Une exposition intitulée « An droellen – L’atelier breton d’art chrétien » est présentée à la Maison Saint Yves à Saint-Brieuc, mettant en lumière les réalisations artistiques de l’association An Droellen, qui avait pour mission de renouveler l’art religieux breton au XXe siècle.
L’atelier breton d’art chrétien à découvrir à Saint-Brieuc
En 2023, les Seiz Breur («Sept Frères ») ont fait un retour remarqué dans l’actualité à l’occasion du centenaire de la création de ce mouvement artistique breton devenu iconique. Au cours de sa vingtaine d’années d’existence, cette confrérie d’artistes et d’artisans s’étant donné pour mission de renouveler l’art populaire breton aura regroupée jusqu’à 50 artistes avant sa dissolution en 1947.
Parmi les plus renommés des Seiz Breur, figuraient James Bouillé (1894-1945) et Xavier de Langlais (1906-1975). Ces deux artistes seront à l’origine de la création, en 1929, d’une nouvelle association qui avait pour objectif d’apporter un renouveau à l’art religieux breton.
Aussi appelée « Atelier Breton d’Art Chrétien », l’association se nommera An Droellen, à traduire par « la spirale » en breton. Outre James Bouillé (1894-1945) et Xavier de Langlais, six autres artistes prendront part à l’aventure : le sculpteur Jules-Charles Le Bozec, les maîtres verriers rennais Paul et René Rault, l’orfèvre briochin René Desury et Madame la baronne de Planhol, fondatrice de l’atelier pour la Beauté du culte Divin.
De cet « Atelier Breton d’Art Chrétien », il en est de nouveau question depuis le 6 octobre 2023 à la Maison Saint Yves, située à Saint-Brieuc.
An Droellen, une exposition inédite
En effet, une exposition intitulée « An droellen – L’atelier breton d’art chrétien » est proposée au public jusqu’au 4 janvier prochain par le diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier.
Par l’intermédiaire de cette association An Droellen, chaque artiste dans son domaine artistique a ainsi permis de contribuer au renouveau de l’art religieux breton. Leur collaboration a permis la création d’une œuvre d’une grande unité et dont le plus bel exemple est la chapelle Saint Joseph de Lannion.
Sur place, les œuvres de ces différents artistes sont présentées dans le cadre de l’exposition. Une occasion inédite de redécouvrir leurs multiples réalisations grâce aux nombreux « prêts d’œuvres, études préparatoires, maquettes mais aussi d’œuvres conservées in situ », indique le diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier.
An droellen : art et liturgie bretonne
Quant aux objectifs initiaux d’An Droellen, le blog catholique breton Ar Gedour publiait en 2015 un article rédigé sous la plume de Youenn Caouissin livrant de précieuses informations à ce sujet. En rapportant notamment un texte de James Bouillé publié en 1936 dans le bulletin « L’Union des Œuvres Bretonnes » :
« Beaucoup de membres du clergé et des fidèles zélés veulent fréquemment acquérir ou faire exécuter un travail d’art religieux ; l’objet de commerce, le toc ou le clinquant que l’on trouve partout ne leur plaisant guère, et coûtant souvent beaucoup plus cher qu’une œuvre d’art original.
Mais où trouver l’artiste que l’on désire ; il n’en manque pas et nous en apportons la preuve parmi toute cette pléiade de professionnels disséminés dans toute la Bretagne, et souvent sans liaison entre eux. Il était donc tout indiqué de les réunir, et c’est ce qui a été fait à la demande de plusieurs personnalités écclésiastiques. Sous le signe « An Droellenn », un atelier d’Art Chrétien a été fondé. Recruté avec soin, avec une certaine sévérité même, ce groupe réunit des artistes et artisans ayant une doctrine artistique précise que l’on peut résumer ainsi : « S’inspirer de la tradition artistique bretonne authentique qui créa sur notre sol ce parterre de chef-d’œuvres religieux qui font sa gloire, et la rénover dans un sens moderne en conformité avec l’esprit liturgique le plus pur » .
« An Droellenn » comprend donc des artistes de toutes les branches : architectes, statuaires, sculpteurs sur bois et granit, peintres, mosaïstes, verriers, décorateurs de toutes spécialités. Le groupe est à même d’élever des églises, des sanctuaires, monuments religieux divers, que de les restaurer et de les agencer dans les moindres détails.
S’agira-t-il de décorer une voûte de peintures à fresques, de tailler des saints ou calvaires dans le granit breton, de sculpter dans le chêne un autel, un chemin de croix, une banquette de chœur, d’exécuter un vitrail, de décorer un missel, de broder une bannière, une chasuble, une aube d’enfant de chœur, de ciseler un calice ou une croix processionnelle, les membres de l’atelier sont à même de réaliser ces travaux les plus divers. On peut se rendre compte dès à présent de l’importance du rôle que ce groupe, lequel assurément nous manquait, est appelé à jouer dans l’évolution et la rénovation de notre art sacré, car il secondera le clergé en exécutant des œuvres d’art saines, d’esprit celtique, dignes de notre temps et de notre pays ».
En ce qui concerne la fin des activités d’An Droellen, elle interviendra au mois de juin 1945, avec le décès de James Bouillé. Une situation expliquée par Youenn Caouissin en ces termes : « Dès lors où ont été en jeu bien des réalisations bretonnes d’avant-guerre, en 1945, quasiment tout ce qui a été crée entre les années 1920 et 1945 a été regardé comme suspect et de ce fait balayé, que ce soit dans le domaine culturel ou dans le domaine politique. Et le domaine culturel impliquait, peu ou prou le… religieux. »
Informations pratiques :
Exposition « An droellen – L’atelier breton d’art chrétien »
Maison Saint-Yves
81 rue Mathurin Méheut
22000 Saint-Brieuc
Du 6 octobre 2023 au 6 janvier 2024 du lundi au vendredi 10h-12h / 14h-17h30 et le samedi de 10h à 12h.
Entrée gratuite
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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