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Aide au gazole pour les pêcheurs. « La catastrophe se profile derrière les annonces »

Alors que les assises de la mer viennent de démarrer, en présence du Président de la République, les armements structurés bretons, par la voix de l’organisation Les Pêcheurs de Bretagne, ont organisé le lundi 27 novembre une réunion de crise à Lorient pour évoquer la situation sur les aides gazole.

En octobre dernier, le secrétaire d’État à la Mer et la Première Ministre ont assuré les pêcheurs bretons de leur soutien et ont confirmé défendre leurs intérêts auprès de la Commission Européenne. Après des semaines d’immobilisme et d’annonces en trompe l’œil, les pêcheurs en appellent au Président de la République pour confirmer l’ambition de la France de préserver et pérenniser ses activités de pêche. Les annonces de ce jour laissent les représentants de la pêche bretonne et des armements dans l’expectative.

Le prolongement de l’aide de 20 centimes de l’État ne concerne toujours pas les armements qui possèdent plusieurs navires car ces derniers ont déjà atteint le plafonnement de 300 000 euros. Concernant l’aide de 13 centimes négociée avec les fournisseurs d’énergie, les professionnels de la mer attendent toujours l’esquisse d’une mise en oeuvre.

Des annonces en trompe l’oeil

Pour rappel, le prix du gazole professionnel s’est à nouveau envolé ces derniers mois, atteignant la somme symbolique de 1 euro soit 2 fois plus que le prix moyen de ces dernières années. Le secrétaire d’État à la mer a récemment annoncé avoir obtenu un prolongement de l’aide gazole jusqu’au mois de juin 2024, suite à ses négociations à la Commission Européenne. Cependant, les armements à la pêche bretons tiennent à dénoncer l’inaction de l’État face aux menaces qui pèsent sur la filière. Ils ont répété à maintes reprises qu’une simple reconduction de l’aide gazole ne suffirait pas à accompagner la pêche dans son ensemble pour traverser cette crise. Force est de constater que le discours optimiste et triomphant du secrétaire d’État manque cruellement d’objectivité quant à la réalité du terrain. En raison de la règle de minimis et du plafonnement de l’aide toujours indexés sur les entreprises et non sur les navires, l’ensemble de ces sociétés bretonnes ne touche aujourd’hui plus un centime pour palier la hausse du prix du gazole, et ce depuis plus d’un an pour certaines. Elles sont donc contraintes d’absorber une augmentation de 30% à 50% de leurs charges fixes. L’inquiétude est d’autant plus grande qu’en cette année d’élections européennes, les institutions seront bloquées dès le mois de juin 2024 jusqu’au début de l’année 2025, le temps que de nouveaux commissaires soient désignés. Ces entreprises bretonnes ne passeront pas l’année si rien n’est fait avant cette échéance.

40% des apports pourraient disparaitre

Si certains objectent que le fonctionnement des aides n’impacte négativement que quelques entreprises, Les Pêcheurs de Bretagne rappellent qu’elles représentent tout de même une soixantaine de navires pour 40% des apports de la pêche bretonne en valeur, et près de 800 marins pêcheurs, sans compter les autres salariés de ces structures (administration, mécaniciens etc…). Certaines places de marchés s’écrouleront si leur activité s’interrompt, en raison de la dépendance aux apports considérables de ces navires : 87% pour le port d’Erquy, 78% pour Saint-Quay-Portrieux, 50% pour Le Guilvinec, 60% pour Loctudy ou encore 45% pour Lorient. « Aujourd’hui, une partie de nos adhérents, qui sont indispensables à la survie de tout un maillage économique sur la côte, se sentent complètement abandonnés. On va droit dans le mur à pleine vitesse, et nos représentants au plus haut niveau, qui sont les seuls à pouvoir actionner la pédale de frein, se contentent d’écouter le moteur ronronner. On arrive à un véritable tournant pour la pêche bretonne : soit on nous accompagne avec un plan digne de ce nom, et on peut se projeter pour dessiner l’avenir de la pêche, soit on meurt à petit feu et dans un an on sera en deuil de toute une filière. Car à ma connaissance, aucun secteur d’activité ne peut être amputé de 40% de son activité et survivre. » indique Yves Foezon, directeur de Les Pêcheurs de Bretagne .

