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Irlande. Avant le massacre de Derry, un autre Bloody Sunday, le 21 novembre 1920

Tout le monde connait ou a entendu parler du Bloody Sunday, ce dimanche de sang, qui s’est déroulé à Derry, en Irlande du Nord, le 30 janvier 1972. Mais tout aussi sanglant et malgré tout moins connu fût le premier Bloody Sunday, qui s’est déroulé à Dublin, en 1920, en pleine guerre d’indépendance de l’Irlande.

Les événements du matin du 21 novembre résultent d’une tentative de l’IRA de Dublin, sous la direction de Michael Collins et de Richard Mulcahy, de détruire le réseau de renseignement britannique dans la ville

Un mois avant la journée sanglante qui restera dans l’histoire comme le Bloody Sunday, un journaliste des Annales politiques et littéraires dépeint une situation explosive :

« Il n’y a peut-être jamais eu par le monde de situation plus paradoxale que celle de l’Irlande. Voilà un pays qui, nominalement, fait partie intégrante de la couronne britannique et qui, en réalité, depuis trois ans, mais surtout depuis les élections de décembre 1918, se comporte comme un État indépendant, une république autonome.

Le Sinn Féin [le parti nationaliste irlandais] n’était d’abord qu’une minorité turbulente et sans grande influence politique. […] La question n’a peut-être pris tant de gravité que parce que l’Angleterre n’avait jamais cru bien sérieusement jusqu’ici au péril irlandais. »

21 novembre 1920 : un autre Bloody Sunday

Le Bloody Sunday s’est déroulé à Dublin le 21 novembre 1920, pendant la guerre d’indépendance irlandaise. Plus de 30 personnes ont été tuées ou blessées mortellement.

La journée a commencé par une opération de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), organisée par Michael Collins, visant à assassiner le « gang du Caire », un groupe d’agents secrets britanniques infiltrés travaillant et vivant à Dublin. Les agents de l’IRA se sont rendus à plusieurs adresses et ont tué ou blessé mortellement 15 hommes. La plupart était des officiers de l’armée britannique, un était un sergent de la Royal Irish Constabulary (RIC) et deux étaient des auxiliaires qui répondaient aux attaques. Au moins deux civils ont été tués, mais le statut de certains d’entre eux n’est pas clair. Cinq autres personnes sont blessées. Les assassinats suscitent la panique parmi les autorités britanniques, et de nombreux agents britanniques se réfugient au château de Dublin.

Des membres de la RIC (Royal Irish Constabulary), des « Black and Tans », des auxiliaires et des soldats britanniques ont été envoyés pour mener une opération de bouclage et de recherche dans toute la ville.

Plus tard dans l’après-midi, les forces britanniques font une descente lors d’un match de football gaélique à Croke Park. Dublin devait y affronter Tipperary dans un match exceptionnel dont les recettes étaient destinées à la Republican Prisoners Dependents Fund. Les tensions étaient vives à Dublin en raison de la crainte de représailles de la part des forces de la Couronne à la suite des assassinats. Malgré cela, une foule de près de 10 000 personnes s’est rassemblée à Croke Park.

Sans avertissement, la police a ouvert le feu sur les spectateurs et les joueurs, tuant ou blessant mortellement 14 civils et en blessant au moins 60 autres. Un joueur (Michael Hogan, de Tipperary), sera tué. Deux des personnes tuées étaient des enfants. Certains policiers ont affirmé qu’on leur avait tiré dessus, ce qui a été accepté par les autorités britanniques. Tous les autres témoins ont déclaré que les tirs n’avaient pas été provoqués, et une enquête militaire a conclu qu’ils étaient aveugles et excessifs. Ce massacre a encore plus retourné l’opinion publique irlandaise contre les autorités britanniques.

Ce soir-là, deux républicains irlandais (Dick McKee et Peadar Clancy) qui avaient aidé à planifier les assassinats précédents, ainsi qu’un civil (Conor Clune) qui avait été pris avec les autres, ont été battus et abattus au château de Dublin par leurs ravisseurs britanniques, qui ont déclaré qu’ils avaient été tués au cours d’une tentative d’évasion. Deux autres membres de l’IRA ont été condamnés et pendus en mars 1921 pour avoir participé aux assassinats.

Dans l’ensemble, l’opération d’assassinat de l’IRA a gravement endommagé les services de renseignement britanniques, tandis que les représailles ultérieures ont renforcé le soutien à l’IRA dans le pays et à l’étranger.

Les noms de ceux qui sont morts à Croke Park lors du Bloody Sunday 1920 sont les suivants : James Burke, Jane Boyle, Daniel Carroll, Michael Feery, Michael Hogan, Thomas (Tom) Hogan, James Matthews, Patrick O’Dowd, Jerome O’Leary, William (Perry) Robinson, Tom Ryan, John William (Billy) Scott, James Teehan, Joseph Traynor.

En 1925, le conseil central de la GAA, l’association qui gère les sports gaéliques en Irlande, a pris la décision de donner le nom de Michael Hogan à une tribune de Croke Park.

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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