Francesco Giubilei est un écrivain, journaliste et éditeur italien qui préside le laboratoire d’idées (think tank) Nazione Futura. Lionel Baland l’a rencontré et interrogé pour Breizh-info.
Breizh-info : Pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre organisation ?
Francesco Giubilei : Je suis le président de Nazione Futura, un laboratoire d’idées conservateur dont le siège se trouve à Rome. Nous réalisons en Italie le travail conservateur que d’autres organismes font dans d’autres pays d’Europe et nous coopérons aussi avec des responsables politiques de cette tendance.
Breizh-info : Êtes-vous liés à des partis politiques ?
Francesco Giubilei : Non, notre organisation est indépendante. Bien sûr, nous sommes attachés à l’aire politique de centre droit et nous collaborons avec les partis de cette tendance, Fratelli d’Italia, Lega et Forza Italia, mais nous ne sommes pas affiliés à ces organismes politiques.
Breizh-info : Quel est le but de votre organisation ?
Francesco Giubilei : Notre objectif est de tenter de promouvoir un agenda conservateur, ainsi que des idées et des valeurs conservatrices en Italie et en Europe, car nous sommes actifs aussi à l’étranger. Nous organisons des conférences en Europe et développons des partenariats avec d’autres laboratoires d’idées et nous avons pour objectif de modifier, dans certains domaines, la politique conduite par l’Union Européenne.
Breizh-info : Le gouvernement de centre droit en place en Italie comprend, entre autres, les partis Frères d’Italie de Giorgia Meloni et la Ligue de Matteo Salvini. Dans les sondages, ces deux partis sont ensemble à près de 40 %. Mais la question de l’immigration illégale n’est pas résolue. Bien sûr, le gouvernement est actif. Le Premier ministre, Giorgia Meloni, se rend à l’étranger et est fortement impliqué dans les tentatives d’agir dans ce domaine, mais les migrants illégaux arrivent toujours. Que pensez-vous de cette situation ?
Francesco Giubilei : Oui, nous faisons face à un grave problème, que nous connaissons depuis des années. Actuellement, le nombre de traversées de la mer Méditerranée est plus élevé et le gouvernement rencontre des problèmes malgré sa volonté de trouver une solution dans ce domaine. L’ainsi dénommée « redistribution » des migrants au sein de l’Union Européenne ne m’apparaît pas être une solution. Une personne entre illégalement en Italie, en Grèce ou en Espagne, puis se retrouve légalement en Pologne, en Suède ou dans un autre pays de l’Union Européenne. La solution est d’empêcher le départ des migrants d’Afrique du Nord. Nous devons tenter de développer notre collaboration avec les pays de ces régions. Le gouvernement essaye de trouver une solution et cela n’est pas facile. Il y travaille. Il doit être plus rapide, sinon des problèmes avec l’électorat se développeront, car, évidement, les électeurs qui ont choisi le centre droit désirent voir émerger une solution en matière d’immigration illégale.
Breizh-info : Que pensez-vous des actions du gouvernement dans le domaine de la famille ?
Francesco Giubilei : Le gouvernement a débuté une bonne politique en matière familiale. Il a accordé plus de temps de congé de maternité aux mères afin qu’elles puissent rester à la maison après l’accouchement, avant de retourner au travail. Les parents reçoivent désormais plus d’argent, mais, bien entendu, cela n’est pas suffisant. Il est important de faire plus, car, partout au sein de l’Union Européenne, le problème démographique est une question importante. En France, moins qu’en Italie, mais dans notre pays, la dénatalité est un sujet crucial.
Breizh-info : Silvio Berlusconi est mort. Pensez-vous que son parti lui survivra ?
Francesco Giubilei : Il s’agit de la question à un million de dollars (rire) et y répondre est très difficile, car cela dépend de ce que Forza Italia pourra faire. Nous devons voir les résultats obtenus par ce parti lors des élections européennes de juin 2024 afin de savoir s’il continuera à jouer un rôle au sein du monde politique après la disparition de Silvio Berlusconi.
Breizh-info : Pensez-vous que, à l’issue des élections européennes de 2024, Forza Italia siégera au sein du groupe Parti populaire européen (PPE), la Ligue dans ID (Identité et démocratie) et Frères d’Italie à l’ECR (Conservateurs et réformistes européens) ?
Francesco Giubilei : Oui.
Breizh-info : Une coalition entre le PPE, ID, l’ECR et peut-être un nouveau groupe est-elle possible à l’issue des élections européennes de 2024 ?
Francesco Giubilei : Ce n’est pas facile, mais ce qui est important est de changer la majorité au sein de l’Union Européenne. L’actuelle, constituée du PPE et de la gauche, conduit une mauvaise politique qui va à l’encontre du sens commun et du comportement des gens normaux. Je pense qu’il est crucial de trouver un accord politique entre les groupes de centre droit.
