La presse a beaucoup glosé sur le faste déployé sous les ors de Versailles, inutile donc de remettre le couvert sur l’à-propos de ce dîner, ordonnancé par les services de notre munificent président de la République.
Les commentaires sont allés aussi bon train au sujet des choix des vins, avec un étonnement qui confinait à l’indignation pour certains, quant aux prix des coûteux flacons. Passons sur la tonalité rigoureusement académique et dispendieuse de la sélection. Après tout, les décisions de servir tel ou tel vin, étaient en partie commandées par l’histoire commune entre nos deux nations. Aussi, l’option personnelle voire déférente, de retenir le Mouton Rothschild 2004 s’imposait de par la contribution du prestigieux invité à l’élaboration de son étiquette. Depuis 1945, le 1er grand cru classé confie le soin à un artiste de concevoir une étiquette pour chaque millésime. Or en 2004, c’est l’ancien Prince de Galles qui s’adonne à cet exercice, et il eût été sans doute malséant de ne pas lui restituer ce petit clin d’œil de l’histoire…
Mais ce qui retient davantage l’attention et n’a somme toute, susciter qu’un intérêt périphérique, réside dans le service judicieux d’une cuvée d’exception, si représentative de la dévotion de la « perfide Albion » pour notre champagne.
Plus de 10 ans de vieillissement sur lattes
La cuvée Winston Churchill représente la quintessence du style Pol Roger, une maison haute couture dont les champagnes sont très prisés sur le marché britannique. Comme toutes les grandes cuvées, sa petite production est réservée aux millésimes offrant les meilleures conditions pour son élaboration. La première cuvée née en 1975, scelle les liens très forts noués entre le « vieux lion » et la petite maison familiale d’Epernay. D’ailleurs, à sa mort en 1965, toutes les bouteilles de champagne vont arborer un liseré noir en son hommage.
La grande cuvée Winston Churchill issue d’un seul millésime, n’intègre pas de vins de réserve, comme il est d’usage dans l’élaboration du brut sans année (champagne de grands volumes qui incarne le style de la maison). Ce champagne de prestige qui tire parti d’un vieillissement sur lattes de plus de 10 ans, se démarque par une vinosité exceptionnelle conjuguée à un caractère corsé plutôt hors norme, en lien avec la haute maturité des raisins qu’il incorpore. Autrement dit, nous sommes en présence d’un redoutable champagne de gastronomie ayant tout intérêt à être servi tout le long d’un repas pour véritablement en profiter. À Versailles ce soir-là, il entamait le bal des grands vins au travers d’un toast porté en l’honneur de la venue de Charles III.
Des flûtes en cristal de Baccarat pour déguster un champagne de cet acabit ?
Mais plus gênant encore pour les puristes des champagnes, le choix d’une verrerie en cristal de Baccarat à la ligne quelque peu désuète et à l’ornementation chargée, là ou précisément ce type de champagne appelle l’épure et le renflement du calice d’un verre.
Car oui la vinosité de la cuvée Winston Churchill 2013 requiert qu’on la traite comme un vin à part entière.
C’est que le rite de la dégustation d’un champagne a bien changé. Il s’est passablement modernisé et la flûte qui exacerbe un peu trop l’expression carbonique du champagne, n’est plus aussi plébiscitée, dépassée par des verres ad hoc, conçus souvent à la demande des grandes maisons champenoises*.
L’étiquette versaillaise et le souci de mettre en représentation un joyaux français des arts de la table, ont eu la préséance sur les nouvelles règles de service d’un grand champagne. D’autant plus dommage, que le plaisir d’un tel vin est susceptible d’être amputé de 50 à 60 % de son complet raffinement, lorsqu’il n’est pas reçu dans le verre idoine. C’était sûrement le cas, ce soir-là à Versailles…
Raphno
Étant entendu que la cristallerie de Baccarat développe aussi des lignes de flûtes pour certaines maison (Flûtes Dom Pérignon par exemple)
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13 réponses à “Dîner de Versailles, la cuvée Winston Churchill comme une évidence non exempte d’une petite faute de goût…”
quoi d’étonnant, macron n’est qu’un parvenu de bas étage, tout comme ses invités, voir la tenue de la fille gainsbourg habillee comme une escort girl
Et, plutôt que le petit millésime 2013, on aurait pu envisager un grand millésime comme 2008 ou 2012.
Surtout en magnum.
Le choix de la verrerie n’était peut-être pas oenologiquement idéal, mais combien y avait-il d’oenologues parmi les convives ? L’objectif n’était pas de leur faire déguster le meilleur champagne possible mais de coller au mieux aux circonstances, et cela paraît légitime quand l’objectif final est diplomatique. Vraisemblablement, un cristal de Baccarat qui en jette était plus important que son contenu, parce que seuls des palais avertis sont capables de distinguer un grand champagne d’un très grand champagne, alors que tous les yeux sont capables de distinguer le scintillement du cristal. Qu’importe l’ivresse pourvu qu’on ait le flacon !
qu’est ce-qu’il faut faire (comme dégueulasseries) pour être invité ????????
Moi, j’en ai rien à cirer des millésimes, des Mouton Rothschild et des calices en baccarat. Ce qui met les boules c’est ce que va payer le contribuable pour amuser les papilles et rincer le gosier de toutes ces sangsues encravatées autour de la table.
La note faramineuse devrait être payée de la poche personnelle de Macron qui pourrait demander aux députés de la majorité une participation aux fastes de cette Monarchie républicaine.
S’en foutre plein la lampe et siphonner du champagne aux frais de la princesse, sans débourser un iota, moi aussi, mesdames et messieurs les invités, j’ai les compétences pour cet exercice, même si je n’ai pas votre porte monnaie.
Bandes d’enfoirés, vous auriez pu faire un don pour ce repas royal, sans grever votre compte en banque au lieu de laisser trinquer le quidam.
» Je m’est bien raigallé » (CH. GAINSBOURG)
En qualité de créateur d’un verre à champagne, je souscris entièrement au commentaire sur le champagne Pol Roger.
Comme c’est curieux, nos guignols républicains n’ont que le mot république à la bouche et pourtant ils passent leur temps à se vautrer dans les palais de la royauté. Vous avez dit c’est curieux comme c’est curieux
Bonjour
Pour info Mouton Rothschild (propriété de feu Philippe de Rothschild) n’a fait partie des « premiers crus classés » qu’à partir de 1971 (une exception faite pour un Rothschild certainement) contrairement à tous les autres crus classés (du 1er au 5 ème) datant de 1885, date de l’exposition universelle sous le règne de Napoléon III… donc ce n’est certainement pas à partir de 1945 que Philippe de Rothschild a demandé à des artistes de créer des oeuvres pour ses étiquettes…
Eh bien si cher monsieur, le baron Philippe de Rothschild confie la réalisation de la première étiquette à Philippe Jullian en 1945. Je n’ai jamais spécifié qu’à cette époque le mouton Rothschild était 1er grand cru classé… il est effectivement promu en 1971 grâce à l’intercession de Pompidou qui avait pantouflé dans la banque de notre baron.
Combien ça coûte cette bombance et beuverie ? Qui paye ?
Si Macron connaissait l’histoire il n’aurait pas rejoué Francois ler et le Drap d’or.
j’aime bien le nombre de reflexion surprenant sur le blog !😂 il faut bien vous dire que macron s’en tape de ce que vous pensez , c’est juste un petit arriviste que le pouvoir a fait disjoncté , remercier plutot les trolls qui ont voter pour lui !