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Mainmise de l’État sur nos corps : les tribunaux anglais décident de la mort d’un bébé

Les juges ont tranché. Indi Gregory, une petite Anglaise de 8 mois atteinte d’une maladie rare, est morte cette nuit dans les bras de sa mère. Les soins avaient été interrompus à la suite de la décision de la Cour d’appel britannique vendredi. Elle était au centre d’une bataille engagée entre les parents de l’enfant, le personnel sanitaire, les tribunaux, mais aussi le Vatican et l’Italie.

« La vie d’Indi s’est terminée à 01 h 45. Ma femme Claire et moi sommes en colère, le cœur brisé et nous avons honte. Le service de santé étatique et les tribunaux ont non seulement ôté toute chance de vivre à Indi, mais aussi la dignité de pouvoir mourir dans la maison familiale à laquelle elle appartenait. Ils ont réussi à prendre le corps et la dignité d’Indi, mais ils n’auront jamais son âme. Ils ont essayé de se débarrasser d’Indi sans que personne ne le sache, mais nous nous sommes assurés qu’on se souvienne d’elle pour toujours. Je savais qu’elle était spéciale depuis le jour de sa naissance. » Dean Gregory, père de l’enfant.

Tel est l’épilogue d’une histoire dramatique qui n’est autre qu’une manifestation de plus de la lente mais constante immixtion des États dans la vie privée des citoyens et de leur appropriation de l’autorité parentale. 

 

Affecté d’une maladie mitochondriale rare, l’enfant était accroché à des appareils qui la maintenaient en vie à l’hôpital Queen’s Medical Center de Nottingham. La récente décision des médecins de la débrancher avait suscité la consternation des parents.

Non contentes, les autorités, à travers la Haute cour britannique, avaient refusé le 9 novembre le transfert de la petite fille à l’hôpital pédiatrique Bambino Gesù du Saint-Siège à Rome, qui, après avoir étudié son dossier médical, avait proposé de l’accueillir et de prendre en charge les soins nécessaires, offrant un plan thérapeutique alternatif. Pour les médecins italiens, l’enfant pouvait être sauvé, d’autres cures pouvaient être envisagées. Dans le but de faciliter les choses et pour ralentir le débranchement des machines, le premier ministre italien Giorgia Meloni avait conféré la nationalité italienne d’urgence à la fillette. Mais tous les recours ont été vains. Claire et Dean Gregory, qui n’avaient jamais perdu l’espoir d’amener Indi à Rome, malgré les refus réitérés des juges britanniques convaincus que « the best interest » de l’enfant était seulement dans l’arrêt des traitements, n’ont eu de cesse de déplorer d’être confrontés à d’infranchissables murs bureaucratiques. Dires confirmés en Italie, par l’avocat de la famille, Simone Pillon, quelques heures avant le décès : « Le tableau est désolant. Avec l’équipe d’avocats italiens, de concert avec l’équipe juridique de l’hôpital Bambin Gesù, du Ministère des affaires étrangères et de la présidence du Conseil, nous avons activé les procédures prévues par la convention de La Haye (art. 9 et 32) pour des cas comme celui-ci. Nous avons demandé dialogue et collaboration. Nous avons trouvé seulement des murs de silence. » (1)

Le droit de l’enfant à être soigné a été nié, son droit de mourir dans son foyer a été nié, l’autorité parentale a été niée. De fait, l’État a pris possession du corps d’Indi : pour « the best interest« , elle devait mourir dans un hospice. Ce même hospice, qui a tenté de faire signer aux parents un formulaire de non-réanimation qui comprenait aussi l’exonération de responsabilité en cas de complications. Or, les médecins avaient déclaré au juge qu’après avoir éteint le système qui la tenait en vie, les soins palliatifs devraient être « gérés par des professionnels qualifiés disposant de ressources pour faire face aux complications et minimiser la douleur. »

C’est ça aussi la bureaucratie et la complexification des appareils de l’État : quelques médecins et quatre magistrats ont décidé de la mise à mort d’une fillette… mais personne n’en engage sa responsabilité.

