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Université : quand le CRBC (Centre de Recherche Bretonne et Celtique) vous parle en charabia

Le monde des sciences sociales occidental est devenu un champ de ruine. Ruine de la pensée du fait du wokisme grâce auquel les plus extravagants sujets « queers » et « intersectionnels » occupent les jurys de thèse et ruine de la pensée du fait de l’utilisation d’un verbiage charabiesque tellement abscons et pédant qu’il ferait passer le baragouin de Kierkegaard pour une oeuvre de la Compagnie Créole.

En Bretagne, le CRBC est notre petit centre d’intellos à nous. « Centre de Recherche Breton et Celtique », le CRBC de Brest est un « est un laboratoire de recherche pluridisciplinaire de 34 enseignant·e·s-chercheur·e·s statutaires » (historiens, de l’antiquité à nos jours ; linguistes, celtisants et anglicistes ; ethnologues ; sociologues ; littéraires principalement) qui investissent des thèmes et des terrains de recherche relevant des aires culturelles bretonne et celtique. Mais il·elle·s mènent également, à titre comparatif, des recherches individuelles ou collectives sur d’autres terrains, à l’échelle de l’Europe, notamment atlantique, voire au-delà. (écriture inclusive d’origine)

Le CRBC a été fondé en 1969 par Yves Le Gallo. Membre d’Ar Falz (instituteurs laïques pour le breton proche du PCF). Yves Le Gallo était, selon Daniel Le Couédic, un « gardien vigilant des valeurs qu’il assignait à l’université, il s’employa aussi à en préserver l’indépendance et à refuser toute soumission aux idées convenues souvent repoussées de façon cinglante. ». Quelle rigolade quand on connaît aujourd’hui le taux de pénétration des idées woke et ultra-à la mode au sein du CRBC !

Dans le petit monde du mouvement breton, le CRBC est connu pour les livres et prises de position de certains de ces membres les plus éminents : Ronan Calvez ou Sébastien Carney par exemple, ayant fait voeu d’explorer jusqu’à plus soif les années Breiz Atao (années 20, 30 et 40) et les travers idéologiques de leurs dirigeants dans le sillage de Françoise Morvan. Breiz Atao aura toujours été un mouvement marqué par l’indigence (on se souvient des descriptions terribles d’Anna Youenou veuve Debeauvais, racontant les acrobaties comptables de son mari courant toujours après 6 sous pour en faire 5) et une certaine confidentialité en Bretagne, mais il aura au moins réussi à faire vivre tout un aéropage de petits profs de fac et de sévères railleurs se repiquant les uns les autres idées et jugements. Le tout 70 ans après les faits évidemment.

En effet, avec l’argent et la notoriété gagnée grâce à son énorme pavé consacré à Breiz Atao*, Sébastien Carney pourrait tout de même se permettre de fleurir au moins une fois par an la tombe d’Olier Mordrel, sa principale tirelire, mallozh doue !

Et puisque les lubies idéologies passent et trépassent, il serait bon que ces universitaires se souviennent que les dingueries du wokisme actuel seront jugées, dans l’avenir, aussi sévèrement que les folies du nazisme et du nordisme dont leurs sujets d’étude furent accusés d’être des agents zélés. Les millions de morts en moins et encore, en ces temps de guerre civile larvée, rien n’est acquis…

Mais au-delà de son suivisme de la mode woke, là où le CRBC nous réjouit c’est dans le pittoresque charabia employé pour décrire ses « axes de recherche« . Il faut, en effet, reconnaître que la performance est impressionnante ! Notre morceau préféré au  Top 50 de la jargonerie est le suivant :

