Ainsi est proposé par le cinéma ARVOR à Rennes les 17,18 et 19 novembre prochains un ensemble de projections et d’échanges autour du cinéaste Claude Chabrol, certes décédé en 2010, confiant dans ses mémoires « Un jardin bien à moi » combien il aima notre Armorique et la fit découvrir aux cinéphiles !
Durant ses 54 ans de création et les 104 films d’un métier auquel ce bourgeois par naissance, n’était pas destiné, mais pour lequel il eut une vocation précoce déjà en étant journaliste critique dans « Les Cahiers du Cinéma » (1950-62), mais restant épris du 7e art de papa avant de devenir le premier metteur en scène « révolutionnaire » de « la Nouvelle Vague » par son œuvre clé et presque autobiographique « le beau Serge » (1958). ! Homme d’une chaleur toute introvertie, mais bien réelle ou la passion trouvait sa place derrière des lunettes qui le fit surnommer « petite taupe » il aimait la vie et appréciait la bonne chère dont il en exigeait le partage gastronomique avec son équipe lors des tournages, équipe qui lui resta aussi fidèle qu’il le fut lui-même au cours de sa carrière, mais de la belle « chair », car il nous fit découvrir celles qui devinrent des vedettes après voir été les actrices-héroïnes de ses peintures sociales, tirées des plus sombres situations, alternant lui-même devant et derrière la caméra, le mensonge et la vérité, tout un programme !
Une vie généreuse d’homme de gauche lorsqu’il prit en 1961 sous ses ailes et avec une précaution de grand seigneur, rare dans le 7e Art, la fille du réalisateur de films, Jacques Dupont, major en 1945 de la 1re promotion l’IDHEC (Institut des Hautes Études Cinématographiques), engagé fort tôt pour la défense de la plus grande France puisqu’il fit partie le 11 novembre 1940 des étudiants monarchistes arrêtés sous l’Arc de Triomphe… premier acte, visible, de résistance patriote à l’occupation allemande, avant de d’être l’auteur du 1er documentaire sur les Pygmées, puis du seul film tourné en Afghanistan « La passe du diable » d’après « Les cavaliers » de Joseph Kessel, avec Pierre Schoendoeffer où celui-ci après avoir été photographe de guerre fit ses débuts comme assistant-réalisateur après l’unique long métrage « Créve-Cœur » filmé pendant la guerre de Corée, en l’honneur du bataillon français se battant contre le communisme.
Claude Chabrol admirait ce Jacques Dupont, au parcours singulier et qui se trouvait derrière les barreaux des prisons gaullistes pour avoir défendu le maintien de nos départements français d’Algérie, comme il le fût de Jean- Marie Le Pen pour, déjà, ses engagements lorsqu’ils firent leurs études de Droit, les mêmes années, ,à Paris. L’iconoclaste prendra auprès de lui, la fille ainée de ce réalisateur engagé comme stagiaire script-girl dans OPHELIA (1961) puis comme documentaliste pour LANDRU (1962) à charge pour elle de trouver la vérité dans les archives de presse de l’après Grande-Guerre permettant à Françoise Sagan d’en extraire le meilleur avant de le mettre dans la bouche de Charles Denner, homme de théâtre à l’époque, qui y fera ses débuts dans le cinéma.
Grâce à l’adolescente, car il venait toutes les semaines la « visiter », il découvrira l’environnement carcéral lorsqu’elle fut à son tour sous les verrous plusieurs mois pour le même combat patriote familial, car les documents sur lesquels elle travaillait avaient été saisis par la police… Cela permettra au créateur d’inspirer de réalisme certaines scènes de VIOLETTE NAUZIERE (1978)..
Ces évocations n’apparaitront sans doute pas dans les 3 jours du festival rennais réservé à cet amoureux de la Bretagne jusqu’à y tourner 7 films de 1969 à 2004 (à Landudec, Concarneau, Crozon, Saint-Malo, Saint Jean Trolimon, Plonéour-Lanvern, Cancale, Dinan, Le Croizic, Argol et plus !) y appréciant autant la pluie, les essences de la mer que le mystère de ses habitants participant pour lui d’une quête intime jamais assouvie.
Authenticité et étrangeté recherchées aussi autour de l’œuvre « Le cheval d’Orgueil » (1980) de l’un des plus indéniables Bretons, P.J Hélias dont il traduisit un peu difficilement l’écriture en images.
Claude Chabrol s’entourait de sa famille dans la plupart de ses réalisations sur ou hors des plateaux de tournage tant était nécessaire à ce non-conformiste, un climat affectif partagé en complicité avec son producteur préféré, Georges de Beauregard (Coco — Bel Œil, pour les intimes) qui veillait par-delà les surprises du quotidien, à l’excellence de celles de la création !
Claudine Dupont-Tingaud
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