Breizh-info : Quelles sont les actions entreprises par votre laboratoire d’idées, Nazione Futura, afin de lutter contre l’agenda woke ?
Francesco Giubilei : Nous réalisons de nombreux évènements, initiatives et travaux éditoriaux et nous lançons des campagnes contre la culture woke et en faveur de la liberté d’expression. Bien sûr, la Constitution italienne affirme défendre cette valeur, mais nous voyons que, à de nombreuses occasions au cours des deux à trois dernières années, cette liberté ancrée dans notre loi fondamentale n’a pas été respectée. Des personnes qui émettent des propos qui ne sont pas politiquement corrects rencontrent des problèmes, par exemple professionnels, ou sont attaquées par des médias. La liberté d’expression est cruciale pour la démocratie.
Breizh-info : Êtes-vous actifs dans toute l’Italie ?
Francesco Giubilei : Oui, notre quartier général est à Rome, mais nous sommes présents au sein de 70 endroits du pays, par exemple à Turin, en Vénétie, à Milan, à Bari, … Nous disposons de groupements dans les plus grandes villes et nous y organisons des événements locaux.
Breizh-info : Êtes-vous liés à d’autres partis que Frères d’Italie, la Ligue et Forza Italia, comme à celui que Gianni Alemanno tente de mettre en place ?
Francesco Giubilei : Non. Bien sûr, je le connais, mais nous sommes liés aux partis du centre droit. Gianni Alemanno appartient à une autre sphère politique.
Breizh-info : Invitez-vous des responsables politiques de Frères d’Italie ou de la Ligue ?
Francesco Giubilei : Oui, souvent. Nous avons organisé des événements avec Giorgia Meloni, avec le président de la Chambre des députés Lorenzo Fontana (Ligue) et avec d’autres élus de Frères d’Italie et de la Ligue. Nous sommes actifs aux côtés de personnes du domaine culturel, mais aussi politique.
Breizh-info : Disposez-vous d’une maison d’édition ?
Francesco Giubilei : Oui, nous publions de nombreux auteurs conservateurs, parmi lesquels figurent le Français Alain de Benoist, le Britannique Roger Scruton, l’Irlandais Edmond Burke, l’Américain Russell Kirk et de nombreux autres.
Breizh-info : Et l’écrivain Diego Fusaro ?
Francesco Giubilei : Je le connais. Nous avons réalisé des choses ensemble. Il appartient à une autre famille politique. Il n’est pas conservateur, alors que nous le sommes. Il a des perspectives culturelles différentes des nôtres.
Breizh-info : Et le politologue de la Nouvelle Droite Marco Tarchi ?
Francesco Giubilei : Nous le connaissons, mais il ne se définit pas lui-même en tant que conservateur.
Breizh-info : Outre votre site Internet, disposez-vous de médias ?
Francesco Giubilei : Nous avons un magazine, Nazione Futura, disponible en version papier.
Breizh-info : Êtes-vous actifs au niveau européen ?
Francesco Giubilei : Oui. Nous sommes invités à prendre part à des conférences. Nous sommes membres d’un groupe de laboratoires d’idées. Je me suis rendu à Paris à l’invitation du Mouvement conservateur.
Breizh-info : Que pensez-vous des différences entre l’Est et l’Ouest de l’Europe ?
Francesco Giubilei : Ce qui se déroule en Hongrie et en Pologne est intéressant. Bien sûr, parfois cela est différent de ce qui se passe en France, en Italie ou dans d’autres pays d’Europe. Des choses qui ont lieu là-bas peuvent être observées et certaines de celles-ci appliquées chez nous.
Breizh-info : La gauche italienne est en mauvais état. Comment expliquez-vous cette situation ?
Francesco Giubilei : La gauche italienne est, en ce moment, divisée en plusieurs partis et plusieurs groupes. Pour eux, la situation est difficile. Les gens de cette tendance perdent la vision originelle de la gauche et deviennent de gauche libérale et sont liés à l’agenda de défense des droits des minorités et à d’autres sujets, ce qui a pour conséquence que la gauche actuelle reçoit moins de soutien de ses anciens électeurs qui ne se reconnaissent pas dans la politique de la dirigeante actuelle du Parti démocrate Elly Schein, ni dans celle de la gauche italienne en général.
Breizh-info : Le Mouvements 5 étoiles (M5S) a gouverné avec la Ligue, de juin 2018 à septembre 2019. Comment percevez-vous cette expérience politique ?
Francesco Giubilei : Le M5S a débuté en tant que parti post-idéologique et devient une formation politique, certes populiste, mais de gauche, comme Podemos en Espagne. Au départ, des personnes de droite ont aussi voté pour le M5S. Désormais, ce dernier tient un discours qui est proche de celui de Jean-Luc Mélenchon en France. Il désire une forte intervention de l’État dans l’économie et est proche, dans certains cas, du socialisme, parfois plus que le Parti démocrate.