 » Plutôt que de remettre sur l’établi la question très empruntée du patrimoine, nonobstant des débats afférents à sa définition (le patrimoine comme un « donné » ; le patrimoine comme une « mise en évidence » d’un élément latent du puzzle social), nous suggérons de nous pencher sur ce qui détermine, à un moment, un acte, que celui-ci relève du domaine des arts ou de celui des idées, sur ce qui fait ensuite que sa sédimentation opère en fonction d’acteur·rice·s, d’entreprises de (dé)légitimation et selon des valeurs qui lui sont accolées. En nous délestant de l’encombrante charge polysémique du patrimoine, nous gageons qu’un triptyque offrirait de rendre compte d’une ellipse (« de la création au remploi ») qui recouvre les expressions de certaines activités humaines et leurs utilisations au fil du temps :
statut des sources et des traces eu égard à ce qu’elles furent originellement : des actes ;
travail et opérateurs de sélection pour dire et faire dire le passé à travers des productions artistiques et culturelles ;
médiation, médiatisation et publicisation. »
Bluffant ! Il faut reconnaître que le ci-devant ragoût est d’un niveau sensationnel ! Peut-on émettre l’idée que l’auteur de ces lignes est allé visiter une expo d’art contemporain avant de pondre pareille performance aidé d’une solide bouteille de vin blanc ?
Un petit ton en dessous, on admirera tout de même la prouesse de cet autre auteur nous décrivant « les instruments et figures de l’identité » en ces mots :
« Résultante de l’ensemble des opérations par lesquelles un prédicat est affecté à un objet, l’identité est à la fois désignation (être dit), présentation (se dire), autoperception (se sentir).
De fait, en fonction des réseaux sociaux dans lesquels les individus évoluent, ou de la temporalité plus ou moins longue qui est la leur, ce sont des identités, plurielles et emboîtées, qui caractérisent chaque individualité. Des identités envisagées comme un système fractal. »
Remettre les faits en perspective est l’une des richesses de la science historique et sociale. C’est en ce sens qu’il est burlesque de se rappeler que les polémiques des années 2000 autour de la figure de Roparz Hemon, polémiques entretenues par certains des individus cités plus haut, (Ronan Calvez par exemple dans son ouvrage** consacré à Roparz Hemon) raillait « l’élitisme » de l’homme de Gwalarn et son « breton chimique ». Quand on lit ces lignes et le reste, on peut se dire que Roparz Hemon doit sacrément rigoler là où il est ! Car quand l’auteur brestois écrivait en français, il avait au moins la décence d’employer une langue compréhensible par les péquenots n’ayant pas, au minimum, un doctorant de sociologie woke.
Qu’il est doux de se rappeler également que ce petit monde en rajoutait autant comme autant dans la posture « crypto-popu » au moment de l’affaire Roparz Hemon. Ah ouaih ! Là, on voit que ces messieurs ont l’habitude du langage de l’atelier ou de la grange à foin. Et le soucis d’éduquer les masses laborieuses !
D’ailleurs, le site du CRBC indique que celui-ci est disponible en breton, ce qui, après vérification, n’est pas le cas. Ou alors le breton de Ronan Calvez ressemble étrangement au français. Nous attendrons donc que les profs de breton du CRBC (Calvez en tête) traduisent leur charabia dans un breton badum’ « populaire » accessible à Job, sabotier retraité au Huelgoat, le tout en « skritur inkluziv ».
Chañs vat deoc’h mignoned !
Mathurin Le Breton
Crédit photo : Site du CRBC

[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

* Carney, Sébastien, Breiz Atao ! Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré : une mystique nationale (1901-1948), Rennes, PUR, coll. « Histoire », 2015, 608 p.

** »La Radio en langue bretonne. Roparz Hemon et Pierre-Jakez Hélias : deux rêves de la Bretagne » Ronan Calvez, PUR, 260 p.

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6 réponses à “Université : quand le CRBC (Centre de Recherche Bretonne et Celtique) vous parle en charabia”

  1. Hadrien Lemur dit :

    Sujets de BAC de philo, au choix : « En nous délestant de l’encombrante charge polysémique du patrimoine, nous gageons qu’un triptyque offrirait de rendre compte d’une ellipse » Ou bien : « De fait, en fonction des réseaux sociaux dans lesquels les individus évoluent, ou de la temporalité plus ou moins longue qui est la leur, ce sont des identités, plurielles et emboîtées, qui caractérisent chaque individualité. Des identités envisagées comme un système fractal » Vous avez deux heures ! J’ai hâte de voir les réponses…

  2. GIRARD dit :

    Plié !!!

  3. PL44 dit :

    E brezhoneg, ret eo vefe skrivañ « 34 k.g.elenner.ez.ed-c’hklasker.ez.ed » ?

  4. kaélig dit :

    Ceux-là sont trop intelligents pour moi ! Boulc’hurun…Gast !

  5. JLT dit :

    Je sais pourquoi je n’ai rien compris. Ça doit être du breton

  6. patphil dit :

    au lieu de simplifier le français (suppression des doubles consonnes par exemple, il font tout pour que les gamins coulent

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