Tous les anciens dirigeants syndicaux arrivent à se recaser : Nicole Notat, Thierry Le Paon, Jean-Claude Mailly y sont parvenus facilement. C’est au tour de Laurent Berger de dénicher un emploi peinard.
Avant de quitter le secrétariat national de la CFDT et de dire adieux à ses camarades de Loire-Atlantique à La Chapelle-sur-Erdre, Laurent Berger prétendait : « J’ai le sentiment d’avoir fait le job » (Ouest-France, Pays-de-la-Loire, mercredi 31 mai 2023). Tout aussi catégorique, il affirmait : « Non, je ne serai pas candidat en 2027. Je ne m’engagerai pas en politique » (Ouest-France, jeudi 20 avril 2023). Reste à trouver un nouvel emploi : « J’ai déjà refusé des trucs qu’on me proposait où ça aurait demandé une forme d’autorisation pour faire ce que je veux. Et je ne veux surtout pas que ceux qui gouvernent disent qu’on a aidé Berger à se reclasser. Je suis indépendant et je compte bien le rester » (Presse Océan, samedi 3 juin 2023) Mais quand on est patron d’une confédération syndicale, on n’est pas dépourvu de relations ; on possède un bon carnet d’adresses. Berger n’est donc pas resté longtemps au chômage. Le 12 septembre, on apprend donc qu’il prend la direction de l’institut du Crédit mutuel Alliance fédérale pour la protection des écosystèmes et la lutte contre le changement climatique. Les sociétaires auraient certainement préféré qu’il soit chargé de défendre leurs intérêts – par exemple le taux des emprunts – auprès de la direction du groupe ; nous aurions vu là un vrai travail de syndicaliste. Notons que le Crédit mutuel de Bretagne n’appartient pas au Crédit mutuel Alliance fédérale mais au groupe Arkea, alors que la fédération de Loire-Atlantique du Crédit mutuel appartient elle au Crédit mutuel Alliance fédérale.
Laurent Berger dispose désormais de davantage de temps pour randonner sur le sentier des douaniers en Bretagne (GR 34). Il aura également l’occasion de revenir chez lui, à Saint-Nazaire, « sur ce territoire où les gens savent se parler » (Ouest-France, Loire-Atlantique, jeudi 9 mars 2023). « J’ai gardé plein de copains ici, raconte l’ancien permanent de l’union locale CFDT de Saint-Nazaire (1996 à 2002). Avec ceux de l’union locale de Saint-Nazaire, on a un groupe WhatsApp qui s’appelle « soirée grillades ». Même si je reste à Paris, j’aurai plus de temps pour venir les voir » (Presse Océan, vendredi 2 juin 2023). Voilà qui ne devrait pas plaire à Sandrine Rousseau…
Il était évidemment difficile d’empêcher le gouvernement de faire passer la réforme des retraites. Rappelons qu’à l’Assemblée nationale, le projet de loi a été adopté avec le concours du groupe LFI qui a empêché qu’un débat de fond puisse s’engager et que soit étudié le fameux article 7. A propos de cette obstruction des mélenchonistes, Berger eut ce raccourci sévère : « Une connerie » (Le Canard enchaîné, 15 février 2023). « Je crois malheureusement que le président de la République s’est essuyé les pieds sur les travailleurs et les travailleuses. Et c’est ce qui me préoccupe le plus », affirme Laurent Berger qui constate une « forme d’insensibilité aux inégalités et aux injustices sociales » (Le Monde, jeudi 20 avril 2023) Certes, mais Emmanuel Macron a raison de souligner que « si les gens voulaient la retraite à 60 ans, ce n’était pas moi qu’il fallait élire » (Libération, vendredi 7 avril 2023). Il n’y a jamais eu tromperie de la part de Macron puisque dans son programme présidentiel figurait bien le passage de la retraite à 64 ans ; il suffisait de lire…
Le syndicaliste au secours du banquier d’affaires
Dans son ouvrage « Du mépris à la colère » – Essai sur la France au travail » (Seuil), Laurent Berger tente de justifier son soutien à Macron lors de la présidentielle de 2022. « On connaît les conditions de la victoire d’Emmanuel Macron. Au deuxième tour, la CFDT a pris ses responsabilités et affirmé une opposition totale à Marine Le Pen. Nous n’étions pas les seuls : j’ai alors – entre autres initiatives et appels – publié une tribune avec Philippe Martinez pour dire que Mme Le Pen était un danger, pour les travailleurs, pour les droits sociaux, pour les droits syndicaux. » (« Marine Le Pen est un danger pour les travailleurs », Le Journal du dimanche, 16 avril 2022). Dans ces conditions, Berger apparaissait très mal placé pour critiquer ensuite le projet de Macron puisqu’il avait œuvré à sa réélection. Même s’il se flatte de ne pas faire de politique, Berger a tout de même une obsession : le Rassemblement national. Chaque rencontre avec les journalistes est l’occasion de clamer que « c’est maintenant qu’il faut mener le combat contre le RN », pour éviter « une catastrophe démocratique en 2027 » (« Questions politiques », France inter, dimanche 18 juin 2023) Devenu cadre sup au Crédit mutuel, Berger pourra-t-il mener efficacement ce « combat » ? Il n’est pas certain que les sociétaires le suivent. La même observation s’applique aux électeurs appartenant aux catégories populaires (ouvriers et employés).