Les soins palliatifs, l’accompagnement à mourir, l’euthanasie… vaste débat. Mais que l’on soit pour ou que l’on soit contre, peut-on laisser un tel enjeu entre les mains de nos tribunaux ? 

Audrey D’Aguanno

(1) La Verità du 13/11/23.

Crédit photo : Copie d’écran Daily mail Online

[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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24 réponses à “Mainmise de l’État sur nos corps : les tribunaux anglais décident de la mort d’un bébé”

  1. Hadrien Lemur dit :

    Ignoble bureaucratie !

  2. Marche à terre dit :

    Monstrueux.
    Il faut donner les noms de ces crevures de juges et « medecins »

  3. Durandal dit :

    Bonjour,

    Faites revenir les bonnes soeurs, en particulier dans les hôpitaux Seigneur.

    M.D

  4. VORONINE dit :

    Prions pour la petite INDI, et ses infortunés parents.Une fois encore la preuve est faite que l’état , quel qu’il soit, et son appareil , n’est pas fait pour le bien des citoyens

  5. Perdomec dit :

    Votre présentation est spécieuse. C’est la nature, pas l’Etat britannique, qui a décidé de la mort d’Indi ! Les médecins (et la société dans son ensemble via le système public de santé britannique) ont tenté de lutter contre la nature pendant des mois ; ils ont fini par considérer que cette lutte était sans issue. Ce genre de dilemme médical arrive tous les jours dans le monde. C’est d’autant plus dur ici qu’il s’agissait d’un bébé. On comprend que les parents aient remué ciel et terre pour retarder l’échéance et l’on admire leur acharnement. Leur cas attire la sympathie sans qu’on soit obligé pour autant de partager leur illusion.
    On peut en revanche s’étonner que les juges aient refusé qu’Indi meure chez elle ou que ses parents tentent de l’emmener à Rome. Mais si vraiment cela devait causer des souffrances inutiles à leur fille, fallait-il laisser les parents user aujourd’hui de leur autorité parentale ou les condamner demain pour mauvais traitement envers leur enfant ? Choisir entre deux mauvaises solutions n’est pas facile…

    • Audrey dit :

      Cher Monsieur, loin de moi la volonté de critiquer la décision des médecins. Mais le fait est là : c’est bien l’État, qui s’est opposé au transfert de la petite en Italie, où d’autres médecins, tout aussi capables (sinon plus, le Bambin Gesù représentant l’excellence en matière de pédiatrie) avaient proposé de la soigner différemment. S’il y avait une minuscule chance de la sauver, l’État l’a niée aux parents. C’est l’État encore, qui s’est opposé à ce que la petite s’éteigne chez elle (s’opposant donc à la nature que vous évoquez). C’est cela que j’ai voulu dénoncer. Une décision qui semble incompréhensible mais qui n’est pas la première (à Charlie Gard, avait été nié la possibilité de se faire soigner aux États-Unis, Donald Trump et le Pape étaient intervenus, mais rien n’y fit.)

      • Perdomec dit :

        En l’occurrence, ce sont les juges qui ont tranché, et je ne suis pas du tout favorable au gouvernement des juges. Mais ne faut-il pas avant tout se demander quelle était la meilleure décision pour la petite Indi ? Ses parents souhaitaient se battre jusqu’au bout, quitte à lui infliger des souffrances supplémentaires ; des parents désespérés ne sont pas forcément les meilleurs juges. Et si vous reprochez aux juges de n’avoir pas autorisé la fillette à mourir chez elle, notez qu’en l’occurrence, il s’agissait en fait de l’emmener mourir (vraisemblablement) dans un pays étranger. C’est pourquoi je maintiens : choisir entre deux mauvaises solutions n’est pas facile. Juges et médecins ont sans doute cherché à soupeser tous les éléments du problème. Autrement dit, les commentaires extrêmes ne sont pas de mise.

      • Durandal dit :

        @Perdomec

        Bonjour,

        Si on doit tuer tous ceux qui souffrent… et pire encore, évaluer la souffrance de chacun pour savoir qui est légitime à vivre ou pas… Cela n’a ni queue ni tête et cela débouche inévitablement sur une mise à mort généralisée comme elle se pratique déjà aux Pays Bas.

