« Nous avons atteint un point de non-retour », estime Robin Salecroix, secrétaire de la fédération de Loire-Atlantique du Parti communiste français et conseiller municipal à Nantes. « La coupe est pleine », poursuit-il. Car il ne digère ni la volonté « d’hégémonie » des Insoumis sur la Nupes ni les attaques répétées contre le PCF et son patron Fabien Roussel. Salecroix n’oublie pas le comportement de LFI à l’Assemblée nationale lors de l’examen du projet de loi concernant la réforme des retraites. Effectivement, les Insoumis ont tout fait pour que l’article 7 – l’article stratégique – qui portait à 64 ans l’âge de départ à la retraite ne soit ni discuté ni voté : « Le premier dérapage, on l’a vu lors du mouvement contre la réforme des retraites, avec cette guérilla parlementaire permanente des Insoumis et les manifestations concurrentes à l’intersyndicale » (Ouest-France, Loire-Atlantique, mardi 14 novembre 2023). A le lire, LFI « en Loire-Atlantique comme dans le pays a franchi de nombreuses lignes rouges ». Bref, « il n’est plus possible de travailler avec ces gens-là » car LFI, « avec ses prises de position, fait plus de mal que de bien à la gauche » (Presse Océan, mardi 14 novembre 2023)
Dans leur réponse, les Insoumis voient surtout la volonté du PCF « d’exclure autoritairement LFI de tout cadre commun » de la gauche. On aurait affaire à une « manœuvre politicienne » grossière, destinée à plomber l’idée « d’une liste unique de la Nupes à l’élection européenne. Une possibilité pourtant plébiscitée par les électeurs de gauche ». Pour LFI, la stratégie du PCF est « indigne du moment extrêmement grave dans lequel se trouve le pays » (Ouest-France, Loire-Atlantique, jeudi 16 novembre 2023). Mais non seulement LFI prend acte de la rupture avec le PCF, mais encore réaffirme sa volonté de continuer à travailler avec les autres forces de gauche pour « porter le programme commun de la Nupes » (Presse Océan, vendredi 17 novembre 2023).
Une première remarque s’impose : les trois députés LFI de Loire-Atlantique (Ségolène Amiot, Andy Kerbrat, Matthias Tavel) font preuve de beaucoup de discrétion ; ils se cachent derrière l’enseigne LFI et ne donnent pas l’impression d’être d’ardents défenseurs de Jean-Luc Mélenchon ; bizarrement, ils évitent de se mettre en avant et de montrer à leurs électeurs qu’ils existent. Faut-il trouver l’explication chez Raquel Garrido (député de Bobigny, Seine-Saint-Denis) ? Cette dernière « a trouvé un moyen de mesurer la réprobation que suscite chez les 75 députés LFI la stratégie de clivage à tous crins du chef de La France insoumise. “Regardez qui, parmi ces députés, retweete les tweets de Jean-Luc… ça ne se compte même pas sur les doigts d’une main“, disait-elle fin octobre. Le Point a vérifié ; les cinq derniers messages provocateurs – tous consacrés à la marche contre l’antisémitisme – que Mélenchon a posté sur X ont été respectivement retweetés par quatre, six, quatre, huit et même…un seul député LFI ! » (Le Point, 16 novembre 2023)
Quant à la liste unique pour les européennes « pourtant plébiscitée par les électeurs de gauche », elle a du plomb dans l’aile puisque les récents sondages montrent que les listes socialiste et écologiste feraient mieux que la liste insoumise (10,5 % chacune contre 8,5 %). Si LFI dominait effectivement la gauche et écrasait ses concurrents (PCF, PS et écologistes) dans les enquêtes, ces derniers ne contesteraient pas son hégémonie ; ils se soumettraient contraints et forcés pour sauver des places et maintenir l’existence d’un groupe au Palais-Bourbon. Mais la belle époque de Jean-Luc Mélenchon « Premier ministre » est révolue. D’autant plus le lider maximo dégringole dans les sondages. A la question : « Quel jugement portez-vous sur l’action des personnalités suivantes ? » Seules 17 % des personnes interrogées ont un avis favorable sur Mélenchon – 73 % ont un avis défavorable (Ipsos, Le Point, 16 novembre 2023) Comme les professionnels de la politique suivent de près les sondages, ils en tiennent compte dans leur fonctionnement et s’adaptent aux « circonstances », surtout s’ils veulent être réélus en 2027.
Bernard Morvan
Illustration : DR
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3 réponses à “Nantes : le divorce PCF-LFI est consommé”
Bisbille entre chapelles gauchistes. Aucun intérêt.
Demain , quand il s’agira de se faire élire de nouveau , ils vont se rabibocher sur le dos des électeurs.
tiens, un peu de réalisme au pcf, mais divorce jusqu’aux prochaines élections nationales, des retrouvailles sures , les gamelles sont trop bonnes