L’humiliation du mois dernier, quand le gouvernement tunisien refoulait une délégation d’euro-parlementaires, n’avait pas suffi. C’est maintenant l’aide financière de l’Union européenne qui a été renvoyée à l’expéditeur. Un tonitruant « nous n’acceptons pas votre charité » qui sonne tel un « il va falloir repasser à la caisse » et met encore une fois en exergue l’impuissance et la perte de prestige du vieux continent sur l’échiquier international.
60 millions, c’est le montant de la première tranche des 105 millions d’euros d’aide promis par Bruxelles pour lutter contre l’immigration irrégulière, qui a été remboursé. Un montant que le président Kaïs Saïed a qualifié de contraire à l’accord initial. À côté du 1,235 milliard d’euros versé à la Turquie pour la gestion des migrants en 2022, la somme pouvait en effet paraître dérisoire.
« La Tunisie approuve la coopération, mais n’accepte pas tout ce qui s’apparente à de la charité, car notre pays et notre peuple ne veulent pas de la sympathie quand elle est sans respect. » Kaïs Saïed
Rappelons que Tunis n’est pas pour rien dans la submersion migratoire qui avait frappé Lampedusa, lorsque 8.000 clandestins arrivaient sur l’île en quelque 72 heures. C’est elle qui avait favorisé les départs en déplaçant des migrants subsahariens de la ville de Sfax vers les zones côtières points départ pour l’Italie, à moins de 150 km de là.
Un chantage à l’immigration qui semble n’être qu’à ses débuts. Ankara, qui n’hésite pas à ouvrir les vannes en cas de désaccord avec l’Union en est coutumière.
Mais ce n’est pas tout. Le ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar, dans une entrevue au quotidien arabophone EChourouk, a en outre accusé Bruxelles d’avoir détourné les fonds promis pour aider le pays après la pandémie, et menace de publier des documents confidentiels :
« Dans toute cette affaire, l’UE agit avec une certaine tergiversation et donne des informations erronées et floues à l’opinion publique. Cet argent date de l’époque du Covid-19 et ne nous est pas parvenu, aujourd’hui, ils le déboursent au titre de 2023 et du soutien au budget de l’État. Alors nous le leur avons rendu et les avons mis en garde contre la politique de la supercherie par la publication de correspondances confidentielles. »
« Si vous revenez à la charge, nous reviendrons aussi en révélant des vérités qui ne sont pas en votre intérêt (…) nous n’implorons personne et le monde ne s’arrête pas à un partenaire ou à un autre (…) nous n’avons pas déclenché des guerres et nous n’avons pas plongé l’humanité dans des guerres mondiales comme vous l’avez fait. Pour nous la souveraineté n’est pas une arme, mais dignité et force de dire haut et fort la vérité. »
Alors que les relations avec l’U.E. et le FMI se détériorent, le gouvernement de Saïed se rapproche de la Russie et, plus généralement, des BRICS.
Mais la Tunisie, comme d’ailleurs les autres pays limitrophes au continent européen, est-elle à blâmer ? Ou joue-t’elle son jeu et entend-elle peser dans la balance, faisant usage de toute sa souveraineté face à une Union qui a perdu la sienne, si tant est qu’elle ne l’aie jamais eu ? Une Europe impuissante, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, mais continue d’interpréter un rôle de façade, un peu comme ces nobles versaillais qui, en 1788, se pavanaient encore comme si tout allait bien, alors qu’ils n’étaient plus qu’apparence, devenus insupportables à tous. Un peu comme un Emmanuel Macron en Afrique, si l’on veut faire un exemple plus récent…
Tunis joue son jeu tout en n’étant pas non plus responsable des millions de Subsahariens qui l’ont pris d’assaut en attendant de pouvoir traverser la Méditerranée. Une situation hors de contrôle dont la responsabilité retombe tout entière sur l’Europe et ses frontières grandes ouvertes. Sans la pompe aspirante européenne, le problème des migrations clandestines en Tunisie serait encore gérable. Or, avec la « crise des migrants » orchestrée, la criminalité a augmenté drastiquement dans le pays, épuisant les forces de sécurité locales.
« Notre nation n’est pas le garde-frontière de l’Europe et n’acceptera pas de devenir centre d’accueil pour réfugiés » a déclaré plusieurs fois le Président tunisien.
Comment lui en vouloir ?
Audrey D’Aguanno.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
6 réponses à “La Tunisie dédaigne l’aide fournie par l’Union européenne et la menace”
La phrase clef qui résume une situation bien plus qu’alarmante : « » Sans la pompe aspirante européenne, le problème des migrations clandestines en Tunisie serait encore gérable. « »
En réalité, comme chacun sait, le problème de l’immigration doit etre traité à sa base. C’est à dire faire pression, et quelque soit la maniere, sur les pays africains pour stoper ce trafic. J’irai plus loin : En rétorsion il faudrait avoir le courage de couler les bateaux transporteurs d’humains. A la troisième barcasse au fond de l’eau, le réel et fondamental danger de l’immigration s’arrêtera net. Bien sûr il y a risque de confrontation armée (Entre-autre avec la Turquie). C’est pour cela que je préconise un rapprochement avec la Russie qui saura contenir les ardeurs de certains pays, dont la Turquie, mais aussi et surtout les cris d’orfraie des USA, pays je le rappelle qui est présent sur tous les fronts et de toutes les guerres quand il s’agit de s’accaparer un avantage économique ou autre, mais qui n’a pas pris un seul obus, ni une seule bombe sur la gueule depuis des siecles !…
Bon exposé. Quant au conflit armé avec des pays de la méditerranée je n’en vois pas la raison, chaque pays a le droit de faire respecter ses frontières tant sur terre que sur mer, si après un avertissement les bateaux n’obtempèrent pas ils connaissent les risques encourrus et doivent en assumer les conséquences. Mesure qui doit être prise en parallèle avec l’arrêt de aides et subventions aux clandestins. S’il n’y a rien à gagner pourquoi risquer sa vie ?
Il ya quand même eu les attentats du 11 septembre !!!
Tant que l’europe sera dirigée par des saltimbanques comment peut-elle être respectée et en plus demandent-ils aux peuples s’ils sont d’accord pour vider à fond perdu leur argent dans le tonneau des danaïdes .
stop aux visas, stop aux envois d’argent , stop à la coopération économique , on verra! mais on sait que nos zélites s’en contrefichent, alors ça continuera
Quand les Tunisiens laissent partir des migrants pour l’UE .
En Europe certains disaient qu’ils n’avaient pas les moyens humains ni financiers.
Qu’est-ce que vous êtes naïfs les Tunisiens laissent les passeurs faire leur business comme cela ils débarrassent le planché et surtout quand ceux sont des racisés qu’ils ne peuvent pas blairer .
En même temps ils font chier les occidentaux et participent à l’envahissement de nos pays.