        Vivons dans une société belle SVP.

        M.D

    • jabeilles dit :

      Votre commentaire est parfait, c’est-à-dire mesuré.
      Merci à vous,
      Abeilles.

    • PHILIPPE DE GEOFROY dit :

      Je suis totalement d’accord avec vous. Ne pas faire d’acharnement thérapeutique ou ne pas pratiquer l’obstination déraisonnable (ce qui est la même chose), cela n’a rien à voir avec de l’euthanasie. On n’est moralement tenu de pratiquer les soins ordinaires mais pas les soins extraordinaires (cf. Pie XII). Par ailleurs on ne peut pas imposer à la société de prendre en charge des soins lourds et coûteux prolongés s’ils sont totalement inutiles ce qui était le cas. Par contre effectivement rien interdit d’être humain avec les parents et d’autoriser un transfert à la maison. D’accord également avec vous sur le transfert à l’étranger qui aurait prolongé les souffrances mais cela reste la décision des parents. La décision de poursuite des soins ou d’arrêt des soins (j’entends bien quand il n’y a aucun espoir de guérison) est une décision médicale ce qui veut dire qu’elle doit également être humaine et prendre en compte la souffrance des parents.

  6. Cougar dit :

    Encore une saloperie anglo-saxonne!!!
    Depuis 10 siècles, ces tristes sires les cumulent!

  7. Dude dit :

    Je ne suis pas un fervent défenseur de l’acharnement thérapeutique, mais à partir du moment où l’Italie proposait une alternative, aussi faible soit les chances, et que les parents le voulaient, cette décision de la justice fait froid dans le dos. Un cas très triste qui illustre le pouvoir malfaisant des juges. S’il s’était agi d’un enfant non blanc, il est probable que la bien pensance les aurait poussé à tenter tout ce qui est « humainement » possible, et quoi qu’il en coûte, pour préserver la vie d’un l’enfant issu des minorités qui ont beaucoup souffert de de la colonisation etc….

  8. Odile dit :

    La décision des juges est cruelle et inhumaine…
    Mais rentabilité fait oublier toute humanité, comme pour la volonté de légaliser l’euthanasie pour des motifs économiques.

  9. JLP dit :

    Au temps de la République romaine, c’est au bout de huit jours – paraît-il – qu’on présentait au pater familias son enfant nouveau-né. Une semaine pour déceler les tares… Dans l’état de la médecine d’alors, le pater familias décidait de reconnaître l’enfant, ou non, ce qui signifiait la mort. Un peu expéditif, du moins ne s’encombrait-on de mal-nés sous le douteux prétexte d’égale-dignité-de-l’homme-et-de-la-femme-devant-le-Seigneur

  10. Christie Laure dit :

    Dommage que les juges semblaient nepas être capables de réaliser que ces diverses décisions faisaient d’eux des assassins. Assassin de petit enfant c’est encore pire. I l faut commencer par l’empathie, si on n’en est pas capable on ne devrait pas être juge. Ce n’est pas la première fois que ce pays s’illustre tristement en ce qui concerne les relations parents-enfants. Oui ça fait froid dans le dos et on est content si on n’appartient pas à ce pays quant on constate de telles injustices.

    • PHILIPPE DE GEOFROY dit :

      Ne pas pratiquer l’obstination déraisonnable pour une maladie dont l’issue fatale est connue d’avance ça n’est pas un assassinat.

