Aujourd’hui 11 décembre, c’est la journée internationale de la montagne. Pour les Nations Unies :
Chaque journée internationale représente une occasion d’informer le public sur des thèmes liés à des enjeux majeurs comme les droits fondamentaux, le développement durable ou la santé. Ces journées permettent au système des Nations Unies, aux pouvoir publics et à la société civile d’organiser des activités de sensibilisation et de mobiliser des ressources.
C’est la raison pour laquelle je n’affectionne pas ces journées : elles obéissent clairement à un agenda que l’on voudrait nous imposer. J’exagère ? La dernière journée internationale de la montagne prévoyait de glorifier le rôle…. des femmes. Car « Les femmes jouent un rôle clé dans la protection de l’environnement et le développement économique et social des zones de montagne« . Comme si le sexe avait quelque chose à faire là-dedans ! Et trop de journées manquent à l’appel.
Mais le thème d’aujourd’hui vaut bien que l’on mette ses petites convictions de côté pour un instant. Ainsi, j’ai choisi, pour célébrer la montagne, de vous proposer quelques citations. Car ceux qui savent user de beaux mots, qui emploient toute leur poésie pour décrire un bloc de granit, en rehausse la beauté et vous donneront sûrement plus envie que moi de les arpenter ou de les observer… Certains que les grands espaces sont le refuge des âmes nobles.
« Comment gravirai-je le mieux la montagne ? Monte et n’y pense pas. » Frédéric Nietzsche
« Un monde absolument hostile, qui n’est pas fait pour l’homme, et qui l’attire pourtant comme un des derniers défis de notre planète trop civilisée ! Et certes, il faut être très civilisé pour apprécier cette aberration, le choix volontaire de se priver du confort de la vie moderne. Il faut être revenu de beaucoup de choses, avoir épuisé beaucoup de plaisirs, pour goûter les délices de la fatigue, du froid, de la peur, de la souffrance… Mais c’est à ce prix seulement que l’homme à l’âme terne, rassasié de bien-être et de sécurité peut se sentir à nouveau exister. » Anne-Laure Boch
« Je sentais que j’aimais la montagne pour ses paysages solennels, pour les luttes engagées avec les sommets, pour les émotions et les souvenirs qu’elles procurent ; mais peut-être l’aimais-je plus encore pour ce sentiment de liberté et de joie de vivre que je ne parvenais à éprouver que là-haut. » Walter Bonatti
« L’ennui avec le vitalisme physique lorsqu’il n’est pas canalisé, c’est qu’il ne laisse pas l’esprit en paix. L’énergie déborde des êtres comme des larmes de résine perlent du tronc du pin. Mais elle ne se stocke pas. Il faut donc la consommer sur-le-champs, la frapper sur l’enclume de l’action. Le corps ne devrait jamais être traité autrement que comme un homo sovieticus : contraint au rendement. » Sylvain Tesson
« Il faut absolument reconsidérer notre frénésie de mobilité. La construction de routes et de remontées mécaniques supplémentaires est-elle vraiment nécessaire en montagne, quand on sait qu’elles sont la cause principale des dommages environnementaux en dehors des zones urbanisées ? Il ne s’agit pas seulement de la survie de nombreuses espèces animales et végétales, mais aussi de la sauvegarde de valeurs comme la grandeur, le silence, l’harmonie et le danger, sans lesquelles la montagne perdra à nos yeux tout intérêt. » Reinhold Messner
« On peut suivre cette progression du printemps : c’est comme un immense assaut que donne la nature à la montagne. Les forêts toutes rougies par les gels et les tourments reverdissent de jeunes pousses d’un vert très tendre, mais plus haut, vers les deux mile, tout est encore brûlé. Les névés fondent les uns après les autres, laissant sur le paysage une tache rougeâtre. On dirait une plaie mal guérie ; cela fait comme une croûte qu’on aurait arrachée et qui laisserait dessous le ton plus clair de la peau mal formée. Puis, ces plaies des alpages se cicatrisent à leur tour, verdissent, et le gazon dru des altitudes vient unifier la teinte fraîche de la montagne. » Roger Frison-Roche« Debout sur la crête nue des montagnes ou sur la pente abrupte au milieu de vastes sapinières, ces menhirs gigantesques dominent des océans de verdure. Ce sont les témoins muet des âges disparus. Quand, par les nuits sombres, on approche l’oreille des fissures du grès couvert de mousse, on croit entendre des rires clairs ou des soupirs mélodieux s’échapper des entrailles de la pierre. Est-ce le vent qui joue dans les volutes de ces vieilles rocailles ? Est-ce le frémissement musical des hautes branches d’un sapin séculaire ? Les filles du village vous diront que c’est la voix des fées qui révèlent le passé et prédisent l’avenir. » Édouard Schuré
« Les vallées des Alpes ont cela de remarquable, qu’elles sont en quelque sorte complètes. Chacune d’elles présente, souvent dans l’espace le plus borné, une espèce d’univers à part. Elles ont toutes leur aspect, leur forme, leur lumière, leurs bruits particuliers. On pourrait presque toujours résumer d’un mot l’effet général de leur physionomie. La vallée de Sallenches est un théâtre ; la vallée de Servoz est un tombeau ; la vallée de Chamonix est un temple. » Victor Hugo
« Voilà ce que j’ai trouvé pour la première fois dans la montagne et ce que je cherche désormais en connaissance de cause : l’unité infinie et l’harmonie des forces et des éléments de la nature, tout comme l’harmonie des forces, des pulsions, des sentiments de mon moi profond et l’harmonie de ces deux ensembles l’un envers l’autre. Pendant que notre civilisation acculturée disperse et désunit tout, c’est en montagne, dans cette vaste nature qui aspire au divin, que chaque individualité peut se fondre dans le cosmos. Ce n’est pas une petite harmonie superficielle, à trois sous. » Eugen Guido Lammer
« Pour qui a « la beauté pour horizon », il est indéniable que la haute montagne ne laisse pas indifférent. Qui n’est pas ému devant ces levers et ces couchers de soleil somptueux ? Devant le bleu de la glace vive au fond d’une crevasse ? Par le granite chamoniard ou le calcaire des Calanques ? À la vue d’un combat de bouquetins ? Au vol d’un aigle ? Et tout cela est bien plus beau quand on y accède à pied, sac sur le dos. » Anne-Laure Blanc
Audrey D’Aguanno
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “11 décembre : c’est la journée internationale de la montagne, dernier refuge des âmes nobles”
Il reste à espérer qu’un jour sera créée une journée internationale du bon sens, et que soit mis fin à diverses extravagances dans les grandes causes soit disant à défendre.
« La haute montagne nous rattache à notre milieu naturel et cosmique, qui est le silence, à notre nature la plus profonde, qui est celle des forces élémentaires de la terre. Au-delà d’une certaine altitude, les perceptions se dématérialisent, la puissance de l’esprit y est visible, le physique et le métaphysique tendent à ne former qu’une seule et même trame. La présence des cimes réveille une sensation ancienne, archaïque, de soi-même et des choses : sensation primordiale et puissante, qui ont été enfouie dans le subconscient à partir du moment où les hommes ont mené une vie d’agités et de prisonniers, vie typique du monde moderne occidental. » (Julius Evola)