Bernard Morvan
Crédit photo : Wikimedia (domaine public)
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14 réponses à “Laurent Berger a trouvé un bon job au Crédit mutuel”
Depuis sa « brillante » définition des gilets jaunes (les historiques, pas les infiltrés LFI), qualifiés de fachos et de fachés, je voue une rancoeur tenace pour cette sombre pourriture.
Toujours à la pointe de la collaboration la plus visqueuse tout en bombant le torse pour feindre une pseudo virilité et une illusion de combativité, le voilà recyclé.
Décidément le tournant écologique fonctionne, au moins dans le recyclage des déchets !
Il va pouvoir pantoufler dans un comité Théodule dont la France à le secret.
« Une banque qui appartient à ses clients, ça change tout ! »
Traître et collabo lui vont à merveille .
En France, on est les plus forts pour trouver des strapontins à ceux qui quittent leur fauteuil d’ orchestre ! Pour les Syndicalistes il y a plein de postes même dans le privé et pour les politiques non élus comme députés on les retrouve au Sénat, les anciens Présidents au Conseil Constitutionnel, on a aussi des postes à l’UNESCO, des Préfets hors classe et tout un tas d’organismes dont vous ne soupçonnez pas le nombre qui a beaucoup augmenté sous la gauche pour » caser » les copains ( voir le livre de Nicolas Lecaussin : Cet Etat qui tue la France ). On peut comprendre qu’il est très dur de résister aux sirènes de la gloire, des privilèges et de l’argent….
CFDT? un syndicat qui a fait scission de la CFTC dans les années 60, un syndicat chrétien devenu « laique », c’est-à-dire partisan de la laïcité, un syndicat animé par de cathos de gauche. Allez comprendre.
Berger se félicite de « ne pas faire de politique » sauf quand il stigmatise le RN (la peste selon lui) contre LREM (le choléra constaté par les autres, mais pas par lui). Donc, le « syndicaliste » recasé par le pouvoir au Crédit Mutuel, grand financeur de la campagne à Macron et par ailleurs détenteur du groupe EBRA, conglomérat de presse contrôlant tous les titres du Grand Est, voire plus, il n’y a rien que de plus logique. Bonne retraite dorée, Mr Berger et, SVP, fermez-là définitivement vous nous ferez des vacances ; vous ne laisserez pas un souvenir impérissable de syndicaliste, mais nous penserons encore longtemps à vous comme carpette du pouvoir.
Que dire sur un tel personnage ?
Les mots écoeurement , honte , magouille viennent tout de suite a la bouche !
Et si finalement le plus injurieux était « récompense » , récompense pour avoir trahi et trompé ses adhérents et les bénévoles du syndicat dont j ai fait parti !
Les deniers de Judas sont toujours d actualité !
Ne pas aimer ce n’est pas insulter …je vois que le déchet n’est pas toujours du côté que l’on pense …..🤮🤮🤮🤮
C’est la même choses pour tous les syndicalistes puisque les syndicats sont subventionnés par l’état pour faire semblant de défendre ceux qui en ont besoin. Le parquet financier ne songe pas à contrôler leur gestion financière, étonnant non ?
Exact, d’ailleurs quel syndicat à part la CFTC sans doute a les mains propres, puisque tous vivent avec l’argent que l’état leur donne, un racket fiscal supplémentaire que ces spécialistes de la contestation se gardent bien de contester. S’étonner que ce monsieur ait une si bonne place. Monsieur chez les FM on se serre les coudes et on garde les bonnes places pour les copains et les coquins. La valetaille n’a que bien se tenir, la plèbe c’est bon pour travailler et payer
Il existe une constante chez les fainéants, ils trouvent toujours un siège pour s’assoir. Quand de surcroit le spécimen a usé sa langue dans le postérieur des patrons et autres affiliés du pouvoir, c’est encore plus facile. La direction de l’institut du Crédit mutuel Alliance fédérale pour la protection des écosystèmes et la lutte contre le changement climatique va lui aller comme un gant. Mais qui pourra nous protéger à nous de ce parasite ?
les gamelles sont bonnes! après avoir fait voter et élire macron ils ne sont pas impactés par la crise
Tous les « gauchos » de service se font un plaisir de cracher sur Laurent Berger. C’est leur truc habituel,je les ai croisé dans ma vie de militant, ce sont des mauvais délégués. Ils ne rendent pas service aux salariés .Ne veulent jamais conclure un accord pour terminer un conflit.
Laurent Berger se recase dans une fonction où il sera utile grâce à ses compétences acquises à la CFDT.
Bon vent Laurent.
Un syndicaliste qui va à la (bonne) soupe, c’est d’un banal !