Jusqu’en 1939, l’U.R.S.S. est un pays fermé, une citadelle assiégée qui ne s’ouvre qu’à ses admirateurs. A eux, à leur retour, de vanter la construction du premier État socialiste.
Seulement voilà, si les thuriféraires ne manquent pas et souvent des plus prestigieux, d’autres ne se satisfont pas des réalisations à la Potemkine. Ils veulent voir ce qui se passe derrière les kolkhozes modèles, les usines de tracteurs, les barrages géants, les gratte-ciel et le métro de Moscou et là le rêve est brisé.
A qui se fier ! Sûrement pas à André Gide, au faîte de sa réputation, qui admire l’U.R.S.S. sans la connaître. Staline lui a demandé de prononcer l’éloge funèbre de Maxime Gorki. Le 20 juin 1936, sur la Place Rouge, devant le mausolée de Lénine.
Gide visite ensuite le pays et en tire une courte plaquette : Retour de l’U.R.S.S, près de 150 000 exemplaires vendus et un coup de Jarnac : « Je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fut-ce dans l’Allemagne d’Hitler, l’esprit soit moins libre, plus craintif, plus vassalisé. »
Il rejoint donc Louis-Ferdinand Céline, lui aussi invité, choyé lors de son séjour. Mais on ne la fait pas au docteur Destouches. Les 24 pages de son « Mea culpa » font mal : « Et les hôpitaux ? Le beau du Kremlin à part et les salles pour l’ »Intourisme », les autres sont franchement sordides… J’étais médecin chez Ford, je sais ce que je raconte. Tous les Ford se ressemblent, soviétiques ou non. »
Un autre déçu, Roland Dorgelès (Les Croix de bois, 1919) qui a vu vivre les ouvriers du métro de Moscou : « Bicoques sordides, logis de zoniers, empuantis de vidange et grouillant de punaises où sont encaquées des familles entières. »
Dans l’édition critique de ces retours d’U.R.S.S. (Au pays des Soviets, 1979), Fred Kupferman avait retrouvé des touristes moins prestigieux mais encore plus crédibles, tels le mineur Kléber Legeay, l’ouvrier Yvon, l’aviateur Fleury. Le premier avait démonté le mythe de Stakhanov. Fleury avait quitté les beaux quartiers pour entrer dans les maisons des travailleurs : « Une puanteur indicible me prend à la gorge… Une ampoule éclaire la pièce d’une lumière jaune et avare. Je compte trois lits de fer placés côte à côte et quatre paillasses posées sur un treillis. Il y a donc sept habitants dans ce réduit… Au mur le portrait de Lénine. A part les paillasses éventrées et quelques couvertures sales, il n’y a rien ici. »
« les poux, les punaises, les cafards et les souris pullulent »
Yvon, communiste des premiers jours, a vécu dix ans en U.R.S.S. Il connaît le quotidien du peuple : « Il n’y a pas de lits pour tous les membres de la famille : des vêtements d’hiver étendus sur le plancher forment le lit… Avec des logements où le linge et la vaisselle s’entassent dans les coins, les poux, les punaises, les cafards et les souris pullulent. »
De ces punaises soviétiques, serions-nous les héritiers ? Depuis des semaines, les médias ont fait des punaises de lit une cause nationale, avant les J.O. Mais, au fait, d’où viennent ces punaises ? Qui oserait imaginer que cette invasion de punaises pourrait se nourrir des flux migratoires ? Qu’elles débarqueraient avec cette « armée de réserve » si bien étudiée par Karl Marx ? Qui oserait avancer que le libéralisme débridé, mondialisé, gaverait ces parasites ?
Jean Heurtin
Crédit photo : Wikimedia (cc)
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5 réponses à “Les punaises soviétiques, le retour”
La France va mal, aujourd’hui les punaises, demain les morpions et les poux !!!! Mais bon, avec les clampins au pouvoir, elle ne pouvait que finir ainsi, totalement rongées !!!
Je vois ainsi ce qui nous attend !
Владимир Буковский, Le célèbre dissident soviétique disait au moment de la création du parle-ment européïste, « je connais votre avenir, c’est de là d’où je viens »…
A son époque LOUIS XIV se plaignait déjà des punaises de lit.
après les punaises soviétiques voilà les punaises …. russes à Paris! quels salopiauds ces russes