« C’est bien beau d’annoncer un « contrat de transformation pour la filière», mais nous on est sur le terrain, en mer, dans les criées. On voit bien que le système ne va pas tenir. Le problème, c’est qu’en ne soutenant pas les entreprises qui génèrent le plus d’apports, c’est l’ensemble des infrastructures qui constituent la filière qui sont fragilisées. Quand les armements structurés vont mettre la clé sous la porte, les ports vont fermer car la situation économique ne sera plus viable, et ce sont toutes les entreprises de la filière qui vont s’effondrer. » poursuit Jean Porcher, Armement Porcher.

En Bretagne comme ailleurs, les pêcheurs, comme tous les entrepreneurs, aimeraient tout simplement pouvoir vivre dignement de leur travail, de leur production, sans être suspendu à des taxations massives, à un racket fiscal de l’Etat permanent et de plus en plus important, compensé par des perfusions d’argent public.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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7 réponses à “Aide au gazole pour les pêcheurs. « La catastrophe se profile derrière les annonces »”

  1. louis dit :

    le specheurs ok ! mais les autres secteurs ? les particuliers ?

  2. Sardine dit :

    Le gouvernement se fout de la gueule des pêcheurs et enlève le pain de la bouche de leurs enfants.
    « Une aide de 13 centimes négociée avec les fournisseurs d’énergie », on croit rêver quand on sait que les ultrariches multimilliardaires sont exonérés de TVA sur le gas-oil. Et eux, ils ne travaillent pas !
    Un yacht de croisière de taille moyenne de 70 mètres de long consomme 500 litres à l’heure et le fuel leur revient à 1,00 € le litre. Il suffit de faire une escale en Europe pour être « dédommagé ».
    C’est une honte quand on sait que les travailleurs de la mer doivent serrer la ceinture et quand le Français lambda est obligé de couper le chauffage pour survivre. Le fuel domestique fluctue de 1,90 € à 1,.40 € le litre. 500 litres de fuel ça permet aux petits Français de tenir 1mois 1/2 en coupant le chauffage dans la journée. Mais 500 litres ça fait tourner 1 heure les moteurs des bateaux de luxe des milliardaires en vacances 365 jours par an. Ceux-là devraient au contraire payer le fuel plus cher !
    Monsieur Macron, combien déboursez-vous pour le chauffage de vos appartements de l’Élysée et le carburant de vos voitures de fonction ?
    Ce gouvernement de parasites qui escroque et méprise les Français, doit être viré à grands coups de pied au C**.

    • Hadrien Lemur dit :

      Sur le fond je suis entièrement d’accord avec vous, mais par contre un super yacht de 70 mètres de long c’est plutôt entre cinq et dix mille (10 000 !) litres de fuel à l’heure selon la puissance et la vitesse du bateau. Par comparaison un « modeste » Sunseeker 50 pieds, soit 15.20m avec deux fois 700cv consomme à fond environ trois cent litres à l’heure.

      • Sardine dit :

        Qui, vous avez raison, un super yatch de 70 mètres c’est bien entre 5000 et 10 000 litres à l’heure.
        500 litres à l’heure c’est pour un yatch plus modeste.
        Quoi qu’il en soit, c’est énorme et scandaleux pour les pêcheurs et tous les français qui travaillent pour vivre dont certains ne se chauffent pas parce que le fuel est trop cher.
        Cordialement,

  3. Le Celte dit :

    Ou sont les Bonnets rouge ?
    L’agriculture et la filière pêche crèvent à petit feu .
    Le président du conseil départemental du Finistère à fait une vidéo pour demander a Macron de faire quelque chose.
    Les marins sont dans l’expectative et pendant ce temps le département donne de l’argent et une carte bancaire aux soi disant mineurs isolés indésirables.
    Tout va bien !

  4. Bran ruz dit :

    Pecheurs francais sacrifiés par les macronistes sur l’hôtel de la soumission à l’Europe de Bruxelles. Ces politiciens europeistes non que faire de la souffrance des Pecheurs et de leurs familles, seul compte leur idéologie , leurs carrières politiques, et les pouvoirs que leur donnent leurs divers mandats. Bientôt la pêche française n’existera plus ……

  5. Edouard dit :

    Nous avons un gouvernement de gangsters qui tue la pêche, qui tue l’agriculture, qui tue l’élevage, qui tue la ruralité, un gouvernement à la botte des bandits de Bruxelles. Il faut que cela change et cela doit changer par les Urnes. Ce gouvernement m’a ruiné et a ruiné ma famille. Je voterai Reconquête.

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