Le récit précis et détaillé de l’avènement de la République d’Irlande, il y a un siècle, des prémices de la lutte nationaliste, en 1900, à la guerre civile achevée en 1923.
Quand exactement est née l’Irlande indépendante ? Le 11 juillet 1921, quand la trêve concédée par la Grande-Bretagne met fin à la guerre d’indépendance menée par l’Armée républicaine irlandaise (IRA) ? Le 6 décembre 1922, quand le traité anglo-irlandais, négocié de part et d’autre par Michael Collins et Arthur Griffith, face à Lloyd George et Winston Churchill, aboutit à la proclamation de l’État libre d’Irlande, réunissant les vingt-six comtés du Sud, avec Dublin pour capitale, tandis que six comtés de l’Ulster restent dans le giron britannique ? Ou le 24 mai 1923, quand la guerre civile entre le jeune gouvernement indépendant et les partisans d’une véritable souveraineté, emmenés par Éamon de Valera, prend fin après onze mois d’affrontements ? Ce débat illustre toute la complexité d’un combat national forgé dans le premier quart du XXe siècle face à une domination britannique de nature coloniale, et que ce documentaire très riche parvient à retracer en détail sans perdre le spectateur.
Atlas de la révolution
La « révolution irlandaise » commence officiellement avec l’insurrection déclenchée le lundi de Pâques 1916, en plein conflit mondial, par un petit groupe alors très minoritaire d’indépendantistes. Mais c’est au tournant du siècle, dans les turbulentes années 1900, que ses idéaux commencent à se répandre au sein d’une petite classe moyenne urbaine et éduquée, de la promotion de la culture gaélique au syndicalisme, du féminisme au nationalisme.
Invitant une dizaine d’historiens à commenter cartes et archives (photos, plus rarement films, extraits de témoignages), Ruan Magan restitue avec minutie ces quelque vingt années qui verront l’utopie d’une République souveraine et égalitaire échouer en partie, mais donner à l’Irlande « la liberté de progresser vers la liberté », selon le mot de Michael Collins. S’inspirant du très sérieux « Atlas of the Irish Revolution » (non traduit), dont certains des coauteurs interviennent dans le film, il montre ainsi comment, derrière les grandes figures historiques, tout un peuple d’hommes et de femmes va se rallier à la cause indépendantiste et en payer le prix. Une histoire popularisée par Ken Loach avec « Le vent se lève »(Palme d’or 2006), dont l’interprète principal, Cillian Murphy (« Peaky Blinders »), est la voix off de ce documentaire dans sa version originale.
https://www.youtube.com/watch?v=lfCS2cvbAlI
Crédit photo : DR
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