  11. gaudete dit :

    Finalement les nazis ne sont jamais loin, et que dire de ces juges, de vrais nazis , il n’y a pas d’autres mots si staliniens mais c’est du pareil au même, et quand je vois des gens qui leur donnent raison je dis stop, ces gens- là n’ont pas de coeur et n’ont pas eu d’enfants

  12. Eschyle 49 dit :

    Sur l’euthanasie , lisez ces deux notes:
    a) https://reseauinternational.net/affaire-lambert-la-cedh-jette-le-masque/
    b) https://reseauinternational.net/affaire-lambert-la-cedh-jette-le-masque-et-rechausse-les-cothurnes-2/
    Notamment ce passage:
    La faculté de requête individuelle, après l’épuisement des voies de recours de droit interne, a été consacrée par une déclaration déposée auprès du Secrétaire Général par le Représentant Permanent de la France, le 2 octobre 1981 :

    « Au nom du Gouvernement de la République française, je déclare, conformément à l’article 25 de la Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales, signée à Rome le 4 novembre 1950, et conformément au paragraphe 2 de l’article 6 du Protocole n° 4 à ladite Convention, signé à Strasbourg le 16 septembre 1963 [article 6 du Protocole depuis l’entrée en vigueur du Protocole n° 11], reconnaître pour une période de cinq ans à compter de la présente déclaration, la compétence de la Commission européenne des droits de l’homme pour être saisie d’une requête adressée au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe par toute personne physique, toute organisation non gouvernementale ou tout groupe de particuliers, qui se prétend victime d’une violation, par l’une des Hautes Parties contractantes, des droits reconnus dans la Convention et dans les articles 1er à 4 du Protocole susmentionné ».

    En d’autres termes, d’une part, la dispense d’exequatur a été conférée, non point à la Cour européenne des droits de l’homme, mais exclusivement à son prédécesseur, la Commission européenne des droits de l’homme, d’autre part et surtout, le terme de cette dispense étant le 31 octobre 1998, la déclaration susvisée est caduque depuis cette date: il faut donc repasser par la case « exequatur de droit commun », exactement comme si l’arrêt querellé avait été rendu par n’importe quelle juridiction étrangère. Tant qu’il n’y a pas d’exequatur, la totalité des arrêts de la CEDH, postérieurs au 31 octobre 1998, sont nuls et non avenus.

    Vous voyez: ça tient en 10 lignes, et c’est à la portée d’un élève d’école primaire.

  13. kaélig dit :

    « Vincent Lambert, plongé dans un état végétatif depuis un grave accident de voiture, en septembre 2008, est devenu le symbole de la lutte pour le « droit à mourir dans la dignité ». Il est mort le 11 juillet 2019, à l’hôpital Sébastopol de Reims (Marne), neuf jours après un ultime arrêt des traitements.22 nov. 2018 »
    On se souvient de l’affaire Vincent Lambert dont la mère Viviane s’acharnait à refuser l’euthanasie, ou tout du moins l’arrèt des soins alors que son fils n’était pas en état physique d’exprimer sa volonté de survivre ou pas, et pourtant il devait être conscient de sa souffrance.

    • breizh dit :

      nul de sait ce que voulait Vincent Lambert. Lors de la première tentative d’arrêt de soins, il avait tenu 30 jours : ce n’est pas le signe de quelqu’un qui veut mourir.
      Là encore, il y avait des établissements spécialisés prêts à l’accueillir, mais d’autres se sont acharnés pour qu’il meure…

    • PHILIPPE DE GEOFROY dit :

      L’histoire de Vincent Lambert est très différente. Il était plongé dans un état végétatif et ne nécessitait que des soins ordinaires c’est-à-dire l’alimentation et l’hydratation. L’arrêt des soins ordinaires n’est pas licite sur le plan moral. Par contre on n’est pas tenu de poursuivre indéfiniment des soins extraordinaires dans le cadre de l’obstination déraisonnable (par exemple garder en réanimation sous ventilation quelqu’un qui est condamné). Pie XII explique que dans ce cas il est tout à fait licite d’arrêter ce type de soins. Le cas de cet enfant est similaire au deuxième cas et pas à de celui de Vincent Lambert.

  14. Brun dit :

    On ne peut que faire part de sa tristesse en constatant que le Royaume Uni, qui grâce à Churchill et à son courage pendant la guerre, le blitz, etc., a sauvé le monde occidental et dont la population avait fait la preuve de la plus grande dignité, se trouve maintenant en tête d’une effroyable évolution.

  15. Erwan Berric dit :

    L’Angleterre a toujours été l’antichambre de l’enfer.
    Elle est devenue l’enfer tout court.

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