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Les aigles de Rome, ou la victoire des Germains contre Rome (bande dessinée).

Dans le monde de la bande dessinée, Rome est à la mode. Les bédéphiles connaissent Alix, Murena, et Les aigles de Rome. Cela faisait sept ans que les lecteurs de la série des Aigles de Rome attendaient avec impatience le sixième volet des aventures des héros de Marini.

11 avant Jésus-Christ. L’Empire Romain, après avoir pacifié les Gaules, intervient au-delà du Rhin. Sous l’empereur Auguste, deux jeunes garçons sont éduqués pour devenir des guerriers romains. Ermanamer est le fils d’un chef chérusque, une horde barbare de Germanie, qui a été livré comme otage à Rome, où il a reçu le nom romain d’Arminius. Son rival, Marcus Valerius Falco, est le fils d’un prestigieux soldat romain cruel et autoritaire. Marcus et Ermanamer grandissent ensemble, partagent une stricte éducation militaire et finissent par nouer une amitié virile. Le Romain et le Barbare mêlent leur sang pour sceller un pacte de fraternité éternelle. Mais Arminius, désormais préfet en Germanie, futur roi des Chérusques, n’a jamais oublié ses origines et cherche en réalité à mettre un terme à l’occupation romaine. Marcus est dépêché sur place afin de surveiller Arminius. Il découvre la traitrise de celui-ci. Mais l’armée romaine est vaincue par les troupes d’Arminius à la bataille de Teutoburg.

Dans le tome 6, on assiste à l’accession au pouvoir de Tibère. Hantés par la déroute militaire au cours de laquelle trois aigles ont été capturées par Arminius, appelé à régner sur les Germains, les romains craignant que les barbares se fraient un passage jusqu’aux portes de la capitale. Afin d’évacuer cette peur, ils se rendent aux jeux et se passionnent pour les combats de gladiateurs. Mais derrière son masque noir, celui qui sort vainqueur des combats est Marcus, rescapé de la défaite de Teutoburg. N’ayant plus goût à la vie, hanté par la mort de Priscilla, la mère de son fils Titus, il a décidé de devenir gladiateur. Il apprend que Titus, emmené en captivité, est encore vivant en Germanie. Mais Arminius est lui aussi présent, clandestinement, à Rome…

Après avoir dessiné plus de 25 albums au sein de 5 séries (Olivier Varese, Gipsy, L’étoile du désert, Rapaces et Le scorpion), le suisse Enrico Marini se mue, pour Les aigles de Rome, en auteur complet, réalisant le scenario et le dessin. Au début du projet, la série Les Aigles de Rome devait être une trilogie, s’achevant sur la bataille décrite à la fin du tome V. Mais l’auteur a voulu poursuivre l’aventure avec ses héros.

Pour bâtir son scénario, Enrico Marini cite comme source d’inspiration le film Gladiator (Ridley Scott, 2000) et la série Rome (2005-2007). Dans un récit bien mené et plein de rebondissements, il dresse le portrait de deux guerriers d’origine germanique, l’un se battant pour la gloire de Rome, l’autre pour la liberté de son peuple.

Il donne sa vision du véritable héros germanique Caius Julius Arminius (ou Armenius). En effet, ce fils d’aristocrate en tant qu’otage est élevé à Rome comme un citoyen romain. De retour en Germanie, il gagne la confiance du gouverneur Varus tout en fomentant une rébellion contre Rome. Après avoir unifié les nombreuses tribus germaniques, devenu roi chérusque, il anéantit trois légions romaines au cours de la bataille de Teutobourg. Il reste, depuis cette bataille, un héros national de l’autre côté du Rhin.

Marini explique qu’« il n’y a pas de bon côté entre ces conquérants militaires et ces barbares : ce ne sont que deux peuples qui s’affrontent, et qui contiennent en eux le bien et le mal. Ces notions n’ont d’ailleurs pas lieu d’être, car cette histoire se déroule plusieurs dizaines années avant la crucifixion du Christ. Il n’y a donc pas de morale chrétienne dans Les Aigles de Rome, parce que les Romains ne possédaient encore ces valeurs judéo-chrétiennes qui nous semblent si légitimes » (ActuaBD, 24 novembre 2016).

Il a réalisé un important travail de documentation, notamment sur l’armement et la composition de l’armée romaine. Il respecte par exemple la tenue de l’aquilifer, porteur de l’« aigle » dans une légion romaine. Pour les germains, on retrouve leurs boucliers hexagonaux en bois ainsi que les motifs géométriques et les runes.

Il considère que « la BD est le lien entre le roman et le cinéma ». Au moment de préparer la mise en place de son scénario, il établit même un story-board de type cinématographique. Dans des cases horizontales panoramiques, il compose son plan. Puis il découpe en choisissant le format des cases, plus ou moins grandes. Pour renforcer cet aspect, il a décidé d’alléger les pages du tome 6, puisqu’il y a environ une case en moins par page, l’album passant à quatre-vingt planches.

Le trait somptueux de Marini, d’un réalisme saisissant, fourmille de détails. L’artiste reconstitue ainsi de spectaculaires scènes de batailles. Marini n’a pas représenté le Colisée, puisqu’il n’était pas encore construit à l’époque. Il s’est inspiré de l’amphithéâtre Statilius Taurus, dont il ne reste aujourd’hui aucune trace.

Il apprécie de colorier lui-même ses cases. Ses couleurs directes sont des encres acryliques liquides, même si le rendu, superbe, est souvent proche de l’aquarelle.

On peut cependant regretter qu’à l’instar de la série Murena, certaines scènes érotiques, sans doute inhérentes à la réalité des mœurs de l’époque, réservent cette bande dessinée aux plus de 16 ans.

Kristol Séhec

Les Aigles de Rome, Tome 6, 88 pages, 16,95 euros. Editions Dargaud.

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