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Comprendre les interactions entre les dauphins, leurs proies et les pêcheurs : le projet Delmoges livre ses premières conclusions

Lors des journées du projet Delmoges, les 12 et 13 octobre 2023, des scientifiques de l’Ifremer, de La Rochelle Université, du CNRS et de l’Université de Bretagne Occidentale ont présenté les premiers résultats de la campagne hivernale menée en 2023 pour éclairer les mécanismes susceptibles d’expliquer les captures accidentelles de dauphins dans le golfe de Gascogne. Ils ont ainsi observé pour la première fois des bancs de sprats et de sardines très denses et agrégés sur les fonds marins. Leurs travaux suggèrent que les dauphins seraient amenés à chasser ces proies préférentielles très près du fond, potentiellement plus au contact des filets de pêche, augmentant alors le risque de capture accidentelle.   

Le projet Delmoges (DELphinus MOuvements GEStion) est un projet collaboratif porté par La Rochelle Université, le CNRS et l’Ifremer en partenariat avec l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM). Lancé début mars 2022, pour une durée de 3 ans, ce projet a pour objectif d’apporter de nouvelles connaissances sur les mécanismes à l’origine des captures accidentelles de dauphins communs dans le golfe de Gascogne. Il est co-financé par la Direction de l’Eau et de la Biodiversité (DEB), la Direction Générale des Affaires Maritimes, de la Pêche et de l’Aquaculture (DGAMPA), France Filière Pêche (FFP) et les établissements de recherche.

LA ZONE CÔTIÈRE ENTRE LA GIRONDE ET LA LOIRE PASSÉE AU PEIGNE FIN

Lors de la campagne d’hiver 2023, les scientifiques ont réalisé deux types de campagnes :
Du 5 janvier au 26 mars, des survols aériens se sont déroulés sur la zone centrale du golfe de Gascogne pour compter les mammifères marins de la côte jusqu’au talus continental. Réalisées suivant un protocole standard par deux observateurs à bord, les observations d’espèces sont saisies en temps réel par un navigateur. Sur 8 900 km, plus de 3 000 mammifères marins de 8 espèces différentes ont été détectés, dont 2 500 petits delphinidés, en grande partie des dauphins communs. 25 carcasses de delphinidés ont également été comptabilisées à la surface.

Du 2 au 21 février, le drone autonome de surface DriX de la société Exail a parcouru 1 600 km dans une zone située entre Royan et Noirmoutier. Le drone était équipé d’hydrophones pour détecter les dauphins, d’échosondeurs pour détecter les petits poissons pélagiques dans la colonne d’eau et de capteurs de température et de salinité pour caractériser leur environnement.

D’ÉTONNANTS BANCS DE PETITS PÉLAGIQUES TRÈS DENSES AGRÉGÉS SUR LE FOND

Les plus fortes concentrations de dauphins et de leurs proies préférentielles ont été détectées près des côtes, à moins de 100 m de profondeur, aussi bien par le DriX que lors des survols aériens.

À première vue, les bancs de petits poissons pélagiques étaient globalement semblables à ceux observés chaque année au printemps lors de la campagne Pelgas. Mais la présence de grands bancs de petits pélagiques organisés en couche localisées très près du fond (en jaune sur la carte) a surpris les scientifiques qui n’avaient encore jamais observé ce comportement. Peu mobiles, ces bancs sont restés cantonnés dans la bande côtière entre les différents passages du DriX. Ils étaient composés de sprats et de sardines, d’après les résultats des prélèvements par chalutage réalisés par des navires de pêche professionnelle, affrétés par l’équipe du projet.

Ces nouvelles observations suggèrent que les dauphins communs évoluant en hiver dans le golfe de Gascogne pourraient être amenés à plonger très près du fond pour se nourrir. Bien que non observé directement, ce comportement alimentaire est ici déduit du croisement des données sur la distribution des poissons et le régime alimentaire des dauphins. Il pourrait expliquer comment des dauphins se retrouvent en interaction avec des filets de pêche posés près du fond, qui ciblent les poissons de fond comme la sole. Les petits poissons pélagiques agrégés au fond participeraient ainsi à augmenter le risque d’interactions des dauphins avec divers engins de pêche posés au fond, et donc les captures accidentelles.

Une seconde campagne est envisagée l’hiver prochain à la même période pour vérifier les observations de 2023 et étayer l’hypothèse selon laquelle l’agrégation des petits poissons pélagiques près du fond à la côte augmente le risque de captures accidentelles des dauphins dans les filets de pêche. Ces nouvelles connaissances pourraient à terme aider les pouvoirs publics et le secteur de la pêche à identifier des options viables pour réduire ces captures accidentelles.

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