe leur avenir avec des ringards de la fonction publique 😂
Les bretons me font penser aux parisiens qui votent 2 fois pour Hidalgo et qui pleurent et rouspètent sans arrêt sur la décadence de leur capitale !
Cher Monsieur Morvan
Votre article écrit avec autant de haine montre combien nous sommes dérangeants après seulement quelques mois d’occupation sur le territoire rennais.
C est plutôt bon signe
J’ajouterai qu’un bon journaliste se contente de rapporter l’actualité sans afficher ses convictions, ça n’est visiblement pas votre école.
Quant à un rassemblement avec les droites extrêmes apprenez à lire les articles de vos éminents confrères ce n’est pas du tout ce qui a été écrit
Bonne chance pour votre avenir personnel….
Joëlle le gall
VP de Rennes à droite