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Figures de l’histoire de la Bretagne. Erispoë

Après Anne de Bretagne il y a quelques semaines, après Surcouf, après Nominoë, nous vous proposons de découvrir la vie d’un autre personnage majeur de l’histoire de Bretagne, Erispoë.

Erispoë voit le jour aux alentours de l’an 820, fils aîné de Argantaël et de Nominoë, qui n’est alors que le comte de Vannes.

Les archives ne relatent que peu d’éléments sur celui qui fut le premier roi breton, sur la période préalable au décès de son père qui le fait accéder au pouvoir. Nominoë ne semble en effet jamais avoir porté le titre de roi, le cartulaire de l’abbaye de Redon recueillant des chartes du VIIIème au XIIème siècle, lui prête uniquement les qualifications de « duc des Bretons », de « duc de Bretagne », de « duc de de toute la Bretagne » ou encore de « prince de Bretagne » et de « prince de toute la Bretagne ».

Le premier acte d’importance du nouveau souverain breton fut de conduire ses troupes contre le roi franc Charles le chauve qu’il écrase à Jengland, non loin de la Vilaine, le 22 août 851. Cette grande victoire bretonne permet à Erispoë de conclure une paix avec le royaume franc à l’avantage de la Bretagne. En effet, les annales de Saint-Bertin viennent nous préciser que « Erispoë, fils de Nominoë, venant auprès de Charles, dans la ville d’Angers par la dation des mains est accueilli et lui sont donnés tant les insignes royaux que la puissance jadis dévolue à son père, étant ajouté en outre le Rennais, le Nantais et le pays de Retz. »

Le traité d’Angers confirme alors les pays de Nantes et de Rennes, conquis par Nominoë en son temps, comme appartenant au royaume breton et ajoute également le pays de Retz au nombre des nouvelles possessions bretonnes.

Toutefois, comme son père auparavant, Erispoë doit faire face, en plus des pressions franques, aux incursions vikings. Les Norvégiens se rendent ainsi coupables de la mise à sac de Nantes en 853. Erispoë dispose cependant d’un net avantage contre l’envahisseur, l’alliance passée par son défunt père avec les Danois. Les armées bretonnes et danoises fondent alors sur les Norvégiens, forcés de se replier sur l’île de Bièce au niveau de la Loire et finissent par capituler après un court siège.

Le problème des raids vikings ayant été temporairement réglé, le « rex Britanniae » peut désormais s’employer pleinement à éloigner la menace franque à l’est. Erispoë envisage ainsi d’unir sa famille à celle de Charles le chauve en mariant sa fille avec Louis, héritier du royaume franc. Bien que les fiançailles aient eu lieu, le mariage ne se fait cependant jamais et les tensions entre Francs et Bretons ne connaissent pas de dénouement amiable.

Le règne du premier roi breton s’achève dramatiquement dans les premières semaines du mois de novembre 857 par son assassinat sur l’autel même de l’église de Talensac, lieu d’asile, par son propre cousin Salaün, qui en profite pour usurper son trône. Cet acte suspend la domination de la maison de Vannes sur la Bretagne et ouvre la voie à la maison de Poher dont est issu Salaün.

Gwenn Mamazeg

Photo d’illustration : Erispoé (mort en 857), roi de Bretagne (Herispogius – Hervspogius – Respogius) reçoit les ornements du royaume des mains de Charles II le Chauve (823-877), 851. Gravure de Jean Michel Moreau, dit Moreau le Jeune (1741- 1814)

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2 réponses à “Figures de l’histoire de la Bretagne. Erispoë”

  1. Rod Askelleg dit :

    Je cite: « nous vous proposons de découvrir la vie d’un autre personnage majeur de l’histoire de Bretagne, Robert Surcouf. / Erispoë voit le jour aux alentours de l’an 820… »

    Il faudrait préciser si en fin de compte, il s’appelait Robert Surcouf, ou Robert Erispoë !

    Autre citation: « Erispoë envisage ainsi d’unir sa famille à celle de Charles le chauve en mariant sa fille avec Louis, héritier du royaume franc. Bien que les fiançailles aient eu lieu, le mariage ne se fait cependant jamais »

    L’assassinat d’Erispoë aura au moins permis d’éviter ce mariage. C’est étonnant de les voir se faire la guerre et accorder en même temps la main de leur fille à leurs ennemis.