Breizh-info : Sur certains points, Frères d’Italie désire aussi conduire une politique sociale ?
Francesco Giubilei : Fratellini d’Italia est divisé sur cette question. Une tendance veut, en matière économique, une politique libérale classique et une autre est en faveur d’une politique sociale. En conséquence, un débat a lieu, au sein de cette formation politique, à ce propos.
Breizh-info : Comme la taxe mise en place par la dirigeante du parti et Premier ministre Giorgi Meloni ?
Francesco Giubilei : Je ne suis pas d’accord avec l’introduction de cette taxe, car, dans les faits, l’État ne sera pas en mesure de collecter l’argent lié à cette mesure. La situation a été plus ou moins semblable dans le secteur de l’énergie, qui a vu des entreprises concernées aller en justice et obtenir de ne pas devoir payer les taxes supplémentaires en prétextant une impossibilité de les prélever. L’État ne reçoit pas beaucoup d’argent et le risque est que les banques répercutent l’augmentation sur les clients.
De plus, dans tous les cas, je suis opposé à l’augmentation des taxes, particulièrement dans notre pays car nous en avons assez. Le gouvernement doit les diminuer. Je comprends bien que ces taxes ne visent pas les citoyens ordinaires, mais ces derniers peuvent être touchés indirectement par ces augmentations.
Breizh-info : Pensez-vous que le Premier ministre Giorgi Meloni soit en mesure de réaliser son programme à l’intérieur de l’Union Européenne et alors que la dette de l’Italie est énorme ?
Francesco Giubilei : La question est de savoir si un pays qui a une dette si élevée aux mains d’investisseurs étrangers ou de banques étrangères est encore un État souverain ? Mon opinion est partagée entre le « Oui » et le « Non ». Nous avons vu ce qui s’est produit en 2011 avec le gouvernement de Silvio Berlusconi. Ce dernier était opposé à l’invasion de la Libye et je suis entièrement d’accord avec lui. Cela a été une grave erreur de Nicolas Sarkozy et de Barack Obama. Après cela, le gouvernement italien est tombé à cause d’une crise résultant du fait que des banques étrangères et des États étrangers ont commencé à vendre la dette italienne.
Breizh-info : Une action afin de contrer l’immigration de masse que connaît l’Italie est-elle possible au sein de l’Union Européenne ?
Francesco Giubilei : Je ne sais pas si cela est possible d’une manière importante, mais tout doit être absolument entrepris en ce sens.
Propos recueillis par Lionel Baland
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4 réponses à “Francesco Giubilei sur l’immigration : « La solution est d’empêcher le départ des migrants d’Afrique du Nord » [Interview]”
La seule solution est de prévenir que les pays d’Europe ne peuvent plus accueillir, que tout débarquement sera bloqué et renvoyé.
C’est si difficile ???
Voici ci-dessous, ce que j’ai retenu de cet article. Le reste, tout au moins pour moi, c’est du blah, blah, blah : « » La solution est d’empêcher le départ des migrants d’Afrique du Nord. Nous devons tenter de développer notre collaboration avec les pays de ces régions. » »
Mon sentiment :
1) Nous ne sommes pas en mesure d’empêcher le départ des migrants, a moins de couler leur embarcation dès leur départ.
2) Developper toute coopération, avec quelque pays que ce soit, c’est faire preuve de faiblesse. Cela ne marchera jamais, sinon le temps de verser du pognon en sous-main à quelques dirigeants qui s’en foutent éperdument du problème.
3) Donc en résumé, il faut faire agir l’armée. En effet, il s’agit d’une Guerre. En d’autres mots, d’une confrontation internationale avec la sauvegarde de la Race Blanche, de l’Europe en particulier, du monde civilisé en général.
Nos gauchistes français ont »aidé » les musulmans à acquérir »l’indépendance » de »leur » pays et…maintenant, ils attirent les terroristes musulmans, chez nous, parce que les musulmans ont »le droit de vote » en France! En 1958,Jean-Paul Sartre et des étudiants gauchistes défilaient dans le Quartier Latin, à Paris, en criant : »L’Algérie aux Algériens » mais ces mêmes gauchistes nous traitent de »racistes » si, à notre tour, nous disons »La France aux Français »…Les musulmans ont chassé TOUS les non-musulmans de leur pays natal en leur disant: »La valise ou le cercueil »!…le F.L.N. a »nationalisé » les biens des non-musulmans mais les membres du F.L.N. achètent, actuellement, des propriétés, en France, avec l’argent de la corruption!…
la solution est de les empêcher de partir.
j’aurai appris qq chose aujourd’hui