Face à l’incertitude économique, près de 4 travailleurs sur 10 (38 %), en France et dans le monde, ne se sentent pas en sécurité dans leur emploi, soulignant ainsi la nécessité pour les employeurs d’adopter des mesures appropriées afin de rassurer leurs talents, révèle le rapport de l’ADP Research Institute, « People at Work 2023 : l’étude Workforce View », après l’enquête menée auprès de plus de 32 000 actifs dans 17 pays, dont près de 2 000 en France. Au niveau européen, la France est en deuxième position derrière la Suisse (48 %) parmi les pays où les salariés craignent le plus pour la sécurité de leur emploi, alors que seulement 25 % des Néerlandais et 28 % des Allemands expriment ce ressenti.
En France, le sentiment d’insécurité de l’emploi est le plus marqué chez les hommes (44 % contre 31 % des femmes), ainsi que chez les membres de la génération Z âgés de 18 à 24 ans (43 % contre 33 % des plus de 55 ans). Par secteur d’activité, les salariés de l’immobilier (54 %), des médias et de l’information (47 %), des transports, de la logistique et de l’industrie (46 %) sont les plus nombreux à se sentir en insécurité dans leur emploi. A l’inverse, les travailleurs de l’éducation et de la santé sont près de la moitié à se sentir en sécurité dans leur travail actuel (49 %).
En outre, les salariés travaillant uniquement à distance sont ceux qui se sentent le plus en insécurité dans leur emploi : plus de la moitié d’entre eux font part de ce sentiment (55 %), contre 38 % de ceux en 100% présentiel et 34 % en mode hybride. A noter également que les travailleurs exerçant au sein d’une grande entreprise de plus de 1 000 salariés ne sont que 27 % à se sentir en insécurité dans leur emploi, alors qu’ils sont 43 % pour les employés de PME (entre 10 et 249 salariés).
L’incertitude économique accentue le sentiment d’insécurité professionnelle
Près de 7 travailleurs français sur 10 (68 %, loin de la moyenne européenne de 57 %) pensent qu’aucune profession ne sera épargnée par l’incertitude économique actuelle. Un ressenti qui est plus fortement partagé par les collaborateurs âgés de 35 ans et plus (71 % contre 64 % des 18-34 ans). Au niveau des secteurs d’activité, c’est tout particulièrement le cas chez les salariés évoluant dans l’industrie (75 %), le commerce (73 %), le transport et la logistique (72 %), contrairement à ceux des médias et de l’information (56 %).
Si au niveau monde, près d’un travailleur sur quatre (23 %) estime que, d’ici cinq ans, le recours à l’IA sera la norme dans son secteur d’activité et aura pour effet de réduire les tâches manuelles, les Français comme les Européens ne sont que 14 % à exprimer ce sentiment. Un chiffre qui est, néanmoins, plus important chez les hommes (16 % contre 10 % des femmes), chez les jeunes de 18 à 24 ans (19 % contre 12 % des 25 ans et plus), chez les collaborateurs exerçant dans le secteur de la finance (21 %), des services professionnels (20 %), de l’informatique, des télécommunications et de l’industrie (18 %).
La sécurité de l’emploi : un critère essentiel pour les Français
La sécurité de l’emploi est primordiale pour les travailleurs français : elle arrive en deuxième position des critères les plus importants dans un travail pour 40 % d’entre eux, loin derrière cependant le salaire (66 %) mais avant le plaisir au travail (37 %), la flexibilité des horaires (31 %) et l’évolution de carrière (30 %). A noter que la sécurité de l’emploi prend de l’importance de façon proportionnelle avec l’âge des collaborateurs : alors que pour les 18-24 ans, elle se positionne en quatrième position parmi les critères les plus importants pour eux dans un emploi (29 %), elle arrive en deuxième place chez les répondants de 55 ans et plus, avec près d’1 sur 2 qui l’affirme (47 %). Pour les moins de 34 ans, après le salaire, c’est le plaisir au travail qui prime (37 %), suivi par la progression de carrière (34 %).
Les salariés français sont 61 % à se dire satisfaits de la sécurité de l’emploi chez leur employeur actuel (la moyenne mondiale étant de 65 %). Néanmoins, l’étude révèle que ceux travaillant dans les médias et les métiers de l’information sont de loin les moins satisfaits, avec à peine plus d’une personne sur trois se sentant en sécurité dans son emploi (35 %). C’est deux fois moins que les salariés exerçant un métier dans l’éducation et la santé (70 %).
L’étude indique également que travailler uniquement à distance amène à être moins satisfait de son employeur en matière de sécurité de l’emploi (46 %) par rapport à leurs collègues en présentiel (61 %) ou en mode hybride (65 %). Ils sont d’ailleurs plus de la moitié à envisager de faire plus d’heures supplémentaires (51 %) pour « sécuriser » leur emploi, contre 33 % pour les travailleurs en mode hybride et 27 % pour ceux sur site. Ainsi, alors que le monde s’adapte au fur et à mesure au travail hybride et que de nombreux collaborateurs souhaitent travailler à distance, l’un des défis des employeurs est de conserver la satisfaction de leurs salariés vis-à-vis de la sécurité de l’emploi.
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