    Dans toutes ces guerres entre Francs et Bretons, la question centrale est de savoir ce qui a permis aux Bretons, malgré leur infériorité numérique, de résister aux Francs.

    À mon avis, c’est une question de nationalisme et d’homogénéité ethnique. Les Bretons étaient dirigés par des Bretons qui défendaient leur pays et leur existence collective. En Bretagne, les paysans et les soldats étaient tous bretons. Tandis qu’en France, les paysans étaient gallo-romains et leurs élites guerrières étaient des parasites francs, c’est à dire germaniques.

    Les Bretons sont arrivés en Armorique quand l’Empire Romain tenait encore debout. Ils ont réorganisé l’Armorique, et je suppose que ce sont eux qui ont réussi à tenir tête aux envahisseurs germains quand l’Empire Romain s’est effacé.

    Extrait de l’article « histoire de France », de wikipedia: « Des réfugiés Bretons venus de Bretagne chassé par les Angles et les Saxons (l’actuelle Angleterre) s’installent en Armorique, qu’ils rendent partiellement indépendante. [Pendant ce temps, dans le reste de la Gaule,] les élites gallo-romaines encore présentes dans les villes en assurent la direction locale, et fournissent de nombreux évêques, protecteurs de leur communauté face aux malheurs de l’époque, interlocuteurs du pouvoir militaire des rois germaniques qui se partagent la Gaule et derniers représentants de la culture romaine. »

    À l’époque de l’Empire Romain, les Romains commandaient et les Gaulois écrasaient. Quand l’Empire Romain s’est effacé, il n’y avait même plus de langue gauloise, et il n’y avait pas non plus de dirigeants gaulois. La population était sans doute moins nombreuse qu’à l’époque de Vercingétorix. Ce sont les envahisseurs germaniques qui ont succédé aux dirigeants romains en s’imposant par la force. Ils parlaient évidemment allemand, et c’étaient des guerriers, pas des agriculteurs. C’est à dire que pour assurer leur subsistance, ils faisaient travailler la population gallo-romaine, qui parlait latin.

    Charles le Chauve, battu successivement par les Bretons Nominoë et Erispoë, était l’un des petits fils de Charlemagne. Ce dernier était connu pour avoir conquis un gros morceau de territoire, avoir massacré des milliers de Saxons, et s’être fait couronner « empereur », avant que son fils Louis le Pieux partage le territoire entre les trois petits-fils :
    – la France à Charles le Chauve
    – l’Allemagne à Louis le Germanique
    – et le territoire du milieu à Lothaire.

    Leur idéal était donc de conquérir des territoires qui seraient ensuite distribués à leurs descendants, lesquels commenceraient ensuite à se faire la guerre entre eux pour agrandir leurs prés carrés. Belle mentalité !

    En Bretagne, c’était différent. Les dirigeants bretons parlaient la même langue que le peuple et ils défendaient le territoire breton. Quand les armées franques et bretonnes se sont affrontées, je suis sûr qu’il y avait moins de mercenaires du côté breton.

    • ALREN dit :

      La Résistance bretonne aux envahisseurs Francs est une énigme mais je veux bien vous suivre dans les grandes lignes. En fait, tout,est énigmatique dans la fondation de la Bretagne depuis le déclin de l’empire romain jusqu’aux multiples conflits avec les Francs mérovingiens, carolingiens. Quand on observe une carte de l’Europe du 9ème siècle, on voit toute cette immense étendue conquise par les carolingiens à l’exception d’une péninsule tout au bout et c’est la Bretagne quasi seule à avoir résisté à la puissance considérable de l’Empire.. Paradoxalement ce sont les vikings qui auront été la cause de la fin du Royaume breton sous Alan Meur mort en 907) après Nominoë, Erispoë, Salomon. La Bretagne deviendra par la suite un Duché (Gourmaëlon) puis Alan II etc … Évidemment cette Histoire glorieuse n’est pas enseignée dans les livres scolaire de la République

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